Démographie française : la situation se détériore

La bonne santé de notre pays est, pour une part considérable, liée à sa démographie. Si en France le nombre des décès venait à l’emporter sur celui des naissances, ce déclin démographique signifierait que notre pays se résigne à voir baisser sa vitalité, à compter de moins en moins au sein de l’humanité. En quelque sorte, ce serait une adhésion à la formule « après nous le déluge ».

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Par Alain Paillard et Jacques Bichot Publié le 6 septembre 2023 à 5h00
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1000 EUROSEn 2023, la prime de naissance dépasse les 1.000 euros par enfant.

Il en va hélas déjà ainsi pour l’Union Européenne, qui, depuis 2012, enregistre chaque année plus de décès que de naissances, comme le constate Eurostat. Ce constat montre qu’un sursaut est nécessaire. La France, en particulier, ne doit pas se résigner, elle se doit de réagir face au déclin du don de la vie que ses dirigeants, à l’heure actuelle, acceptent comme si cela n’avait pas d’importance.

En France, le nombre des naissances ne dépasse quasiment plus celui des décès

En 1964, le chef de l’Etat français s’appelait Charles de Gaulle. Au premier semestre de cette année 1964, en France, il y eut 449 022 « heureux événements » et 267 540 décès. L’accroissement naturel, comme disent les démographes, s’élevait donc alors à 181 482. Regardons maintenant les chiffres de l’année 2023. Le nombre de naissances au premier semestre fut 314 400, et il y eut 313 300 décès. Le nombre de naissances dépassa donc de très peu (1 100) celui des décès. Autrement dit, l’accroissement naturel fut quasiment nul. Cela signifie que la population de notre pays n’a augmenté que grâce à un excédent de l’immigration sur l’émigration. C’est ce que certains ont appelé « le grand remplacement ».

Certes, la faiblesse de la natalité n’est pas le seul problème que notre pays doit affronter et surmonter, mais elle signifie moins de poids dans le concert des nations et une sorte de renoncement à contribuer à un avenir meilleur. Si les pays démocratiques sont insuffisamment féconds, l’avenir de nos enfants et petits-enfants dépendra de plus en plus d’êtres humains ayant une conception de l’existence éloignée de celle qui est la nôtre. Pour que la France joue un rôle important face à des pays où la démocratie, la justice, le respect de la vie et la liberté d’opinion ne sont pas les bienvenus, il importe qu’elle soit féconde. C’est pourquoi, dans ce bref article, nous faisons le point sur la situation et l’évolution de la natalité et de la mortalité en France.

Retrouver le dynamisme démographique qui a caractérisé l’époque gaullienne

Il est très instructif de comparer à celle du premier semestre de l’année en cours la démographie d’une année où la République française était présidée par Charles De Gaulle. En 1964, notre pays accueillit 449 022 nouveau-nés, et enregistra 267 540 décès. L’accroissement naturel de la population, différence entre ces deux chiffres, se monte à un peu plus de 180 000. Le premier semestre de l’année 2023 compte 314 400 naissances et 313 300 décès : l’accroissement naturel est 1 100, nombre quasiment insignifiant. La France est encore un pays qui renouvelle sa population, et nous pouvons en être fiers, car ce n’est pas le cas pour beaucoup de ses voisins, mais si la tendance ne s’inverse pas, nous rejoindrons la cohorte des pays sénescents. Il faudrait donc miser sur l’atout démographique dont nous disposons, l’accentuer en améliorant notre politique familiale.

Nos gouvernants ne semblent malheureusement pas avoir compris à quel point une natalité un peu plus vigoureuse, pour un pays comme la France, qui dispose d’un vaste territoire au regard de sa population, serait préférable à une immigration excessive. En fait, une fécondité française plus forte rendrait plus acceptable une immigration conséquente mais plus sélective. La France dispose d’un atout qui fait défaut à beaucoup de ses voisins ; quel dommage qu’elle ne s’en serve pas davantage !

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Autodidacte « à l'ancienne », Alain Paillard a toujours aimé les statistiques et s’est toujours intéressé à la démographie pour ce qu'elle peut apporter dans la connaissance des hommes. Après sept ans passés dans le privé, il est entré dans l'Administration et a terminé sa carrière au service des relations publiques. Jacques Bichot est économiste, mathématicien de formation, professeur émérite à l'université Lyon 3. Il a surtout travaillé à renouveler la théorie monétaire et l'économie de la sécurité sociale, conçue comme un producteur de services. Il est l'auteur de "Cure de jouvence pour la Sécu" aux Editions de l'Harmattan, de "La mort de l'Etat providence ; vive les assurances sociales" avec Arnaud Robinet, de "Le Labyrinthe ; compliquer pour régner" aux Belles Lettres et de "La retraite en liberté" au Cherche Midi.

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