L’épidémie de grippe a officiellement débuté sur le territoire français. L’Île-de-France, la Normandie et la Nouvelle-Aquitaine sont passées en phase épidémique selon Santé publique France. Une accélération des indicateurs est constatée dans toutes les classes d’âge, laissant présager une propagation rapide à l’échelle nationale.
Grippe : l’épidémie démarre, trois régions déjà en alerte
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Published on 4 décembre 2025 15h30
Une circulation intense du virus de la grippe dès fin novembre
Depuis la semaine du 25 au 30 novembre 2025, Santé publique France observe une augmentation nette des indicateurs de la grippe. Dans son dernier bulletin daté du 3 décembre, l’agence sanitaire annonce que « toutes les autres régions hexagonales sont en phase préépidémique, excepté la Corse », tandis que trois d’entre elles, Île-de-France, Normandie, Nouvelle-Aquitaine, sont officiellement entrées en phase épidémique. Fin novembre, la France était entrée en pré-épidémie.
Ce franchissement de seuils marque le début officiel de l’épidémie. La grippe, longtemps contenue à des foyers isolés, circule désormais de manière plus homogène, en particulier dans les zones urbaines densément peuplées comme l’Île-de-France. Le virus s’implante solidement, et les données montrent que la situation évolue rapidement dans plusieurs autres régions, notamment le Grand Est et Provence-Alpes-Côte d’Azur, où les indicateurs grimpent.
Un impact intergénérationnel et une activité médicale en hausse
Contrairement à d’autres épidémies virales, la grippe touche déjà toutes les tranches d’âge. Selon le dernier rapport de Santé publique France, « une augmentation des indicateurs est observée dans toutes les classes d’âge ». Ce constat inclut les enfants, les adultes actifs et les personnes âgées, avec un taux de consultations en forte croissance dans les cabinets médicaux et les services d’urgence. Dans les régions déjà en phase épidémique, le taux de passages aux urgences pour syndrome grippal dépasse les seuils habituels.
En Île-de-France notamment, les données de SOS Médecins indiquent une intensité modérée à forte selon les groupes d’âge. L’activité grippale progresse chez les moins de 15 ans, mais aussi chez les adultes de 15 à 64 ans, un profil qui élargit le spectre habituel des populations à risque. Cette dynamique intergénérationnelle complexifie la réponse sanitaire. L’engorgement potentiel des structures de soins inquiète les autorités, qui rappellent l’importance d’orienter les patients vers les bonnes structures selon la gravité des symptômes.
Une menace renforcée par le souvenir d’une saison 2024-2025 meurtrière
La mémoire de l’hiver dernier plane sur la campagne actuelle. Lors de la saison 2024‑2025, Santé publique France avait enregistré près de 17 600 décès en excès toutes causes confondues, un chiffre largement imputé à la grippe. L’épidémie avait été particulièrement longue, douze semaines, et marquée par une co-circulation inhabituelle de trois souches virales : A(H1N1)pdm09, A(H3N2) et B-Victoria.
« La co-circulation prolongée de plusieurs lignées de virus a entraîné un impact important sur l’ensemble des indicateurs sanitaires », précisait alors le BEH. L’alerte avait notamment été lancée dès la première semaine de décembre, ce qui laisse craindre une répétition du scénario cette année. À cette menace épidémiologique s’ajoute une couverture vaccinale encore jugée insuffisante par les professionnels de santé. Le taux de vaccination stagne chez les adultes jeunes et les travailleurs non médicalisés, ce qui laisse plusieurs segments de la population sans protection optimale.
Vaccination et gestes barrières : les deux leviers principaux
Face à la montée de l’épidémie, les autorités sanitaires multiplient les appels à la vaccination. La campagne annuelle, lancée mi-octobre, se poursuit jusqu’au 31 janvier 2026. Elle cible les personnes à risque : seniors, femmes enceintes, patients atteints de maladies chroniques, mais aussi professionnels du secteur médical et aidants. Santé publique France insiste sur « la nécessité d’une couverture vaccinale élevée pour limiter l’impact épidémique », en particulier dans les zones déjà touchées.
Or, certaines pharmacies tirent la sonnette d’alarme sur les tensions d’approvisionnement, notamment dans les zones rurales ou périurbaines. En parallèle, les mesures de prévention non pharmacologiques restent d’actualité : port du masque en cas de symptômes, lavage des mains régulier, aération des lieux fermés. Ces gestes simples mais efficaces sont essentiels pour ralentir la propagation virale, d’autant que la période de fin d’année favorise les regroupements.
Une épidémie amenée à s’étendre dans tout le territoire
Si aujourd’hui seules trois régions ont basculé en phase épidémique, les indicateurs montrent une évolution rapide vers une généralisation nationale. D’après les observations publiées le 3 décembre, « l’ensemble du territoire hexagonal est désormais en préépidémie, à l’exception de la Corse ». Cela signifie que le seuil de déclenchement de l’épidémie est proche d’être atteint dans la majorité des régions.
Dans les Alpes-Maritimes et le Var, les médecins signalent une hausse continue des cas et des consultations. Les données de terrain font craindre un basculement imminent en phase épidémique dans le Sud-Est. L’évolution de la situation dépendra de la capacité du système de soins à absorber l’afflux de patients, de la réactivité des campagnes de vaccination locales et du respect des gestes barrières par la population.