L’abonnement annuel au gaz naturel grimpera de 277 à 290 euros, dès le 1er juillet 2025, pour les foyers se chauffant au gaz, dans le cadre du tarif dit « repère » de la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Une progression de 13 euros qui n’a rien d’anecdotique, elle reflète l’augmentation du tarif d’acheminement, cette part invisible mais essentielle de la facture, représentant environ un quart du total.
Le gaz coûtera plus cher dès le 1er juillet, même si vous en consommez moins

Pourquoi cette hausse ? Officiellement, pour financer l’entretien du réseau. « Ce tarif, en hausse de 6 % (après +27 % en 2024 NDLR), finance l’entretien du réseau par GRDF », indiquent les services du Médiateur de l’énergie dans Ouest-France, article publié le 21 juin 2025. L'opérateur historique du réseau de distribution, GRDF, voit ses recettes mises à mal par une baisse continue de la consommation.
Tarifs et kWh, une légère baisse ?
On pourrait se réjouir d’une légère baisse du prix au kilowattheure. Pour les gros consommateurs, le prix moyen passe de 0,11 à 0,10 euro/kWh. Une bonne nouvelle ? Pas vraiment. Car cette baisse n’est qu’un artifice temporaire, masquant une réalité plus rugueuse. Selon le Médiateur de l’énergie, « une partie de la hausse du tarif d’acheminement est bien répercutée sur le kWh ». Mais voilà, les cours mondiaux du gaz ont chuté de 8 % en juin, amortissant temporairement la perception de la hausse.
Une aubaine de courte durée. Car les mêmes marchés ont bondi de 17 % quelques jours plus tard, sous l’effet des tensions au Moyen-Orient. Une hausse déclenchée notamment par le conflit Israël-Iran, avec un risque de fermeture du détroit d’Ormuz, par lequel transite 20 % du gaz liquéfié mondial. « La principale crainte des marchés, c’est la fermeture du détroit d’Ormuz », analyse Jacques Percebois, économiste de l’énergie.
Moins de consommation, mais plus de frais, la double peine
L’ironie de la situation tient dans la mécanique même du système tarifaire. Alors que les campagnes publiques incitent à réduire la consommation énergétique, les consommateurs vertueux paient la note. Le nombre d’abonnés au gaz reste stable à 10,4 millions, mais la consommation nationale est passée de 474 à 361 térawattheures entre 2021 et 2024. « La rémunération de GRDF est basée sur la consommation », souligne Aurian de Maupeou, cofondateur du comparateur Selectra. « Comme elle se replie, GRDF doit accroître ses ressources par ailleurs ».
Si vous chauffez moins, vous paierez davantage. Cherchez l’erreur. Et ce n’est pas fini. Le 1ᵉʳ août 2025, la TVA sur l’abonnement gaz bondira de 5,5 à 20 %. Officiellement, l’État compense en baissant une taxe sur la consommation. Dans les faits, « les perdants sont les petits consommateurs. Pour eux, la baisse de la taxe au kWh ne compensera pas la hausse de l’abonnement », prévient encore Aurian de Maupeou dans Ouest-France.
L'abonnement gaz, nouveau terrain de bataille
Selon les données récentes de Selectra, le tarif d’abonnement annuel moyen s’établira précisément à 290,83 euros, tandis que le prix du kilowattheure atteint 0,1085 euro TTC pour un profil de chauffage (tarif CRE en vigueur au 1er juillet). Pour les petits consommateurs, cette architecture tarifaire n’a rien de rationnel.
Ils sont confrontés à une sorte de fiscalité inversée où les plus économes deviennent paradoxalement les plus pénalisés. Dans un contexte d’inflation encore sensible, ce déplacement du poids tarifaire vers l’abonnement constitue une forme de découragement insidieux à la sobriété énergétique.
