L’Appel de détresse franco-allemand : serrer les rangs pour sauver l’Europe

Le tonerre gronde et l’orage économique et donc forcément politique approche. Les nuages s’accumulent et il faut être un ravi de la crèche pour ne pas les voir.

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Par Charles Sannat Publié le 15 novembre 2023 à 10h30
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0,9%La croissance en 2024 devrait être de 0,9% en France.

C’est dans ce contexte de montée des inquiétudes liées aux divergences économiques entre les pays de la zone euro qui seront amplifiées par la récession qui se profile, que les gouverneurs de la Banque de France François Villeroy de Galhau et son homologue de la Bundesbank Joachim Nagel appellent à serrer les rangs « Noyau franco-allemand ».

Ils adressent donc une « supplique » à l’Europe de Bruxelles.

« Nous diviser, ce serait nous condamner, et condamner l’Europe ». 

« Des acteurs représentant différentes parties du globe font entendre leur voix. Dans ce contexte, l’amitié franco-allemande ne perd pas de son importance, bien au contraire. Nous diviser, ce serait nous condamner, et condamner l’Europe. Si, au contraire, nous parlons d’une seule voix, nos mots auront plus de poids », arguent les deux dirigeants, dans cette déclaration commune. « Et si l’Europe parvient à parler d’une seule voix, peut-être en s’appuyant sur le noyau franco-allemand, elle aura un rôle important à jouer dans le monde », affirment-ils dans cet appel lancé lundi 13 novembre.

« Si notre amitié conserve cette qualité, nous pouvons continuer d’aider l’Europe ».

« Une Europe stable bénéficie grandement d’une coordination étroite entre la France et l’Allemagne au-delà de la politique économique. Il est vrai que nos pays ont parfois des opinions divergentes dans des domaines tels que les affaires étrangères, la sécurité et l’énergie », notent-ils encore. Sur ce dernier point, François Villeroy de Galhau et Joachim Nagel saluent le « compromis » trouvé sur la réforme du marché de l’électricité, un exemple de la « capacité constante » des deux pays à trouver un « terrain d’entente ». « Si notre amitié conserve cette qualité, nous pouvons continuer d’aider l’Europe à aller de l’avant », espèrent-ils ainsi.

En ligne de mire la mère de toutes les craintes ! Celle sur la dette.

Les Allemands pensent que nous les Français et les Européens nous marchons sur la dette !

Ils ont complètement raison.

Nous faisons n’importe quoi avec nos finances publiques.

Là où le problème devient très vite plus nuancé, c’est que si nous faisons de pire en pire c’est parce que l’euro nous a privé de l’ajustement monétaire qui se faisait naturellement par les dévaluations des monnaies les unes par rapport aux autres.

Mais ce n’est pas tout.

L’euro avait la force du mark allemand.

La conséquence c’est que l’euro a profité depuis 20 ans à l’industrie allemande et a tué les industries des pays du sud dont celle de la France.

Si l’Allemagne n’a pas d’aussi grands déficits c’est parce que nos déficits à nous alimentent ses excédents à elle.

L’Allemagne fonctionne comme une pompe aspirante de la richesse européenne.

Voilà pour la manière délicate de le dire.

Pour la manière plus directe, l’Allemagne couillonne le reste des pays de l’Union Européenne.

Et c’est bien là que réside le problème essentiel qui est là depuis le départ.

Quand un pays aspire toute la richesse, il faut, quoi que l’on en dise organiser une union de transfert afin que la partie puisse durer, sinon c’est comme au Monopoly. Une fois que celui qui a toutes les cartes a pris tous les sous des autres joueurs, il a gagné… mais la partie est terminée car il a ruiné tout le monde et il se retrouve seul avec ses propriétés mais sans locataires solvables. Ce n’est plus très drôle.

Quand on joue au Monopoly la seule manière de continuer la partie c’est de solvabiliser artificiellement s’il le faut les joueurs.

Comment ?

Soit le joueur riche leur donne de l’argent pour que la partie se poursuive, soit on pioche dans la banque.

Dans la vraie vie sérieuse des économistes et des banques centrales, il s’agit soit de faire de la création monétaire en laissant acheter par les banques centrales les dettes des états impécunieux, soit de prendre aux riches sous forme d’impôts ce qui s’appelle une union de transfert.

Avec la crise qui se profile, l’Allemagne, va devoir accepter soit plus de création monétaire, soit plus d’union de transfert ce qui implique également une forme de mutualisation des dettes.

Alors, oui, ce qui va permettre de sauver l’euro ou qui va tuer l’euro, c’est bien l’entente du couple franco-allemand, et autant vous le dire… il n’y a aucune entente, mais une volonté de domination de la part de Berlin sur Paris.

Il ne tient qu’à nous, Français, de ne pas accepter cette domination.

Ils ne sont forts que parce que nous sommes faibles.

Nous ne sommes pas faibles parce que nous serions faibles.

Non mes amis.

Nous sommes faibles parce que nous sommes dirigés par des hommes faibles. Par des hommes qui sont des démagogues, par des hommes sans vision, par des hommes sans courage.

Le temps des hommes forts n’est pas encore venu, mais croyez-moi il arrive. Ce temps-là est inéluctable. Les mous et les fragiles vont souffrir.

Faites de vos enfants des femmes et des hommes forts. Nous en aurons prochainement besoin.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.

Préparez-vous !

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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