Pour se décarboner, l’industrie fera exploser sa consommation d’électricité

En raison des objectifs de décarbonation, l’industrie n’a d’autre choix que de se tourner vers l’électricité. Sa consommation pourrait être multipliée par deux d’ici à 2050, estime La Fabrique de l’industrie dans sa dernière étude publiée ce 14 novembre 2024. Une voie qui ne manque pas d’inquiéter la filière en raison de la volatilité des prix, en témoigne la crise énergétique.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Publié le 14 novembre 2024 à 15h30
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Pour se décarboner, l’industrie fera exploser sa consommation d’électricité - © Economie Matin
44%Le prix de l'électricité a augmenté de 44 % en deux ans.

L'industrie consommera deux fois plus d'électricité en 2050

Pour atteindre la neutralité carbone, l'industrie française est sur le point de doubler sa consommation électrique, selon l'étude de la Fabrique de l'industrie, ce qui la ferait passer de 103 TWh en 2023 à 207 TWh en 2050. Comme le prévoient les objectifs de décarbonation, les énergies fossiles, le gaz ou encore le fioul, utilisés pour les procédés industriels tels que le séchage, le chauffage ou les traitements thermiques, ont tous vocation à être alimentés par l'électricité.

Les besoins ne s'arrêtent pas là : la production d'hydrogène décarboné et les technologies de capture de CO2 nécessiteront également une électricité abondante. A contrario, certaines industries, comme le ciment, ne peuvent encore s’électrifier totalement faute de solutions technologiques adaptées. Elles se tournent vers des alternatives comme la biomasse ou des combustibles issus de déchets pour réduire leur impact. À ce titre, 62 % du mix énergétique industriel devrait provenir de l'électricité en 2050, contre seulement 37 % en 2023, estime l'étude de la Fabrique de l'industrie.

Des coûts énergétiques au centre des préoccupations

L'ampleur de cette transition soulève des défis financiers et logistiques. « Ce n'est pas un chantier acquis car il faut de l'électricité à prix abordable, compétitif, prévisible et accessible », tient à souligner David Lolo, économiste à La Fabrique de l'industrie. Les inquiétudes de la filière française, et plus généralement européenne, ont été vivement alimentées par la crise énergétique déclenchée par la guerre en Ukraine en 2022 : en l'espace de deux ans, le prix de l'électricité a augmenté de 44 %.

Comme le souligne l'étude, EDF propose de nouveaux contrats d’allocation de production nucléaire (CAPN), mais ces offres, destinées à remplacer le système Arenh en 2025, peinent à convaincre les acteurs concernés. Les industriels jugent en effet ces contrats trop coûteux et réclament, de fait, une stabilité tarifaire pour investir sereinement dans la décarbonation. En outre, une « électrification à deux vitesses » pourrait émerger, avertie l'étude, ce qui favoriserait les grands bassins industriels comme Dunkerque ou Fos-sur-Mer au détriment de sites plus diffus.

Face à ces enjeux, le gouvernement prévoit une enveloppe de 1,55 milliard d'euros pour soutenir cette transition, rappelle La Fabrique de l'industrie. Ces fonds doivent financer des infrastructures essentielles, notamment des usines de batteries et des systèmes de captage de CO2. Un recensement a déjà identifié 81 projets industriels majeurs, impliquant les 50 sites les plus émetteurs, qui génèrent près de 60 % des émissions industrielles françaises.

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Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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