Immobilier : les banques bloquent de plus en plus de ventes

Concrétiser un projet immobilier, en 2022, devient de plus en plus compliqué. La hausse des prix, continue depuis des années, a poussé le marché à des niveaux records… qui n’inquiétaient pas les acheteurs du fait des taux historiquement bas des crédits.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 23 mars 2023 à 10h02
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37,1%37,1% des acheteurs aant essuyé un refus de crédit n'étaient pas des primo-accédants.

Mais la situation commence à s’inverser et de plus en plus de ventes se retrouvent bloquées par les banques.

Un acheteur sur dix s’est vu refusé le prêt immobilier

Selon une étude réalisée par le site d’annonces immobilières PAP.fr et publiée le 30 novembre 2022, le nombre d’acheteurs qui a connu un refus de prêt de la part de sa banque est en forte hausse. De seulement 1,8% en novembre 2021, il aurait atteint 9,4% en novembre 2022. En d’autres termes : sur dix dossiers de crédit immobilier, un est refusé par la banque… ce qui conduit à la non-réalisation de la vente.

Le taux est en hausse… et atteint surtout un niveau inédit depuis des années. L’indicateur a été « stable », souligne PAP.fr, « sur les 10 dernières années ». Et il se situait entre 1 et 2%. Désormais, c’est cinq fois plus de dossiers qui sont refusés, conduisant les acheteurs à devoir renoncer à leur projet, mais aussi les vendeurs à devoir remettre leur bien en vente.

Et si ces derniers vendaient leur bien actuel pour changer de résidence, par exemple, ce projet-là aussi se retrouve bloqué.

Le taux d’usure à l’origine de plus d’un refus sur deux

Sans réelle surprise, c’est le taux d’usure qui bloque. Fixé par la banque de France à 3,05% pour les prêts de 20 ans et plus, les plus courants dans le secteur immobilier, il est souvent dépassé par les dossiers à cause de la hausse des taux d’intérêts. Sur l’ensemble des refus de crédit, selon l’étude de PAP.fr, 62,1% sont liés au dépassement de ce taux. Car la loi est claire : un dossier dont le TAEG dépasse le taux d’usure ne peut être signé.

Le taux d’endettement total du ménage serait la raison de 30,5% des refus de crédit immobilier par les banques, suivi de la « situation personnelle » (21,7%) et d’un apport personnel insuffisant.

Obtenir un prêt immobilier se révèle donc de plus en plus un parcours du combattant… Et ce alors que les taux ont tendance à augmenter et que la Banque de France ne s’est pas prononcée sur une hausse du taux d’usure pour le premier trimestre 2023. Cette dernière est d’ailleurs frileuse concernant une hausse de ce taux.

Le refus de crédits immobiliers va-t-il faire chuter les prix ?

Le problème devient majeur dans le secteur immobilier car… il ne touche pas uniquement les dossiers fragiles. Dans 37,1% des cas de refus, précise l’étude de PAP, il ne s’agissait pas d’une primo-acquisition… mais dans la très grande majorité des cas (83%) de l’achat de la résidence principale.

Le marché se retrouve donc bloqué, avec 52% des acheteurs ayant changé leurs critères à la suite du refus. Il a changé soit la taille du bien recherché (25%) soit la localisation (27%). Mais l’inquiétude monte : « 60,4% de l’ensemble des acheteurs ayant recours au crédit indiquent être inquiets du financement de leur acquisition ».

Pour autant, les acheteurs sont confiants d’un fait : face aux difficultés rencontrées par les vendeurs pour conclure les ventes, les prix de l’immobilier devraient baisser. C’est en tout cas l’avis de 41,4% des interrogés par PAP.fr.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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