Coup de théâtre sur le marché pétrolier : le cartel de l’OPEP+, réuni le 7 septembre 2025, a décidé d’augmenter une nouvelle fois sa production. Dès octobre, 137 000 barils par jour viendront s’ajouter à l’offre mondiale de pétrole.
Hausse de la production de pétrole : l’OPEP+ surprend les marchés

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, réunis au sein de l’OPEP+, a annoncé le 7 septembre 2025 une nouvelle hausse de sa production dès octobre. Les marchés, qui anticipaient un statu quo, doivent désormais intégrer cette inflexion dans leurs prévisions de prix et d’équilibre de l’offre.
Une orientation claire : augmenter l’offre de pétrole dans le monde
La réunion ministérielle, tenue en ligne, a rassemblé les représentants de huit pays producteurs : Arabie saoudite, Russie, Irak, Émirats arabes unis, Koweït, Kazakhstan, Oman et Algérie. Ensemble, ils ont décidé d’un relèvement de 137 000 barils par jour en octobre, selon BFMTV. Cette décision s’ajoute aux ajustements opérés depuis avril, qui représentent déjà 2,2 millions de barils par jour supplémentaires.
Et ce n’est peut-être pas terminé : le cartel a évoqué la possibilité de réinjecter progressivement jusqu’à 1,65 million de barils par jour en fonction de l’évolution de la demande. Les ministres de l’Énergie ont justifié leur choix par « des perspectives économiques mondiales stables et des fondamentaux de marché actuellement sains », selon le communiqué cité par BFMTV.
Un tournant par rapport aux années de restrictions
Depuis 2022, l’OPEP+ avait choisi de limiter drastiquement sa production afin de soutenir des prix mis à mal par la crise sanitaire, puis par la guerre en Ukraine. Des réductions massives, allant jusqu’à plusieurs millions de barils par jour, avaient été mises en place, au risque de créer des tensions diplomatiques avec les grands importateurs.
À partir de 2024, le cartel a amorcé un tournant. L’augmentation progressive de ses quotas vise désormais à récupérer des parts de marché face à des concurrents comme les États-Unis, dont la production de pétrole de schiste a bondi, ou encore le Brésil et le Canada. L’annonce de septembre 2025 s’inscrit dans cette logique offensive : rééquilibrer la compétition mondiale tout en maintenant une forme de discipline collective entre producteurs.
Des marchés financiers pris de court par la hausse de la production de pétrole
Les marchés attendaient une pause après la hausse de 547 000 barils par jour décidée pour septembre en août 205. La nouvelle décision a donc pris de court les investisseurs. Le Brent, référence mondiale, s’est replié vers 65 dollars le baril à l’annonce de l’accord, rapporte La Tribune.
Pour Jorge Leon, analyste de Rystad Energy, le risque est désormais de voir les cours passer sous les 60 dollars si le surplus s’avère supérieur à la demande. « Cette décision pourrait entraîner une pression baissière durable », estime-t-il, cité par Connaissance des Énergies. L’hypothèse inquiète certains pays producteurs, dont les budgets nationaux reposent sur un baril autour de 80 dollars, niveau qui est désormais de l’histoire ancienne.
Pourquoi cette hausse de la production de pétrole ?
L’Arabie saoudite, chef de file de l’OPEP, cherche à concilier plusieurs objectifs. D’un côté, elle veut éviter un envol des prix qui fragiliserait la demande mondiale et accélérerait la transition énergétique. De l’autre, elle vise à préserver ses revenus pétroliers, qui financent son programme de diversification économique « Vision 2030 ».
La Russie, pour sa part, profite de la coordination OPEP+ pour écouler son pétrole malgré les sanctions occidentales. En s’alignant sur une stratégie de hausse graduelle, Moscou maintient ses exportations tout en consolidant ses alliances énergétiques avec le Golfe et l’Asie, et en particulier l’Inde qui a déclaré, malgré la pression des Etats-Unis, qu’elle continuerait à acheter du pétrole russe. La Chine, de son côté, renforce avec la Russie ses achats de gaz naturel.
Quant aux pays comme l’Irak, le Koweït ou l’Algérie, ils voient dans cette augmentation une opportunité de renforcer leurs recettes budgétaires à court terme.
Les consommateurs en ligne de mire : vers une détente des prix ?
Cette politique a des conséquences directes pour les grands importateurs. En Europe, où la dépendance au pétrole demeure forte malgré les objectifs de neutralité carbone, la baisse du prix du baril pourrait alléger la facture énergétique des États et des entreprises. Elle offrirait également un répit bienvenu pour les ménages frappés par l’inflation.
En Asie, la Chine et l’Inde, premières consommatrices, observent avec satisfaction le desserrement de l’étau sur les prix. Pékin, en particulier, a multiplié les achats de pétrole russe à prix réduit et pourrait bénéficier d’une offre plus abondante pour diversifier ses approvisionnements. Aux États-Unis, la baisse des cours pèserait sur la rentabilité du pétrole de schiste, dont l’extraction devient moins viable sous les 60 dollars le baril.
