Télécoms : Bouygues et SFR vendent leur entreprise commune à un repreneur américain

3 700 sites télécoms. Un modèle vieux de dix ans. Et un repreneur venu de Floride. La cession d’Infracos pourrait bien bouleverser le paysage des infrastructures mobiles en France.

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By Grégoire Hernandez Published on 1 août 2025 10h30
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Télécoms : Bouygues et SFR vendent leur entreprise commune à un repreneur américain - © Economie Matin
56,8 MILLIARDS €Le chiffre d'affaires annuel de Bouygues s'établit à 56,8 milliards d'euros en 2024.

C’est une opération discrète, mais structurante. Deux poids lourds des télécoms français s’apprêtent à tourner une page stratégique en se séparant d’un maillon essentiel de leur couverture réseau. Le tout, au profit d’un acteur américain déjà bien introduit dans l’Hexagone.

Infracos : un pilier discret du réseau télécoms en France

Créée en 2014 dans le cadre des accords dits « Crozon », Infracos n’est pas une société anecdotique. Cette coentreprise détenue à parts égales par Bouygues Telecom et SFR a été fondée pour mutualiser le déploiement d’infrastructures télécoms dans les zones rurales françaises. Elle détient aujourd’hui quelque 3 700 sites (tours, toits, pylônes), autant de points d’appui essentiels pour le réseau mobile dans les territoires peu densément peuplés. Infracos possède non seulement les baux mais aussi les équipements passifs, qu’elle met à disposition de ses fondateurs via des contrats d’hébergement. Un système efficace, rodé, et financièrement stable depuis plus d’une décennie.

Le 30 juillet 2025, Bouygues Telecom et SFR ont annoncé l’entrée en négociations exclusives avec Phoenix Tower International, opérateur américain spécialisé dans les infrastructures mobiles. L’objectif : céder la totalité du capital et des droits de vote d’Infracos. L’opération, soumise aux consultations sociales et aux autorisations réglementaires (Autorité de la concurrence, ARCEP et ministère de l’Économie), devrait être finalisée d’ici à décembre 2025. Côté chiffres, l’impact est significatif : Bouygues Telecom espère une réduction de sa dette nette comprise entre 300 et 350 millions d’euros, tandis que SFR table sur un produit brut total d’environ 480 millions d’euros, selon ses propres estimations.

Bouygues/SFR : pas la même stratégie

Derrière cette cession, deux visions économiques. Bouygues Telecom, en bonne santé, utilise cette vente comme levier de réallocation de capital pour investir davantage dans la fibre et la 5G. SFR, en revanche, est plus contraint. Sa maison-mère, Altice France, traverse une séquence financière délicate, avec des velléités de cession en toile de fond. La transaction avec Phoenix représente donc, pour l’opérateur au carré rouge, une bouffée de liquidités bienvenue. « Cette opération devrait lui permettre la poursuite de son développement », précise Bouygues Telecom dans son communiqué officiel du 30 juillet 2025.

Phoenix Tower International, basé en Floride, n’est pas un inconnu pour Bouygues Telecom. Depuis 2020, les deux entreprises coopèrent déjà sur des infrastructures mobiles. Cette familiarité a sans doute joué un rôle dans la sélection de Phoenix au terme d’un appel d’offres compétitif. Spécialisé dans la construction et la gestion de pylônes télécoms, le groupe américain poursuit son expansion en Europe en s’appuyant sur un modèle éprouvé de rentabilité passive. Avec Infracos, Phoenix met la main sur un actif solide, géographiquement stratégique, et techniquement opérationnel.

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Étudiant en école de journalisme. Journaliste chez Économie Matin de 2023 à 2025.

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