Stephan Winkelmann, patron de Lamborghini, a reconnu publiquement, le 27 août, que les incertitudes liées aux taxes douanières pèsent sur les décisions d’achat de ses clients américains. Bien que la Lamborghini demeure le symbole ultime du supercar, certains acheteurs repoussent leurs commandes, inquiets face à la perspective d’un droit de douane fixé à 27,5 %. Un paradoxe, le luxe absolu se heurte à la réalité économique.
Lamborghini freinée par les taxes, même les riches hésitent à acheter

Quand la Lamborghini se heurte au mur des taxes
Pour la marque au taureau, les États-Unis représentent un marché clé. Pourtant, depuis que Washington a confirmé l’application d’un tarif douanier de 27,5 % sur les véhicules européens importés, l’élan des acheteurs s’est refroidi. Stephan Winkelmann a confié à CNBC, cité par Quartz, que « Certains millionnaires et milliardaires attendent des taux tarifaires plus favorables. ». Ainsi, même les plus fortunés préfèrent attendre avant de sortir le carnet de chèques.
Cet attentisme a un effet concret, les clients veulent d’abord savoir si le montant final inclura ce surcoût conséquent. Comme l’a résumé le patron de la firme italienne, dans des propos rapportés par Business Insider : « Certains attendent parce qu’ils veulent être sûrs que ce sera le nombre définitif qui sera mis en place. » Même avec une fortune colossale, un acheteur de Lamborghini calcule avant de signer. Le marché américain, où les modèles se négocient entre 200 000 $ et plus de 600 000 $, pourrait donc connaître un ralentissement marqué.
Des Lamborghini plus chères, même en Europe
En parallèle des incertitudes américaines, Lamborghini a déjà révisé ses prix à la hausse. Les modèles Temerario et Urus affichent une augmentation de 7 %, tandis que le tout dernier Revuelto grimpe de 10 %. Ces ajustements témoignent d’un contexte mondial tendu, où la marque tente de préserver ses marges malgré les menaces tarifaires. Or, les taxes et ces hausses conjuguées deviennent un frein psychologique pour certains clients. À titre d’exemple, un Urus tarifé autour de 200 000 $ se retrouve mécaniquement plus cher de 14 000 $ aux États-Unis rien qu’avec la surtaxe, sans compter les augmentations internes.
Pour un Revuelto estimé à 500 000 $, la note grimpe de 50 000 $ supplémentaires. Même un milliardaire, confronté à une telle différence, peut juger plus sage de différer son achat. La Lamborghini reste un objet de désir inaccessible pour 99 % de la population, mais ses acheteurs potentiels raisonnent comme tout consommateur face à l’instabilité des prix. Ainsi, ce ne sont plus seulement les classes moyennes qui s’inquiètent des taxes, mais également les élites fortunées.
Des résultats solides menacés par la guerre commerciale
Pourtant, les fondamentaux de la marque demeurent robustes. Selon Reuters, Lamborghini a réalisé en 2024 un chiffre d’affaires record de 3,09 milliards d’euros, en hausse de 16 %. Son résultat opérationnel a atteint 835 millions d’euros (+15,5 %) et ses ventes mondiales se sont établies à 10 687 véhicules. Ces performances confirmaient la solidité du marché du supercar, soutenu par une demande mondiale toujours vive. Néanmoins, la menace est bien réelle, si les taxes américaines se maintiennent à 27,5 %, les volumes de Lamborghini aux États-Unis risquent de s’effriter.
Or, ce marché est stratégique non seulement en termes d’unités écoulées, mais aussi pour l’image et la visibilité mondiale de la marque. Un ralentissement outre-Atlantique pourrait envoyer un signal négatif à l’ensemble du secteur automobile de luxe. Face à ce contexte, la communication de Stephan Winkelmann n’a rien d’anodin. Reconnaître que « même les acheteurs de Lamborghini attendent » constitue une alerte implicite à la fois pour les gouvernements et pour les investisseurs. C’est un rappel que le luxe automobile, aussi flamboyant soit-il, n’est pas immunisé contre les guerres commerciales et les hausses tarifaires.
