Les énergies renouvelables produisent plus d’électricité que le charbon pour la première fois

Les énergies renouvelables ont produit plus d’électricité que le charbon au premier semestre 2025, une bascule mondiale nourrie par l’essor du solaire et la résilience de l’éolien, malgré d’importantes disparités régionales.

Stephanie Haerts
By Stéphanie Haerts Last modified on 7 octobre 2025 11h42
Les énergies renouvelables produisent plus d’électricité que le charbon pour la première fois
Les énergies renouvelables produisent plus d’électricité que le charbon pour la première fois - © Economie Matin

Les énergies renouvelables dépassent pour la première fois le charbon dans la production électrique mondiale. Selon les données d’Ember, le solaire a crû d’environ 31 % sur un an et l’éolien de 7,7 %, au point de couvrir l’essentiel de la hausse de la demande d’électricité sur la période. Dans le même temps, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) projette une poursuite de l’accélération d’ici 2030, largement portée par le photovoltaïque.

Énergies renouvelables : une dynamique portée par le solaire, confirmée par les chiffres de l’électricité

Le solaire a progressé d’environ 31 % au premier semestre 2025, tandis que l’éolien a augmenté d’environ 7,7 % ; ensemble, ils ont ajouté plus de 400 TWh de production, soit plus que la croissance de la demande d’électricité mondiale sur la période, ce qui a permis aux énergies renouvelables de dépasser le charbon. Cette poussée s’est traduite par un basculement mesuré dans la structure de production. The Guardian rapporte des volumes indicatifs de 5 072 TWh pour les renouvelables contre 4 896 TWh pour le charbon au premier semestre, illustrant la nouvelle hiérarchie de l’électricité mondiale. Par conséquent, la contribution du charbon a légèrement reculé, amorçant, selon Ember, une phase de plateau des émissions du secteur électrique.

En parallèle, les énergies renouvelables ont absorbé la quasi-totalité de l’augmentation de la demande. Le solaire a assuré 83 % de la hausse de la consommation d’électricité mondiale au premier semestre, confirmant la montée en puissance de cette technologie dans le mix des énergies renouvelables. « Les technologies solaire et éolienne croissent désormais assez vite pour répondre à l’appétit grandissant d’électricité du monde », souligne Małgorzata Wiatros-Motyka d’Ember, dans une déclaration reprise par The Guardian. Elle ajoute que « la baisse globale des fossiles peut sembler faible, mais elle est significative ; c’est un tournant qui voit les émissions plafonner ». À court terme, l’AIE estime que cette trajectoire reste cohérente avec une expansion de 4 600 GW de capacités d’énergies renouvelables d’ici 2030, dominée par le solaire PV, mais épaulée par l’éolien, l’hydroélectricité, la bioénergie et la géothermie.

Une première mondiale… mais des contrastes régionaux dans l’électricité et le charbon

Ce basculement ne doit pas masquer des réalités contrastées. En Chine, l’essor des énergies renouvelables s’est accompagné d’une baisse d’environ 2 % de la production fossile au premier semestre, selon The Guardian, qui précise que le pays a ajouté plus de capacités renouvelables que le reste du monde réuni. En Inde, l’électricité d’origine renouvelable a crû plus vite que la demande, ce qui a contribué à la baisse du charbon et du gaz. Dans ces deux marchés, la combinaison d’investissements, de politiques publiques et de chaîne d’approvisionnement industrielle a permis d’aligner croissance de la demande d’électricité et expansion des énergies renouvelables. À l’inverse, les États-Unis et l’Union européenne ont connu une configuration moins favorable

La hausse de la demande d’électricité y a parfois excédé la montée des énergies renouvelables, tandis que des conditions météorologiques défavorables, vent et hydro, ont limité la production décarbonée, obligeant à un recours accru au charbon et au gaz. Cette divergence rappelle que le passage durable au-dessus du charbon dépend autant des volumes installés que de la disponibilité effective des ressources renouvelables, des interconnexions et des mécanismes de flexibilité. Pour l’AIE, le solaire devrait rester le moteur de la prochaine phase, mais les réseaux, le stockage et l’intégration système seront déterminants pour convertir les capacités en électricité utile et stable.

Économie de l’énergie : vers un nouvel équilibre entre énergies renouvelables et charbon

Sur le plan économique, la montée des énergies renouvelables dans l’électricité modifie les signaux de marché et la gestion du risque. D’une part, l’abondance du solaire recompose les courbes de prix en journée et pèse sur le facteur de charge des centrales fossiles, en particulier du charbon. D’autre part, la progression de l’éolien lisse partiellement ces effets, mais impose une planification plus fine des réseaux, condition nécessaire à la valorisation des volumes injectés. Le léger recul des fossiles, même modeste, est crucial car il s’accompagne d’une croissance de la demande d’électricité. Les énergies renouvelables ne se contentent pas de croître, elles déplacent effectivement le charbon dans le mix. Dans les pays qui renforcent leurs réseaux, l’arbitrage coût-volume favorise l’investissement en renouvelables ; ceux qui tardent risquent des indisponibilités ou un maintien coûteux du charbon.

À moyen terme, la perspective de 4 600 GW additionnels d’ici 2030 dressée par l’AIE renforce cette tendance économique, avec un solaire ultra-compétitif et un éolien en extension. Toutefois, The Guardian rappelle que la réalité opérationnelle diffère selon les régions : l’électricité d’origine renouvelable a gagné du terrain en Chine et en Inde, mais la météo et la demande ont contrarié l’UE et les États-Unis, où le charbon a, ponctuellement, regagné du terrain. « La croissance des capacités sera dominée par le solaire PV », souligne Fatih Birol, « mais l’éolien, l’hydro, la bioénergie et la géothermie contribueront aussi », repositionnant ainsi l’ensemble des énergies renouvelables dans l’architecture industrielle de l’électricité. Enfin, des voix du secteur solaire, relayées par Electrek, estiment que la cadence du solaire permet désormais de suivre la hausse de la demande, ce qui consolide l’idée d’un « nouveau plancher » sous la part des renouvelables dans l’électricité mondiale.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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