Alors que Donald Trump prône un protectionnisme accru, une étude iBanFirst révèle des opinions étonnamment contrastées.
Donald Trump et les droits de douane : pourquoi les Français soutiennent-ils le protectionnisme ?

Le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis, le 20 janvier 2025, s’accompagne de l'annonce de l’instauration de droits de douane supplémentaires sur les importations en provenance d’Europe. Ce virage protectionniste suscite de vives réactions, notamment en France, où le scepticisme vis-à-vis du commerce international se conjugue à une approbation partielle des barrières tarifaires.
Que disent les Français des droits de douane annoncés par Donald Trump ?
Une enquête menée auprès de 1 000 Français, Britanniques et Allemands entre le 5 et le 10 janvier 2025 montre que près de 44 % des Français jugent la hausse des droits de douane américaine justifiée, contre seulement 24 % des Allemands et 38 % des Britanniques.
Le soutien relatif des Français s’explique par leur méfiance profonde envers le commerce international : 67 % estiment que les règles actuelles désavantagent la France, bien plus que leurs homologues européens. De plus, 70 % des Français souhaitent une riposte similaire de l’Union européenne, traduisant une volonté claire de protéger les intérêts nationaux.
Les États-Unis : un partenaire clé mais variable selon les pays européens
Les relations commerciales entre les États-Unis et l'Union européenne (UE) sont particulièrement asymétriques selon les pays. En 2023, l'Allemagne, l'Italie et l'Irlande dominaient les exportations européennes vers les États-Unis, représentant à elles seules 55 % de la valeur totale des exportations européennes hors UE.
Pays | Exportations vers les États-Unis (en milliards d'euros, 2023) | Part des exportations hors-UE destinées aux États-Unis |
---|---|---|
Allemagne | 157,7 | 9,9 % |
Italie | 67,3 | 10,7 % |
Irlande | 51,6 | 45,8 % |
France | 43,9 | 7,3 % |
Pays-Bas | 40,5 | Non spécifié |
Espagne | 18,9 | 4,8 % |
Une dépendance marquée dans certains pays
L'Irlande est le pays européen le plus dépendant des exportations vers les États-Unis, avec 45,8 % de ses exportations hors UE dirigées vers ce marché. L'Allemagne et l'Italie suivent avec des parts plus modestes, bien que significatives, respectivement à 9,9 % et 10,7 %. Ces proportions contrastent fortement avec celles de la France (7,3 %) et de l’Espagne (4,8 %), montrant une moindre dépendance.
Outre les grandes économies, les pays nordiques affichent une dépendance notable. La Finlande, avec 11,1 % de ses exportations totales de biens dirigées vers les États-Unis, est particulièrement concernée, suivie par la Suède (8,9 %) et le Danemark (8,3 %).
Le luxe et le vin français en danger
Les droits de douane promis par Donald Trump, notamment les 10 % sur tous les produits européens, pourraient affecter lourdement certains secteurs. En Irlande, les technologies et produits pharmaceutiques risquent de souffrir. En Allemagne et en Italie, ce sont surtout les industries automobile et mécanique qui pourraient être touchées, alors qu’en Scandinavie, les secteurs de l’acier, du papier et de la technologie sont en première ligne.
Avec 7,3 % de ses exportations totales de biens dirigées vers les États-Unis, la France serait impactée de manière plus modérée. Les produits de luxe et les vins, fortement prisés par les consommateurs américains, figurent parmi les exportations les plus vulnérables.
Protectionnisme : un remède ou un poison ?
La montée du protectionnisme inquiète, mais divise. Alors que 82 % des Français anticipent une hausse des prix causée par l’augmentation des tarifs douaniers, seuls 55 % craignent un impact négatif sur l’emploi, un niveau nettement inférieur aux 69 % observés en Allemagne. Les Français, en revanche, placent leurs espoirs dans la défense des salariés, avec 44 % qui pensent que le protectionnisme pourrait renforcer cette protection, contre seulement 15 % des Allemands.
Cette position reflète un paradoxe : bien que les Français soient majoritairement inquiets des répercussions économiques globales, ils considèrent le protectionnisme comme une opportunité pour stimuler la production nationale.
Face à la menace de droits de douane de 10 % sur les exportations européennes, la France pourrait adopter plusieurs stratégies. Une riposte tarifaire coordonnée au niveau de l’Union européenne serait l’une des premières options envisagées, comme en 2018 lors des tensions commerciales avec les États-Unis sous le premier mandat de Donald Trump. Alors qu'il multiplie les annonces et bouleverse l'actualité, l'Europe et la France vont continuer à chercher des réponses adaptées.