Glaciers : jusqu’à 4 000 disparitions par an prévues dès 2050

Alors que la planète se réchauffe inexorablement, une étude inédite révèle qu’entre 2 000 et 4 000 glaciers pourraient disparaître chaque année au milieu du siècle. Les Alpes seront en première ligne dès 2033. Une accélération qui marque un tournant irréversible dans la géographie mondiale du froid.

Stephanie Haerts
By Stéphanie Haerts Published on 16 décembre 2025 15h30
Glaciers : jusqu’à 4 000 disparitions par an prévues dès 2050
Glaciers : jusqu’à 4 000 disparitions par an prévues dès 2050 - © Economie Matin

Le pic d’extinction des glaciers, un seuil critique du réchauffement climatique

La revue Nature Climate Change a publié, le 15 décembre, une étude bouleversante sur l’avenir des glaciers. Pour la première fois, des chercheurs ont modélisé la disparition de chacun des 200 000 glaciers recensés à travers le monde, en tenant compte de différents scénarios d’évolution du réchauffement climatique. Les glaciers fondent à une cadence de plus en plus rapide. L’équipe scientifique, dirigée par Lander Van Tricht de la Vrije Universiteit Brussel, introduit le concept de « pic d’extinction glaciaire », point de bascule où le nombre annuel de glaciers perdus atteindra son maximum.

Selon l’étude, ce pic interviendra entre 2041 et 2055, en fonction de la trajectoire climatique mondiale. Dans les Alpes, cette échéance pourrait survenir bien plus tôt : dès 2033. Aujourd’hui, entre 750 et 800 glaciers disparaissent chaque année. Mais à mesure que le climat se réchauffe, cette hémorragie s’accélère. Dans un scénario optimiste où la hausse des températures serait contenue à +1,5 °C, environ 2 000 glaciers s’éteindraient chaque année au moment du pic. Si, au contraire, la planète se dirige vers une trajectoire à +4 °C, ce chiffre grimperait à 4 000 glaciers disparus annuellement, selon Le Monde.

Un effondrement glaciaire qui bouleversera les économies régionales

Outre les effets géophysiques, l’effondrement des glaciers provoqué par le réchauffement climatique aura des conséquences économiques profondes. En particulier, les régions alpines, très dépendantes du tourisme hivernal et de l’hydroélectricité, subiront une transformation brutale de leur modèle économique. Or, selon Le Figaro, la fonte des masses glaciaires pourrait perturber durablement l’approvisionnement en eau dans plusieurs zones de montagne. Lander Van Tricht souligne : « Nous avons été surpris par l’ampleur du nombre de glaciers qui vont disparaître ».

En analysant glacier par glacier, les chercheurs ont détecté une tendance homogène à la disparition, quelle que soit la localisation ou la taille initiale. Le recul des glaciers affectera aussi les infrastructures hydrauliques, les réseaux d’irrigation et même la biodiversité locale. Derrière chaque glacier, « se cachent un lieu, une communauté et une histoire », rappelle Lander Van Tricht dans un entretien relayé par le site de la Vrije Universiteit Brussel. Cette approche sensible met en évidence le lien profond entre les glaciers et les identités culturelles locales.

Des marges d’action encore possibles pour limiter l’ampleur des pertes

Si l’extinction des glaciers est désormais inévitable dans une certaine mesure, l’ampleur de cette disparition reste directement liée à l’intensité du réchauffement climatique à venir. Les chercheurs insistent : dans les scénarios les plus ambitieux de réduction des émissions, le nombre de glaciers menacés au pic peut être significativement réduit. Une stabilisation du climat autour de +1,5 °C ralentirait l’érosion du manteau glaciaire mondial.

Cette perspective souligne le rôle clé des politiques climatiques mises en œuvre dans les prochaines années. C’est « la première fois que nous avons calculé séparément la disparition de chaque glacier sur Terre », affirme Lander Van Tricht, soulignant l’approche scientifique inédite du projet. En parallèle, les auteurs appellent à renforcer la surveillance glaciologique et à mieux intégrer ces données dans les modèles climatiques nationaux et régionaux. Car si le phénomène est global, ses impacts sont profondément territorialisés. Certaines régions, comme les Andes ou l’Himalaya, pourraient connaître des conséquences plus sévères en raison de leur dépendance accrue à la fonte glaciaire saisonnière.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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