Méduses : la centrale nucléaire de Gravelines forcée de s’incliner

Ce lundi 11 août 2025, la plus grande centrale nucléaire de France a dû courber l’échine… devant une armée de méduses. Invisibles ennemies, elles ont réussi là où aucune panne technique n’avait frappé depuis des années : arrêter net quatre réacteurs de Gravelines.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 11 août 2025 15h00
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Méduses : la centrale nucléaire de Gravelines forcée de s’incliner - © Economie Matin
86,9%Le nucléaire représente 86,9 % de la production d'électricité d'EDF

La centrale nucléaire de Gravelines, implantée sur le littoral du Nord, a vécu une journée pour le moins inhabituelle le 10 août 2025. Non pas une défaillance mécanique ni un problème électrique, mais une marée gélatineuse venue tout droit des profondeurs : un banc massif de méduses, qui a obligé EDF à couper automatiquement plus de la moitié de ses réacteurs.

Quand le refroidissement tourne court… à cause de méduses

Les réacteurs nucléaires, comme ceux de Gravelines, puisent en continu de l’eau de mer pour refroidir leurs systèmes. Ce matin-là, ce qui devait n’être qu’un flux régulier s’est transformé en gelée compacte. EDF, dans un communiqué publié le 11 août 2025, explique que la présence massive de méduses a obstrué les grilles filtrantes. Les capteurs de sécurité ont aussitôt ordonné l’arrêt automatique des réacteurs 2, 3, 4 et 6.

Un geste prudent, car sans circulation d’eau de mer, les installations ne peuvent pas maintenir leur température optimale. Les méduses, elles, semblent avoir poursuivi leur route, insensibles à la pagaille qu’elles venaient de semer.

Gravelines, avec ses six unités de 900 mégawatts, fournit environ 5 % de l’électricité en France. L’arrêt de quatre réacteurs n’est donc pas anodin. Pourtant, EDF rassure : l’approvisionnement reste garanti grâce à la flexibilité du réseau et aux autres moyens de production. La remise en route se fera une fois les circuits dégagés et les méduses éloignées. Mais dans l’attente, les équipes s’activent pour nettoyer les grilles et surveiller l’évolution du phénomène.

Nettoyer les méduses pour relancer les réacteurs nucléaires

Comme l’a détaillé l’Agence Reuters le 11 août 2025, des engins de levage et des systèmes de raclage mécanique ont été mobilisés pour retirer les amas de méduses, parfois collées en épaisseur contre les filtres. Les opérations sont menées en continu, avec l’appui des équipes maritimes locales. Ces protocoles, conçus pour des « intrusions biologiques » ponctuelles, sont bien rodés… mais rarement sollicités pour un arrêt aussi massif. EDF souligne qu’aucune conséquence n’est à déplorer sur la sûreté de l’installation ni sur la santé publique.

Ce n’est pas la première fois que la nature s’invite dans la mécanique de précision d’une centrale nucléaire. En 2011 déjà, une invasion de méduses avait forcé l’arrêt d’un réacteur en Écosse. À Gravelines, les causes précises de cette prolifération n’ont pas été détaillées. Les scientifiques évoquent souvent, pour ce type d’épisodes, un mélange de température élevée, de reproduction estivale et de courants marins favorables. Reste que la scène, presque digne d’un documentaire animalier, a suffi à immobiliser plusieurs milliers de mégawatts de puissance électrique.

L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) suit l’affaire et l’inscrira dans ses prochains rapports. Mais l’épisode pourrait aussi relancer la réflexion sur la résilience des centrales côtières face aux humeurs du milieu marin.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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