Partager plutôt que gaspiller : pourquoi la coopétition va signer un avenir durable

Et si nos concurrents devenaient nos meilleurs alliés ? Coopérer avec ses compétiteurs… la réflexion mérite d’exister ! Car, qu’est-ce qu’un concurrent sinon un acteur qui « concourt » au même objectif que son rival ? Susciter la préférence des consommateurs, capter des parts de marché, se montrer plus performant que les autres : telle est la mécanique classique de la compétition. Mais dans un monde en crise écologique, peut-on encore se contenter de cette logique de bataille chevronnée ? Ne gagnerait-on pas à collaborer avec les concurrents ? Et ce, afin de cesser de multiplier les investissements qui engendre un vrai gâchis environnemental.

Laurent Boidi
By Laurent Boidi Published on 27 décembre 2025 8h00
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Partager plutôt que gaspiller : pourquoi la coopétition va signer un avenir durable - © Economie Matin
95%Les TPE représentent 95 % des entreprises françaises

Il est possible, et plus que souhaitable, de repenser l’usage que nous avons de nos usines et de nos outils de production pour passer de la compétition à la coopétition, au profit de la préservation de nos ressources, de notre planète et au bénéfice de nos filières métiers.

Pourquoi plébisciter la coopétition ?

On nous a longtemps appris que le business reposait sur nos capacités à capter le marché en « tuant » les concurrents. Et les guérillas marketing fratricides de certains grands groupes, érigées en modèle et encore enseignées dans les écoles de commerce, n’ont fait que nourrir cette légende.

Pourtant, la coopétition permet d’accélérer l’innovation et d’éviter que chacun « réinvente la roue ». À bien y réfléchir, la compétition conduit à des dépenses inutiles : chaque acteur investit séparément dans des équipements ou des infrastructures (souvent) semblables pour produire des produits identiques. Imaginez : plutôt que d’investir dans un parc de machines, pourquoi ne pas acquérir un outil industriel et le partager ? À la clé, des gains d’impact considérables : moins de gaspillage, une meilleure utilisation des ressources et des économies d’énergie drastiques. En fait, le nerf de la guerre ne se situe pas dans la fabrication mais dans l’image de marque, le positionnement du prix ou encore l’expérience client.

Certains secteurs l’ont bien compris. La filière automobile parle depuis des décennies de « joint-ventures » ou encore « d’alliances », des termes qui ne nomment pas la coopétition mais qui en ont tous les codes. Dans ces cas de figure, l’optique n’est pas tant écologique qu’économique, pour autant on gagnerait à s’inspirer de ces pratiques - qui n’ont par ailleurs rien cédé aux batailles d’image et de communication - preuve qu’on peut être dans la coopétition et rester rival d’un point de vue commercial !

L’idée est que la coopétition ne vienne pas opposer performance et responsabilité, mais les réconcilier. En fait, elle crée de la valeur économique - en favorisant l’efficacité et la performance - et de la valeur intellectuelle, en poussant à réfléchir et à agir ensemble pour faire évoluer un secteur et ses pratiques.

Coopétition : quel prérequis ?

Avant de s’engager dans une coopétition, il convient d’analyser froidement le marché et d’en comprendre les usages. Le concept n’est pas nouveau, mais comme il reste peu usité, ceux qui s’en emparent aujourd’hui font figure de pionniers. Faire ce pas de côté requiert, pour les dirigeants d’entreprise, autant de maturité que d’humilité pour s’incliner face au marché et admettre que la singularité de leur produit ne réside pas dans leur seul outil industriel, mais bien dans leur vision et leur capacité à fédérer.

Chez nous, cette réflexion de coopétition s’enracine dans une volonté profonde : parvenir à un modèle d’entreprise plus vertueux, compatible avec les enjeux environnementaux et sociétaux, sans compromis sur la qualité et l’émotion offertes à nos clients. En plus, nous avons également pour objectif de faire évoluer l’ensemble du marché : parce qu’une transition vers des pratiques responsables n’a d’impact que si elle est partagée par tous.

Demain, les entreprises qui n’entreront pas en coopétition sont vouées à s’affaiblir. Parce qu’on peut présager que la réglementation en faveur de la neutralité carbone va encore s’intensifier et qu’il ne sera plus soutenable d’agir seul face à des objectifs politiques toujours plus exigeants. Il nous faut sortir d’une logique de croissance par les volumes, pour aller vers plus de valeur et de services, et contribuer à un écosystème industriel plus sobre et solidaire.

Ce futur durable, c’est aujourd’hui qu’il nous faut l’imaginer. Pour nous, pour nos clients, et pour les générations qui nous suivront.

Laurent Boidi

Directeur général Photoweb

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