Le 25 août 2025, Donald Trump a évoqué une idée aussi polémique que révélatrice : rebaptiser le Département de la Défense en Département de la Guerre. Cette annonce suscite d’ores et déjà un large éventail de réactions.
Une annonce datée du 25 août, lourde de sens pour le Département
Lors d’une rencontre officielle dans le Bureau ovale avec le président sud-coréen Lee Jae Myung, Donald Trump a marqué les esprits avec une formule aussi claire que tranchante : « Je ne veux pas être uniquement dans la défense. Nous voulons aussi l’offensive. », rapporte Politico.
Pour le 45e président des États-Unis, l’intitulé actuel du Département de la Défense serait le fruit d’un glissement progressif vers le politiquement correct, comme il l’a souligné : « Ensuite, nous sommes devenus politiquement corrects et ils l'ont appelé secrétaire à la Défense. »
Cette rhétorique, fidèle à son style, ne relève pas d’une boutade. Elle s’inscrit dans un projet de reconquête du vocabulaire institutionnel au profit d’une vision plus martiale, plus assumée de l’usage de la force militaire. Donald Trump ne cache pas son intention de s’affranchir des procédures habituelles, en écartant l'approbation du Congrès : « Je ne pense pas que ce soit nécessaire… Nous allons simplement le faire. Je crois que le Congrès suivra si nous en avons besoin. »
Donald Trump réactive l’éthique du guerrier dans la vision du Département
La volonté de Donald Trump de rebaptiser le Département de la Défense en Département de la Guerre ne procède pas d’un simple effet d’annonce. Elle s’inscrit dans une logique plus large, celle de restaurer ce qu’il appelle un « warrior ethos », littéralement une éthique du guerrier.
Il s’agit, selon lui, d’en finir avec une vision trop passive ou défensive de l’armée américaine. En changeant le nom de l’institution, il ambitionne de repositionner stratégiquement les forces armées américaines non plus comme un outil de dissuasion, mais comme un levier actif, voire offensif, de la puissance nationale.
À travers ce changement sémantique, Donald Trump entend frapper fort et marquer une rupture avec ce qu’il considère comme un affaiblissement doctrinal des États-Unis.
Interrogé sur les implications concrètes de ce changement, il a esquivé les détails mais affirmé vouloir passer outre les résistances administratives : « Je ne pense pas que ce soit nécessaire... Nous allons simplement le faire. » Une phrase qui en dit long sur la conception trumpienne du pouvoir exécutif et sur son mépris affiché des contre-pouvoirs parlementaires.
Derrière les mots, une ligne de fracture dans la Défense américaine
Revenir à l’appellation de Département de la Guerre ne serait pas sans précédent. Jusqu’en 1949, l’entité militaire américaine portait ce nom. Le passage au Département de la Défense avait été motivé par la réorganisation post-Seconde Guerre mondiale et une volonté de symboliser la paix retrouvée et l’unification des forces armées sous un même commandement.
Aujourd’hui, ce choix lexical opéré par Donald Trump en dit long sur la façon dont il conçoit la fonction militaire : non plus un rempart, mais une arme politique assumée.
Il n’a toutefois pas précisé si un décret présidentiel suffirait à entériner ce changement ou s’il faudrait une validation législative. Pour l’heure, aucune procédure officielle n’a été engagée au Département. Les autorités militaires, elles, gardent le silence.
Un simple mot ou une mutation stratégique du Département ?
La proposition de Donald Trump dépasse le cadre symbolique. Elle engage une véritable guerre des mots dans laquelle chaque Département devient un champ sémantique. En visant la Défense, il attaque en réalité une conception du rôle des États-Unis dans le monde.
Ce changement de nom, s’il venait à être officialisé, consacrerait une doctrine de puissance explicite, rompant avec des décennies de stratégie d’endiguement, de dissuasion ou de diplomatie militaire.
Mais il pose aussi une question cruciale : peut-on vraiment redéfinir une politique de Défense à coups de lexique ?
