Immobilier : acheter au Canada est toujours impossible

Au Canada, la crise du logement prend une tournure significative. Le gouvernement fédéral du Canada, dans un communiqué du 4 février 2024, a décidé de prolonger l’interdiction faite aux étrangers d’acheter des logements jusqu’en 2027.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 5 février 2024 à 10h56
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23,4%Entre 2021 et 2023, le prix moyen des loyers à Montréal a augmenté de 23,4%.

Le Canada prolonge l'interdiction d'achat de logement pour les étrangers

Le Canada fait face à une crise du logement sans précédent. Les prix des maisons et des appartements ont atteint des sommets, poussant le gouvernement à prendre des mesures drastiques. Pour la vice-première ministre, Chrystia Freeland : « En prolongeant l’interdiction d’investissement étranger (jusqu'en 2027), nous veillerons à ce que les logements servent de domicile aux familles canadiennes et à ce qu’ils ne deviennent pas des actifs financiers spéculatifs. »

Les investisseurs étrangers sont souvent pointés du doigt pour avoir contribué à l'inflation des prix immobiliers, notamment dans les grandes villes comme Toronto et Vancouver. Cette mesure avait initialement été mise en place en début d'année 2023, elle se prolongera ainsi jusqu'au 1ᵉʳ janvier 2027. Le gouvernement fédéral a toutefois précisé que cette loi ne s'appliquerait qu'aux résidences urbaines, excluant ainsi les biens touristiques. Des exceptions sont prévues pour les réfugiés, les résidents permanents, certains étudiants internationaux, et les travailleurs temporaires.

Construire plutôt qu'interdire

La décision du gouvernement de Justin Trudeau est loin de faire l'unanimité au Canada, de nombreux experts s'accordent à dire que la solution réside dans la construction de nouveaux logements. En effet, il est vrai que la demande pour des appartements locatifs a explosé, et que celle-ci est en grande partie due aux différentes mesures qui ont été mises en place par le Canada pour attirer les travailleurs étrangers. L'État de l'Ontario, par exemple, interdit depuis 2023 aux employeurs de demander une expérience locale minimum aux étrangers pour être embauchés. Pour autant, et d'après les chiffres de l'Agence fédérale des statistiques canadiennes, les investisseurs et propriétaires étrangers représentaient seulement entre 2 et 7 % des propriétaires de logements au Canada en 2021. C'est donc, comme en France, surtout le nombre de logements qui fait défaut. Le nombre d'unités disponibles est en effet à son plus bas niveau depuis 1988. Et la demande étant bien trop élevée par rapport à l'offre, les prix des loyers ne cessent de flamber. À Montréal par exemple, les loyers ont pris +11,3% entre décembre 2022 et décembre 2023. Entre 2021 et 2022, ils avaient déjà augmenté de +12,1%. 

Le gouvernement fédéral, dans son communiqué du 4 février 2024, a annoncé qu'il allait massivement investir dans la construction de nouveaux logements et la réaffectation de terrains fédéraux pour répondre à la demande croissante. Le gouvernement canadien prévoit également d'instaurer un plafond sur les visas pour les étudiants étrangers et d'abolir la TPS sur la construction de nouveaux logements locatifs. Autrement dit, le Canada ne sera, au moins jusqu'en 2027, plus un eldorado pour les étrangers.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin depuis septembre 2023.

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