IFI : les assureurs opposés à l’intégration de l’assurance-vie

Alors que le gouvernement envisage d’élargir l’impôt sur la fortune immobilière aux fonds en euros de l’assurance vie, les assureurs montent au créneau. Derrière cette réforme, rebaptisée « impôt sur la fortune improductive », se joue un bras de fer entre une volonté politique de taxer davantage le patrimoine et la Défense d’un produit d’épargne qui finance largement l’économie réelle.

Jean Baptiste Le Roux
By Jean-Baptiste Le Roux Published on 4 novembre 2025 11h17

L’assurance-vie, la nouvelle cible fiscale du gouvernement

L’assurance-vie, pilier de l’épargne des Français, pourrait bientôt être partiellement intégrée dans la base de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI). Ce changement résulte d’un amendement voté à l’Assemblée nationale, visant à transformer l’IFI en un "impôt sur la fortune improductive". L’objectif affiché : élargir l’assiette de la taxation au-delà de l’immobilier, en y incluant des actifs jugés peu productifs pour l’économie.

Seraient concernés : les objets de luxe, œuvres d’art, cryptomonnaies, liquidités, et désormais, les fonds en euros de l’assurance vie. Ce placement, historiquement perçu comme sûr et stable, représente pourtant l’un des vecteurs majeurs de financement de l’économie française. En effet, près de 80% des fonds en euros sont investis en obligations d’État et d’entreprises, contribuant directement à la solidité du tissu économique.

Les compagnies d’assurance redoutent donc une double peine : une fiscalité accrue sur un produit pourtant productif, et une perte d’attractivité auprès des épargnants. Ces derniers, déjà confrontés à la baisse des rendements et à l’inflation, pourraient être tentés de retirer une partie de leur épargne, au risque de fragiliser un marché qui pèse plus de 2.000 milliards d’euros.

Les assureurs opposés à un nouvel impôt

Pour les professionnels du secteur, cette réforme relève d’une incompréhension profonde du rôle de l’assurance vie. Les fonds en euros constituent une épargne longue, sécurisée, qui soutient la dette publique, finance les entreprises et stabilise le système financier en période de crise. Les qualifier "d’improductifs" serait donc, selon eux, une erreur de diagnostic aux conséquences lourdes.

Les assureurs insistent sur le caractère structurellement productif des placements réalisés à travers ces supports. En moyenne, près des deux tiers des encours sont investis dans des titres d’entreprises, et un quart dans des obligations souveraines. En d’autres termes, les fonds en euros irriguent l’économie réelle tout en protégeant le capital des épargnants. Les taxer reviendrait, selon plusieurs acteurs du secteur, à pénaliser la prudence et à affaiblir une source majeure de financement pour l’État et les entreprises.

Cette mesure serait perçue comme une rupture du pacte de confiance entre les épargnants et les pouvoirs publics. L’assurance-vie repose en grande partie sur la stabilité de son cadre fiscal. Toute incertitude ou instabilité législative risquerait de détourner les épargnants vers d’autres supports, moins productifs pour l’économie française ou localisés à l’étranger.

Jean Baptiste Le Roux

Jean-Baptiste Le Roux est journaliste. Il travaille également pour Radio Notre Dame, en charge du site web. Il a travaillé pour Jalons, Causeur et Valeurs Actuelles avec Basile de Koch avant de rejoindre Economie Matin, à sa création, en mai 2012. Il est diplômé de l'Institut européen de journalisme (IEJ) et membre de l'Association des Journalistes de Défense. Il publie de temps en temps dans la presse économique spécialisée.

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