Alors que les incertitudes économiques persistent, les Français réorientent leur épargne. En mai 2025, les livrets réglementés livrent un constat contrasté : si le Livret A et le LDDS continuent de séduire, le LEP subit un effondrement inédit.
Livret A et LDDS : 1,88 milliard d’euros collectés en mai, le LEP en chute libre
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Published on 24 juin 2025 5h09
2,4%Le taux du Livret A et du LDDS est de 2,4% par an.
Le 23 juin 2025, la Caisse des Dépôts a publié les chiffres de la collecte de l’épargne réglementée pour le mois de mai. En tête, le Livret A reprend de la vigueur. À l’inverse, le Livret d’épargne populaire (LEP) poursuit sa dégringolade. Ce retournement, aux causes multiples, éclaire les mouvements profonds dans le comportement des épargnants.
Livret A : une reprise significative de l’épargne portée par la stabilité
Après un mois d’avril marqué par une collecte négative de –200 millions d’euros, le Livret A rebondit nettement en mai avec une collecte nette de +1,22 milliard d’euros. Cette reprise, même modérée, confirme la confiance des Français envers ce produit, malgré un taux gelé à 3 % depuis début 2024.
L’encours total du Livret A atteint désormais 445,3 milliards d’euros fin mai, contre 444,0 milliards un mois plus tôt. Depuis janvier, la collecte cumulée s’élève à 2,75 milliards d’euros, répartie comme suit :
- Janvier : +0,35 milliard
- Février : +0,97 milliard
- Mars : +0,40 milliard
- Avril : –0,20 milliard
- Mai : +1,22 milliard
Ce redressement confirme l’attractivité persistante du produit, en dépit de la concurrence croissante d’autres supports comme l’assurance vie. Une situation qui pourrait s’inverser dès août 2025 alors que le taux du Livret A et du LDDS devraient, sur fond de ralentissement de l’inflation, retomber sous la barre symbolique des 2 % par an. Actuellement, le taux du Livret A et du LDDS est de 2,4% par an.
LDDS : une progression régulière qui confirme son rôle de produit complémentaire
Le Livret de développement durable et solidaire poursuit son chemin discret mais efficace. En mai 2025, il enregistre une collecte nette de +660 millions d’euros, portant son encours à 163,3 milliards d’euros, contre 162,7 milliards en avril.
Depuis le début de l’année, le LDDS affiche une collecte cumulée de 2,78 milliards d’euros, quasiment équivalente à celle du Livret A. Mois par mois :
- Janvier : +0,54 milliard
- Février : +0,65 milliard
- Mars : +0,61 milliard
- Avril : +0,31 milliard
- Mai : +0,66 milliard
Ce rythme soutenu démontre que le LDDS conserve sa pertinence, notamment auprès des épargnants sensibles aux critères environnementaux ou sociaux.
LEP : une chute brutale alimentée par les contrôles d’éligibilité
Le cas du Livret d’épargne populaire est plus préoccupant. En mai 2025, il subit une décollecte nette de –1,19 milliard d’euros, après un recul encore plus sévère en avril de –1,96 milliard. En deux mois, ce produit accessible sous conditions de revenus a vu s’évaporer plus de 3 milliards d’euros d’épargne.
L’encours du LEP passe de 80,8 milliards d’euros en avril à 79,6 milliards fin mai. Le solde cumulé depuis janvier est désormais négatif de –2,55 milliards d’euros, contre une collecte positive de +3,95 milliards sur la même période en 2024.
Ce recul est directement lié aux vérifications annuelles opérées par les banques. « Les revenus pris en compte pour 2025 sont ceux de 2023, année marquée par de fortes revalorisations salariales, notamment du Smic », souligne Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Épargne cité par Investir en mai 2025. Nombre de comptes ont été clôturés, en raison du dépassement du seuil d’éligibilité. Par ailleurs, la baisse du taux du LEP de 4 % à 3,5 % au 1er février 2025 a sans doute affaibli son attractivité auprès des ménages modestes.
Les livrets défiscalisés commencent à perdre leur élan au profit d’autres produits d’épargne
Ces évolutions dessinent une dynamique à double vitesse. Le Livret A et le LDDS demeurent des refuges stables, avec une collecte conjointe de +1,88 milliard d’euros en mai. Mais la chute du LEP, portée par des mécanismes fiscaux plus que conjoncturels, signale une réorientation involontaire d’une partie des épargnants. Comme l’explique Philippe Crevel : « Les ménages redéploient une partie de leur épargne de précaution vers des produits de long terme comme l’assurance vie […] dont l’encours est passé de 298 à 444 milliards d’euros ».