Dans sa mise à jour estivale publiée le 29 juillet 2025, le Fonds monétaire international affiche un certain optimisme quant aux perspectives économiques mondiales. Si le climat géopolitique reste tendu et les tensions commerciales vives, la reprise paraît mieux ancrée qu’au début de l’année.
Croissance mondiale : le FMI entrevoit une embellie

Grâce à des ajustements monétaires progressifs, une détente des prix de l’énergie et une résilience inattendue de certaines économies clés, le FMI relève légèrement ses prévisions de croissance et mise sur un rééquilibrage par grandes régions.
Une croissance mondiale mieux orientée en 2025
Le FMI prévoit désormais une croissance mondiale de 3,0 % en 2025, contre 2,9 % dans ses prévisions d’avril, et 3,1 % en 2026. Une révision des prévisions à la hausse qui s’appuie sur des signaux convergents : regain de confiance des entreprises, baisse graduelle de l’inflation, allègement partiel des conditions financières et relance budgétaire ciblée dans certaines grandes économies. « La résilience de l’économie mondiale reste fragile, sous la menace constante de chocs exogènes », a toutefois rappelé Pierre-Olivier Gourinchas, chef économiste du FMI, lors de la présentation du rapport.
Inflation : reflux global, exception américaine
L’un des moteurs de cet optimisme mesuré est le reflux généralisé de l’inflation. Sous l’effet de la baisse des prix des matières premières et d’une modération des salaires dans plusieurs économies avancées, l’indice des prix à la consommation ralentit presque partout. Toutefois, les États-Unis font exception : la persistance d’une demande robuste entretient une inflation sous-jacente au-dessus des 3 %, obligeant la Réserve fédérale à maintenir une politique monétaire stricte.
Croissance : qui s’en sort le mieux dans le monde ?
États-Unis : croissance solide mais vigilance monétaire
Malgré des taux élevés, la première économie mondiale continue de surprendre. La consommation des ménages reste vigoureuse, soutenue par un marché de l’emploi dynamique. Le FMI anticipe une croissance de 2,1 % en 2025, légèrement supérieure à celle de l’an passé. Toutefois, la Fed prévient que le retour vers l’objectif de 2 % d’inflation prendra davantage de temps que prévu, selon BNP Paribas.
Zone euro : reprise poussive mais stabilisation des prix
L’Europe peine à retrouver un véritable élan, mais la situation se stabilise. Les efforts de la Banque centrale européenne pour maîtriser l’inflation commencent à porter leurs fruits. Le bulletin économique de février 2025 souligne que la baisse des prix de l’énergie et des biens intermédiaires allège la pression sur les ménages et les entreprises. Si la croissance reste modeste – autour de 1,2 % selon les estimations – l’environnement monétaire pourrait devenir plus favorable au second semestre.
Chine : relance en douceur, pilotage prudent
Après une année 2024 marquée par une crise immobilière persistante et une faible demande intérieure, Pékin redresse prudemment la barre. Grâce à une relance ciblée dans les infrastructures et à un soutien accru au crédit, la croissance chinoise devrait atteindre 4,8 % en 2025, selon le FMI. L’objectif de stabilité sociale et financière prévaut toutefois sur une relance spectaculaire : la Chine cherche désormais une croissance plus qualitative que quantitative.
Amérique latine : rebond modéré, dépendance extérieure
Les grandes économies latino-américaines – Brésil, Mexique, Colombie – bénéficient du retour de capitaux et de la hausse des investissements en énergies vertes. Toutefois, leur dépendance aux exportations de matières premières et la volatilité des devises limitent leur autonomie budgétaire. Le FMI salue néanmoins les efforts de consolidation fiscale menés dans la région, en particulier par le Brésil.
Afrique subsaharienne : potentiel intact, contraintes budgétaires
La région demeure l’un des moteurs structurels de la croissance mondiale à moyen terme, avec une population jeune et une urbanisation rapide. Mais à court terme, les défis restent multiples : endettement élevé, coût du service de la dette, infrastructures insuffisantes. La croissance devrait avoisiner 3,5 % en 2025, selon le rapport, avec des disparités importantes entre pays exportateurs de pétrole, économies agricoles et pôles technologiques émergents.
Asie émergente (hors Chine) : résilience et diversification
L’Inde continue de porter l’élan asiatique avec une croissance estimée à 6,4 % en 2025. Les investissements dans les semi-conducteurs, les énergies renouvelables et les infrastructures numériques soutiennent une dynamique structurelle robuste. L’Asie du Sud-Est profite également de la relocalisation partielle des chaînes de valeur industrielles, à la faveur des tensions sino-américaines.
Une trajectoire à surveiller : le protectionnisme latent inquiète le FMI
Malgré ces éclaircies, le FMI avertit : les risques baissiers n’ont pas disparu. Le spectre d’un protectionnisme renforcé, notamment en cas de victoire de candidats nationalistes lors des élections majeures à venir, pourrait perturber les flux commerciaux. L’organisation appelle à préserver la coopération multilatérale et à éviter l’escalade tarifaire.
Sans verser dans l’euphorie, la nouvelle projection du FMI montre que le monde économique s’adapte. Les politiques monétaires parviennent à contenir l’inflation sans briser l’activité. Les efforts de relance ciblée et de diversification des chaînes d’approvisionnement offrent des marges de résilience. La croissance mondiale reste modérée, mais elle est moins précaire qu’en début d’année. Et c’est déjà une victoire.
