Lors d’une cérémonie officielle à Abou Dhabi, le 15 mai, le président des Émirats arabes unis, Mohammed ben Zayed Al Nahyane, a annoncé à Donald Trump que son pays allait investir 1.400 milliards de dollars aux États-Unis sur dix ans. Cette déclaration marque une étape majeure dans les relations économiques entre les deux nations.
Les Émirats arabes unis vont investir 1.400 milliards de dollars aux États-Unis

C’est au cœur de la capitale des Émirats arabes unis, le 15 mai 2025, que le président Mohammed ben Zayed a surpris les observateurs internationaux. Face à Donald Trump, en visite officielle, il a lancé une promesse qui défie l’entendement. Le pays du Golfe prévoit « d'investir 1.400 milliards de dollars aux États-Unis (...) au cours des dix prochaines années », a-t-il déclaré solennellement lors d’une cérémonie et dans des propos rapportés par Le Figaro.
Une somme d’une telle ampleur, supérieure au produit intérieur brut d’un pays comme l’Espagne, ne peut laisser indifférent. S’agit-il d’une simple déclaration d’intention ou d’un engagement ferme assorti de projets concrets ? La réponse reste encore nébuleuse, tant les détails font défaut. Seule certitude : les secteurs visés sont cruciaux, énergie, technologies de pointe et intelligence artificielle.
Les Émirats arabes unis, architectes d’un soft power monétaire
Ce n’est pas la première fois qu’Abou Dhabi déroule le tapis rouge aux investissements étrangers. Mais rarement l’ambition n’a été aussi affichée. Après avoir consolidé leur emprise économique en Afrique de l’Est, renforcé leur présence dans les data centers en orbite, et multiplié les incursions diplomatiques dans les conflits internationaux, les Émirats semblent désormais viser un cap, devenir incontournables dans les chaînes de valeur occidentales.
Cette annonce survient alors que Donald Trump boucle une tournée diplomatique dans le Golfe, entamée en Arabie saoudite et poursuivie au Qatar. L'étape émiratie, visiblement la plus fructueuse, devait permettre à l’ancien président de revenir avec dans ses valises un florilège d’engagements économiques. Mission accomplie sur le papier. Mais que valent 1.400 milliards promis sans calendrier ni cadre contractuel ?
Les États-Unis attendent des éléments concrets
Du côté américain, l’annonce est accueillie avec un mélange d’excitation stratégique et de prudence comptable. Car au-delà des chiffres spectaculaires, peu d’éléments permettent aujourd’hui de mesurer l’impact réel de cet engagement. S’agit-il de rachats d’actifs ? De commandes publiques ? D’investissements directs dans l’infrastructure ou la technologie ? Rien n’est encore précisé.
Pourtant, le potentiel est là. Si cet investissement est concrétisé, les retombées seraient majeures pour l’économie américaine : modernisation des réseaux énergétiques, avancées dans l’IA, emplois, transferts technologiques...
Une stratégie géoéconomique de long terme
Pour les Émirats arabes unis, cette opération ne peut être lue uniquement comme un geste économique. Elle s’inscrit dans une stratégie globale de repositionnement international. En pleine transition énergétique, face à un monde multipolaire où les alliances se redessinent, Abou Dhabi entend s’imposer comme un acteur pivot.
L’investissement massif dans les États-Unis, principal pôle d’innovation mondiale, devient alors un levier d’influence autant qu’un pari sur l’avenir. Mais à trop jouer sur tous les fronts, Afrique, Europe, Asie, et désormais Amérique, les Émirats risquent de diluer leur capacité d’action. L’ampleur des sommes promises impose rigueur, transparence et diplomatie de précision. Autant de vertus que l’opacité financière du Golfe n’a pas toujours cultivées.
