Selon une étude Mastercard menée à l’occasion du Mois européen de la cybersécurité, 70 % des Français se disent plus préoccupés qu’il y a deux ans par les arnaques en ligne. L’essor de l’intelligence artificielle et la sophistication croissante des fraudes font de la sécurité numérique un enjeu quotidien.
Les arnaques numériques inquiètent plus de sept Français sur dix
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Published on 7 octobre 2025 10h42
80 %80 % des Français ont fait l’objet d’une tentative d’arnaque cette année
La cybersécurité, un sujet omniprésent
L’étude Mastercard réalisée par The Harris Poll entre le 8 et le 25 septembre 2025 révèle un changement profond dans la perception de la sécurité numérique. Près de 70 % des Français se déclarent plus inquiets qu’il y a deux ans face aux arnaques en ligne, et 61 % estiment qu’il est désormais plus difficile de protéger ses données personnelles que sa propre maison. Signe d’un basculement culturel, la cybersécurité s’immisce désormais dans la vie courante : 52 % des personnes interrogées disent en avoir parlé à table au cours du dernier mois — un niveau supérieur aux discussions sur la sécurité de l’emploi.
Cette vigilance nouvelle face aux arnaques traduit l’ancrage d’un sujet devenu omniprésent. Un Français sur deux (51 %) pense à sa sécurité numérique au moins une fois par semaine. Ces chiffres traduisent une préoccupation collective, nourrie par la multiplication des escroqueries en ligne, mais aussi par l’arrivée de l’intelligence artificielle (IA), qui rend les attaques plus réalistes et plus difficiles à détecter.
Des arnaques qui touchent toutes les générations
Le phénomène ne connaît pas de frontière d’âge : 80 % des Français ont fait l’objet d’une tentative d’arnaque cette année, et près d’un quart (24 %) y ont répondu. Les jeunes adultes se révèlent les plus vulnérables : 47 % des membres de la Génération Z et 38 % des Millennials ont déjà interagi avec un message frauduleux. Les escroqueries les plus fréquentes concernent le commerce en ligne (30 %), les cryptomonnaies et investissements (24 %), ou encore l’usurpation d’identité (23 %).
Dans la majorité des cas, ces fraudes entraînent des pertes financières : 76 % des victimes ont perdu de l’argent, souvent plus de 100 euros.
Cependant, la honte freine encore la prise de parole. Près d’un Français sur deux (48 %) reconnaît qu’il aurait du mal à avouer s’être fait piéger, tandis que 40 % se diraient embarrassés d’en parler à leur entourage. Ce tabou empêche la prévention de progresser, alors que seulement 32 % jugent négativement les victimes.
Un impact direct sur la confiance économique
Au-delà des pertes individuelles, les arnaques numériques sapent la confiance entre consommateurs et entreprises. 52 % des Français déclarent qu’ils cesseraient de fréquenter un commerçant après une fraude survenue via son site ou ses services. Et lorsqu’ils en parlent autour d’eux — ce que font 66 % des personnes touchées — la réputation de l’entreprise peut s’effondrer. Les petits commerçants sont les plus exposés : 58 % des consommateurs affirment privilégier désormais les grandes enseignes perçues comme plus sûres.
Ces comportements illustrent une forme de rationalité économique : la sécurité numérique devient un facteur de compétitivité au même titre que le prix ou la qualité du produit. Pour les entreprises, investir dans la cybersécurité n’est plus une option technique, mais un élément central de leur stratégie de fidélisation.
L’intelligence artificielle, nouveau carburant des arnaques
La montée en puissance de l’IA transforme la nature même des menaces. En France, seuls 7 % des consommateurs estiment pouvoir reconnaître avec certitude une arnaque générée par intelligence artificielle. L’inquiétude est massive : 74 % redoutent des attaques automatisées, 73 % craignent des détournements de systèmes d’IA, et 72 % pointent le risque de phishing plus réaliste.
Plus inquiétant encore, 70 % des Français pensent que les deepfakes pourraient menacer la sécurité nationale dès l’an prochain, tandis que 67 % jugent que l’IA aggrave globalement la menace cyber.
Ces données confirment un glissement du risque vers des zones autrefois réservées aux experts. La fraude n’est plus seulement une affaire de piratage : elle devient une question de confiance numérique. Pour Barbara Sessa, directrice générale de Mastercard France, « la sécurité numérique façonne désormais la manière dont les consommateurs vivent, achètent et interagissent en ligne. »
Banques et institutions : un rempart encore inégal
Face à ces risques, les Français placent leur confiance dans les acteurs financiers : 57 % leur accordent plus de crédibilité qu’aux institutions publiques (44 %). 63 % pensent même que leur banque les protège mieux qu’ils ne le feraient eux-mêmes. Cette perception illustre le rôle stratégique du secteur financier, qui combine technologie et pédagogie pour rassurer les usagers.
Pour autant, la prévention reste un défi. Si 64 % vérifient les expéditeurs d’e-mails et 61 % utilisent des mots de passe robustes, une majorité (58 %) souhaiterait bénéficier d’une formation dédiée à la cybersécurité. Les Français ne manquent donc pas de vigilance ; ils manquent d’outils et d’éducation adaptés à la sophistication des nouvelles arnaques.