Marché de la défense : les PME et start-up françaises à la conquête de la croissance

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By Jehanne Duplaa Published on 9 octobre 2025 12h00
Marché de la défense : les PME et start-up françaises à la conquête de la croissance
Marché de la défense : les PME et start-up françaises à la conquête de la croissance - © Economie Matin
43 %43 % des entreprises qui ne sont pas encore implantées dans le secteur de la défense souhaiteraient s’y développer, selon une étude menée par Bpifrance Le Lab

Publié le 8 octobre 2025, le rapport Aux armes, dirigeants ? de Bpifrance Le Lab dresse le portrait d’un écosystème en pleine recomposition. Dans un contexte de réarmement mondial et de relocalisation des chaînes de valeur, le secteur de la défense apparaît comme un nouveau moteur de compétitivité pour les PME et ETI françaises. En cherchant à diversifier leurs débouchés, ces acteurs misent sur un marché à la fois soutenu par la commande publique et porteur de retombées économiques durables.

Un secteur de la défense devenu vecteur de croissance industrielle

Selon Bpifrance Le Lab, 43 % des entreprises non encore implantées dans la défense souhaitent s’y développer, tandis que 94 % de celles déjà présentes veulent renforcer leurs positions. Ces chiffres traduisent une dynamique économique de fond, portée par la hausse des budgets militaires et l’essor des besoins technologiques associés.

Le marché mondial de la défense est évalué à près de 2 500 milliards de dollars, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI). Pour la France, la Loi de programmation militaire prévoit 413,3 milliards d’euros sur la période 2024-2030, soit une progression de 40 % par rapport au cycle précédent. Cette expansion irrigue tout un pan de l’économie nationale : électronique embarquée, cybersécurité, robotique, IA et matériaux avancés figurent parmi les domaines les plus porteurs pour les entreprises.

Les PME qui souhaitent rejoindre ce marché présentent un profil économique plus robuste que la moyenne : elles sont 14 % de start-up, contre 9 % dans les secteurs non liés à la défense, et affichent une croissance supérieure de 10 à 20 points à celle des autres entreprises, selon Bpifrance. Ce positionnement traduit une logique de montée en gamme industrielle et d’investissement dans l’innovation, moteur essentiel de compétitivité.

Un marché attractif, mais structuré par des barrières économiques et financières

L’accès à la défense demeure cependant contraint par plusieurs freins. L’étude du Bpifrance Le Lab indique que 73 % des dirigeants extérieurs au secteur évoquent un manque de visibilité auprès des donneurs d’ordre. La complexité administrative, la longueur des cycles de développement et la nécessité d’obtenir des certifications spécifiques constituent autant de barrières à l’entrée.

Sur le plan économique, le besoin de financement reste massif. Selon les projections de Bpifrance, la montée en cadence industrielle exigera 15 milliards d’euros d’ici 2030, répartis entre 5 milliards de fonds propres et 10 milliards de dette. Ces montants traduisent la profondeur de la transformation à l’œuvre. Pour nombre de dirigeants, l’accès au financement demeure la clé pour franchir le seuil de la production duale, capable de répondre à la fois aux marchés civils et militaires.

Malgré ces obstacles, le secteur séduit par sa stabilité. Les contrats pluriannuels et la visibilité offerte par la commande publique constituent des atouts majeurs dans un environnement économique incertain. Comme le souligne l’étude, les entreprises de la défense bénéficient d’une meilleure résistance aux crises conjoncturelles et d’un potentiel d’exportation supérieur à la moyenne.

Des dispositifs publics et financiers pour structurer la filière

Face à cet engouement, les pouvoirs publics adaptent leur stratégie de soutien. Le fonds Bpifrance Défense, doté de 450 millions d’euros, constitue la pierre angulaire de cette politique industrielle. Accessible aux particuliers dès 500 euros, il cible les entreprises non cotées spécialisées dans la cybersécurité, l’aéronautique, l’imagerie spatiale et la robotique.

Ce dispositif s’inscrit dans un ensemble plus large de mesures : le Prêt DEF’FI, conçu pour financer les besoins immatériels et matériels des PME, ou encore l’Accélérateur Défense, programme de formation et de mise en réseau. Parallèlement, les initiatives régionales — à l’image des clusters de défense soutenus par la Caisse des Dépôts — favorisent l’ancrage territorial et la mutualisation des compétences industrielles.

Ces outils répondent à un double objectif : soutenir la croissance des entreprises et renforcer la souveraineté économique française. Dans un contexte de fragmentation géopolitique, la défense devient un levier de consolidation du tissu productif et un vecteur de réindustrialisation durable.

La défense, pilier d’une nouvelle stratégie de souveraineté économique

Au-delà de sa dimension stratégique, le secteur de la défense incarne une reconfiguration du modèle économique français. En s’appuyant sur un tissu d’entreprises innovantes, l’État cherche à créer un écosystème capable d’assurer la continuité des chaînes critiques, de soutenir l’emploi industriel et de stimuler la recherche.

Si la tendance se confirme, la défense pourrait devenir l’un des moteurs les plus puissants de la croissance nationale au cours de la prochaine décennie. Le pari de Bpifrance est clair : faire de l’investissement dans la défense non pas un choix conjoncturel, mais une stratégie économique durable fondée sur la compétitivité, la technologie et la résilience.

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