Près de 7000 entreprises ont fermé en France en septembre 2025 : le record de 2009 battu

Les défaillances d’entreprises atteignent un pic inédit depuis 2009 : 6.800 sociétés ont cessé leur activité en septembre 2025, selon le cabinet Altares. Si la tendance alarme les observateurs, certains indicateurs laissent pourtant entrevoir une stabilisation à venir.

Anton Kunin
By Anton Kunin Published on 14 octobre 2025 8h00
Près de 7000 entreprises ont fermé en France en septembre 2025 : le record de 2009 battu
@pixabay - © Economie Matin
6.800La France a enregistré 6.800 défaillances d’entreprises au cours du seul mois de septembre 2025.

Une rentrée sous tension pour les entreprises françaises

Le mois de septembre 2025 a marqué une nette dégradation de la santé du tissu entrepreneurial français. D’après les données du cabinet Altares, la France a enregistré 6.800 défaillances d’entreprises au cours du seul mois, un record pour une rentrée depuis la crise financière de 2009. Ce rebond brutal souligne la fragilité persistante des entreprises face à la hausse des coûts, au ralentissement de la demande et au durcissement des conditions de financement. Pourtant, malgré cette flambée, les experts d’Altares et les économistes y voient aussi des signaux positifs pour les prochains mois.

La dynamique observée depuis l’été 2025 confirme une tendance inquiétante. Sur le troisième trimestre 2025, 14.371 dépôts de bilan ont été recensés, soit une hausse de 5,2% sur un an. Et depuis le début de l’année, 50.700 entreprises ont fait l’objet d’une procédure collective, soit 1.600 de plus qu’à la même période de 2024.

Dans le détail, toutes les tailles d’entreprises sont concernées. Les TPE de plus de cinq salariés affichent une progression de 9% des défaillances durant l’été, tandis que les PME de 10 à 19 salariés voient leur taux grimper de 13%. Même les structures plus solides n’échappent pas à la vague : 46 entreprises de plus de 100 salariés ont été placées en redressement ou liquidation, menaçant 10.000 emplois au total. Pour Thierry Millon, directeur des études d’Altares, « le mois de septembre a refroidi les espoirs d’un retournement ».

Le phénomène touche de plein fouet les secteurs de l’industrie manufacturière (+17% sur un an) et des services aux entreprises (+9%). Ces activités, très dépendantes de la conjoncture économique et de l’investissement, sont particulièrement sensibles aux tensions sur les marges et à la baisse des carnets de commandes. Dans le commerce de détail et la restauration, la situation se stabilise à un niveau élevé, sans véritable reprise.

Un pic de défaillances, mais un redressement en hausse

Malgré la sévérité du choc, le panorama n’est pas uniformément négatif. Les redressements judiciaires, indicateurs d’entreprises encore jugées viables, représentent désormais 30% des procédures collectives, contre moins d’un quart en 2021 et 2022. Leur progression de 10,7% sur un an témoigne d’une volonté croissante des tribunaux de préserver les activités économiquement viables. En parallèle, les liquidations judiciaires directes ralentissent : +2,8% seulement sur un an.

Ces signaux, bien que modestes, suggèrent une évolution structurelle. Les dispositifs d’accompagnement post-Covid, le rôle accru des administrateurs judiciaires et le soutien bancaire semblent avoir permis à davantage d’entreprises de se maintenir. « Sans surprise, dans une économie poussive, le plateau durable que nous envisagions en début d’année s’est installé », explique encore Thierry Millon.

Le trimestre précédent montrait déjà des signes d’accalmie : 16.586 défaillances avaient été recensées au deuxième trimestre 2025, soit une hausse limitée à 1,3%. Dans le même temps, le nombre d’emplois menacés (65.000) avait reculé de 6,5%. Les grandes entreprises concentraient encore 18.000 postes fragilisés, mais la tendance à la baisse laissait espérer une stabilisation.

Les signaux positifs d’une possible stabilisation

Malgré les apparences, plusieurs éléments permettent d’espérer un ralentissement de la vague de défaillances d’entreprises d’ici la fin 2025. D’abord, la comparaison historique montre que le niveau actuel, bien qu’élevé, reste inférieur au pic de 2013 (plus de 63.000 procédures sur 12 mois). En outre, la hausse enregistrée depuis 2022 s’explique aussi par la normalisation progressive après les aides d’urgence massives liées à la pandémie.

Les analystes d’Altares soulignent que de nombreuses entreprises fragiles, maintenues artificiellement à flot pendant la crise, sortent désormais du marché. Ce « nettoyage » statistique pourrait annoncer une phase de consolidation plus saine. De plus, les enquêtes de conjoncture de la Banque de France montrent un regain modéré de confiance dans l’industrie et les services depuis septembre.

Les tensions inflationnistes se sont atténuées, et les coûts énergétiques se stabilisent, réduisant la pression sur les marges. Le gouvernement, de son côté, prépare de nouvelles mesures ciblées sur la trésorerie des PME : simplification du crédit interentreprises, reports de charges conditionnels et accompagnement renforcé pour la transmission d’entreprises en difficulté. Ces leviers pourraient limiter la casse.

« L’économie française est plongée dans un épais brouillard », observe Thierry Millon, mais il rappelle aussi que le cycle des dépôts de bilan suit une logique saisonnière : la rentrée concentre traditionnellement un afflux de procédures, avant une détente en fin d’année. Plusieurs signaux, notamment la stabilisation des délais de paiement et la baisse du nombre de liquidations directes, laissent penser que le pire pourrait être derrière nous.

Anton Kunin

Après son Master de journalisme, Anton Kunin a rejoint l'équipe d'ÉconomieMatin, où il écrit sur des sujets liés à la consommation, la banque, l'immobilier, l'e-commerce et les transports.

No comment on «Près de 7000 entreprises ont fermé en France en septembre 2025 : le record de 2009 battu»

Leave a comment

* Required fields