Les derniers chiffres du chômage en France pour l’année 2024 affichent une hausse préoccupante et inédite. François Bayrou tente d’en minimiser la portée en évoquant un « biais statistique ». Mais cette explication tient-elle réellement la route ?
Hausse du chômage en 2024 : Bayrou ment pour sauver Macron
Le chômage a connu une remontée brutale en 2024, avec une hausse de 4 % sur le dernier trimestre, portant le nombre de chômeurs en catégorie A à 2,9 millions de personnes. Sur un an, l'augmentation atteint 3,7 %, de quoi inquiéter les économistes. Pourtant, dans une interview à La Tribune Dimanche du 31 janvier 2025, François Bayrou, Premier ministre, a tenté de relativiser la situation en avançant une explication surprenante : cette hausse serait due à un "biais statistique" lié à l'inscription automatique des bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) à France Travail. Une déclaration qui pose question, tant elle semble ignorer la chronologie des événements.
Un chômage en forte hausse en 2024... et ce n'est pas la faute à la réforme
Les données publiées par la Dares (Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques) sont catégoriques : le chômage est reparti à la hausse en 2024, après plusieurs années de baisse. Le dernier trimestre de l’année a vu une augmentation de 4 %, soit 2,9 millions de personnes inscrites en catégorie A (demandeurs d'emploi sans activité).
Période | Variation trimestrielle du chômage | Variation annuelle |
---|---|---|
4ᵉ trimestre 2024 | +4 % | +3,7 % |
2ᵉ trimestre 2025 (prévision INSEE) | +7,6 % | - |
Fin 2025 (prévision Banque de France) | +8 % | - |
Ces chiffres sont d'autant plus préoccupants que l'INSEE et la Banque de France anticipent une hausse continue pour 2025. Le taux de chômage pourrait atteindre 7,6 % dès le deuxième trimestre et grimper à 8 % en fin d’année.
Face à cette réalité qu’il est impossible de nier, la tentative de minimisation de François Bayrou interroge. Son argument ? Une "correction statistique" qui fausserait les chiffres. Un pur et simple mensonge qui, au mieux, montre que François Bayrou ne connaît pas bienses dossiers… et au pire qui est volontaire.
Le faux argument du biais statistique de François Bayrou
Dans son interview du 31 janvier 2025, François Bayrou tente de rassurer l’opinion publique en expliquant que la hausse observée serait due à un "biais statistique". Il affirme que l’inscription automatique des bénéficiaires du RSA à France Travail, en vigueur depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, aurait artificiellement gonflé les chiffres du chômage. Les Français « ont raison d’être inquiets, même si l’augmentation dont vous parlez s’explique aussi par un petit biais statistique, car c’est le premier trimestre où des gens qui n’étaient pas inscrits ont été réintégrés d’office », a déclaré le Premier ministre.
Voici comment cette réforme du RSA fonctionne en réalité :
- Avant 2025, seuls 40 % des 1,8 million de bénéficiaires du RSA étaient inscrits comme demandeurs d’emploi.
- Depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, cette inscription est devenue automatique pour 900 000 à 950 000 bénéficiaires du RSA, dans le cadre de la loi Plein Emploi.
- Cette réforme n’était pas encore en vigueur au dernier trimestre 2024, période concernée par les chiffres du chômage publiés par la Dares.
Or, les chiffres publiés concernent le dernier trimestre 2024, soit avant l’entrée en vigueur de cette réforme. Lier la hausse du chômage à cette nouvelle méthode de comptabilisation est donc totalement fallacieux.
De plus, tous les nouveaux inscrits au RSA ne sont pas intégrés en catégorie A (chômeurs sans activité). Deux nouvelles catégories, F et G, ont été créées pour éviter un gonflement artificiel des statistiques :
- Catégorie F : Bénéficiaires nécessitant un accompagnement social (logement, garde d’enfant, santé).
- Catégorie G : Demandeurs en attente d’un parcours d’accompagnement.
Ces personnes ne sont pas comptabilisées dans le taux de chômage officiel. L’argument du "biais statistique" s'effondre donc.
Pourquoi François Bayrou veut-il masquer la réalité ?
François Bayrou cherche à minimiser la gravité de la situation. Le gouvernement est menacé d’une censure et doit défendre son budget, alors qu'il s’apprête à recourir au 49.3. Dans ce contexte, reconnaître une hausse brutale du chômage serait un aveu d’échec difficilement défendable. Le Premier ministre tente donc de détourner l’attention en évoquant un problème technique qui n’existe pas. Il espère ainsi calmer l’inquiétude des Français et rassurer les investisseurs face à une conjoncture économique incertaine.
Mais en procédant ainsi, François Bayrou ne fait que dissimuler un problème de fond : l’augmentation réelle du chômage et la dégradation du marché du travail.
Une tentative de manipulation des chiffres
Les faits sont clairs :
- Le chômage a augmenté de 4 % au dernier trimestre 2024, soit 2,9 millions de personnes sans emploi.
- La réforme du RSA est entrée en vigueur en janvier 2025, soit après la hausse du chômage constatée.
- L'argument du "biais statistique" est donc mensonger et ne peut expliquer la hausse du chômage en 2024.
François Bayrou tente de masquer la réalité pour éviter un débat explosif sur l’échec des politiques publiques en matière d’emploi, d’autant plus que ces politiques sont essentiellement le fait des deux mandats d’Emmanuel Macron. Mais les faits sont têtus. Plutôt que d'inventer des explications douteuses, le gouvernement ferait mieux de s'attaquer aux véritables causes de la montée du chômage.