IA et Bitcoin : leur consommation électrique pèsera sur l’environnement

Alors que les technologies numériques se généralisent, leur consommation électrique devient une question centrale. L’intelligence artificielle (IA) et le Bitcoin, deux usages très différents, mobilisent des quantités d’énergie et d’électricité colossales.

Jade Blachier
By Jade Blachier Published on 18 avril 2025 14h34
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1,5 %Les data centers représentaient environ 415 térawattheures (TWh) de consommation électrique en 2024, soit près de 1,5 % de la demande mondiale.

Le 16 avril 2025, le site spécialisé Selectra a publié une étude comparative portant sur la consommation d’électricité liée à l’intelligence artificielle (IA) et au Bitcoin. Face à une demande énergétique en hausse, cette analyse met en lumière les ordres de grandeur réels de deux secteurs technologiques majeurs. L’intelligence artificielle est-elle plus énergivore que le Bitcoin ?

IA et électricité : l'ascension fulgurante d’un nouvel acteur énergétique

Les intelligences artificielles génératives, comme ChatGPT, nécessitent des capacités de calcul importantes. Cela se traduit directement en besoin d’électricité. Selon les données de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) rapportées par Selectra, les data centers représentaient environ 415 térawattheures (TWh) de consommation électrique en 2024, soit près de 1,5 % de la demande mondiale.

D’ici 2030, cette consommation pourrait atteindre 945 TWh par an, soit l’équivalent de la consommation actuelle du Japon. Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE, indique dans un communiqué du 10 avril 2025 : « La demande mondiale d’électricité des centres de données devrait plus que doubler au cours des cinq prochaines années, consommant d’ici 2030 autant d’électricité que l’ensemble du Japon aujourd’hui. »

En France, EDF anticipe cette évolution et propose depuis mars 2025 plusieurs sites connectés au réseau électrique pour accueillir des data centers. Objectif : générer 150 TWh de consommation supplémentaire d’ici 2035, dont 20 TWh dédiés à ces installations numériques.

Bitcoin : une consommation soutenue, mais relativement stable

De son côté, le Bitcoin mobilise également des quantités importantes d’électricité. En avril 2025, le Cambridge Bitcoin Electricity Consumption Index estime que le réseau Bitcoin mondial utilise 188,6 TWh par an, soit environ 0,74 % de l’électricité mondiale. Ce volume équivaut à la consommation annuelle de l’Afrique du Sud.

Cette consommation est supérieure à celle de l’extraction d’or (131 TWh), mais reste nettement inférieure à celle d’activités comme la production d’acier (1233 TWh) ou la climatisation mondiale (2199 TWh). Si la consommation du Bitcoin reste constante, son empreinte écologique demeure préoccupante, notamment en raison d’une forte dépendance aux sources fossiles.

Environnement : des impacts différenciés selon les usages

Les conséquences environnementales varient selon les secteurs. L’IA, comme le Bitcoin, repose sur des infrastructures complexes et consommatrices d’énergie. L’AIE estime que les émissions annuelles de CO₂ des data centers pourraient atteindre 300 à 500 millions de tonnes d’ici 2035, selon le rythme de croissance.

La consommation d’eau constitue un autre point de vigilance. Les data centers destinés à l’IA exigent des systèmes de refroidissement intensifs, souvent basés sur l’eau douce. À titre d’exemple, un centre de données spécialisé peut consommer autant d’électricité que 100 000 à 2 millions de foyers. En Espagne, dans la région d’Aragon, la construction de trois centres par Amazon a suscité une mobilisation locale, le mouvement « Tu nube seca mi río », dénonçant l’impact sur les ressources hydriques.

Ressources critiques : un facteur commun de tension

La fabrication des équipements nécessaires à l’intelligence artificielle comme au minage de cryptomonnaies dépend fortement de métaux rares. Le gallium, indispensable à la production de semi-conducteurs, est à 99 % fourni par la Chine. Cette dépendance soulève des interrogations stratégiques sur la sécurité d’approvisionnement.

Selon l’AIE, la demande en minéraux critiques pour les data centers est appelée à croître rapidement, dans un contexte de concentration géographique et de tension sur les marchés mondiaux.

Optimisation énergétique : un potentiel pour l’IA

Malgré une consommation croissante, l’intelligence artificielle présente également un potentiel d’optimisation. L’AIE souligne qu’elle pourrait contribuer à améliorer le fonctionnement des réseaux, à anticiper les pics de demande, et à accélérer l’innovation dans les énergies renouvelables.

« L’IA est un outil, potentiellement extrêmement puissant, mais c’est à nous, nos sociétés, nos gouvernements et nos entreprises, de décider comment nous l’utilisons. », souligne encore Fatih Birol. Toutefois, cette efficacité reste conditionnée à un encadrement rigoureux et à des orientations politiques claires

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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