Mondialisation : que comptez-vous faire ?

(Message ouvert à l’intention de toute la classe politique)

Par Bertrand de Kermel Publié le 19 juin 2023 à 14h50
Mondialisation Danger Democratie Entreprises Capitalisme Risque
1,1%La Commission européenne tablait sur une croissance de 1,1% en 2023 pour la zone euro.

Premier clignotant. Discours à DAVOS sur la mondialisation

Le 23 janvier 2010, le Président de la République Française prononça un discours au vitriol sur la mondialisation, lors du Forum de Davos. Il déclara notamment: « Alors moi je crois, Professeur SCHWAB, qu'on n'a pas le choix. Ou bien nous changerons de nous-mêmes, ou bien les changements nous seront imposés. Par quoi ? Par Qui ? Par les crises économiques, par les crises politiques et par les crises sociales. Faisons le choix de l'immobilisme et le système sera balayé, et il l'aura mérité ! »

Que comptez-vous faire ? Ces crises ont déjà commencé. On peut citer le mouvement des indignés (Stéphane Hessel, 2010), les printemps arabes (2011), Occupy Wall Street (2011), Nuit debout (2016), Les gilets jaunes (2018), plus films et livres…

Deuxième clignotant. « Votre mission sera de réorganiser le monde »

Tel était le titre de d’un article publié par Les Echos du 20 janvier 2014, rédigé par Monsieur Klaus Schwab, Président du Forum de Davos. Il s’adressait aux seuls très grands acteurs économiques. La volonté de prendre le pouvoir politique était bien claire.

Que comptez-vous faire ?

Troisième clignotant. La mondialisation est un échec

Toujours dans le même article, Klaus Schwab ajoutait : «… J'estime que cette situation est le résultat d'un échec collectif face à la façon de gérer les conséquences de la mondialisation. Un échec qui s'est construit pas à pas au cours des dizaines d'années qui viennent de s'écouler». Quel aveu !

Que comptez-vous faire ?

Quatrième clignotant : Le coup de massue

Le 22 septembre 2020, le Président de la République Française dressait un bilan au vitriol (2 mn de lecture) de la mondialisation devant l’Assemblée Générale des Nations Unies. Il déclarait en substance : La mondialisation heureuse était un mensonge. Les classes moyennes des pays développés ont servi de variables d’ajustement de la mondialisation. Les dépendances consécutives à la désindustrialisation remettent en cause la souveraineté de nos pays. Le creusement des inégalités est à un tel niveau qu’il devient insoutenable et fera disparaître la démocratie ». Idem pour le nouvel ordre mondial. Ce tableau n’est-il pas terrifiant ?

Que comptez-vous faire ?

Cinquième clignotant. « Le modèle économique américain n’est plus sous contrôle démocratique »

Savez-vous que le 15 mai 2019, lors du salon Vivatech  le président Macron déclarait : « Le modèle économique des Etats Unis n’est plus sous contrôle démocratique. Il ajoutait : « aucun gouvernement américain ne peut vous garantir de vraies politiques comme le changement climatique ». Quel aveu ! Source : l’Opinion, du 16 mai 2019. Donald Trump n’a jamais démenti.

Que comptez-vous faire ?

Sixième clignotant : La déclaration de guerre aux démocraties

En ouvrant le forum de Davos en 2022, Klaus Schwab déclarait : « Soyons clair, le futur n’est pas juste en train d’arriver, il est construit par nous, une communauté puissante ici dans cette salle… Nous avons les moyens d’imposer le sort du monde » ! En clair, élus et chefs d’Etats sont désormais ouvertement méprisés par les grands acteurs économiques.

Que comptez-vous faire ?

Septième clignotant : Il est impossible de faire cohabiter une mondialisation forte, avec la souveraineté et la démocratie d’un pays

Un économiste d’Harvard, Dani Rodrik, a démontré en 2010 que les trois notions suivantes sont incompatibles entre elles : la démocratie, la souveraineté de l'Etat Nation, et une mondialisation forte. Seules, deux de ces trois notions peuvent être associées. Tous les économistes connaissent cette analyse.

Ainsi la démocratie et l'Etat-Nation cohabitent sans problème si la mondialisation est contenue. Si la mondialisation et la démocratie se développent, l'Etat Nation tend à disparaître. Si la mondialisation et l'Etat Nation se développent, la démocratie est condamnée.

C’est pourquoi, la mondialisation doit être « contenue ». Il faut : soit l’aménager pour y insérer une part de protectionnisme, soit la régionaliser. L’UE refuse tout aménagement significatif. Doctrinaire néo libérale au plus haut degré, elle maintient une mondialisation forte. Tant pis pour la démocratie.

Que comptez-vous faire ?

Est-il trop tard ?

La démocratie est condamnée à mort par la logique actuelle du commerce international. La France peut-elle rester silencieuse ?

Deux actions sont à conduire pour éviter cette mise à mort de la démocratie.

1 - Ne pas donner LA clé du pouvoir aux lobbies.

Pour obtenir le vrai pouvoir sans retour en arrière possible, il manque un seul élément aux très grandes multinationales.  Il leur faut un tribunal supra national, qui puisse bafouer les lois et les jurisprudences nationales. C’est LA clé du pouvoir absolu sur une population, y compris ses élus.

Que fait l’UE ? Elle est en train d’offrir ce tribunal aux lobbies, sur un plateau d’argent, dans l’opacité la plus totale. Ce Tribunal, dénommé « cour de justice internationale », sera réservé aux seules grandes entreprises mondiales (et pas aux entreprises nationales).

Il faut s’opposer à cette Cour internationale fantoche dont le seul objet est de contourner la volonté des peuples. La France ne pourra plus jamais en sortir.

2- Il faut en outre « contenir la mondialisation », pour que la démocratie s’épanouisse dans tous les cas. (voir le clignotant N°7). Soit la régionaliser, soit y insérer une dose de protectionnisme.

Ajoutons qu’une politique de relocalisation, sans lien avec une refonte parallèle de la mondialisation sera, à terme, un coup d'épée dans l'eau, puisque c’est la mondialisation forte actuelle qui a provoqué les délocalisation. « La folie c’est de recommencer toujours la même chose et d’attendre un résultat différent » disait Einstein.

Si vous ne traitez pas rapidement le sujet dans son ensemble, qui s’en chargera ?

Ancien directeur général d'un syndicat patronal du secteur agroalimentaire, Bertrand de Kermel est aujourd'hui Président du comité Pauvreté et politique, dont l'objet statutaire est de formuler toutes propositions pour une "politique juste et efficace, mise délibérément au service de l'Homme, à commencer par le plus démuni ". Il est l'auteur de deux livres sur la mondialisation (2000 et 2012)

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1 commentaire on «Mondialisation : que comptez-vous faire ?»

  • Merci Monsieur de Kermel pour cette analyse complète et visionnaire. M’autorisez-vous à la rediffuser par ailleurs dans son intégralité et en vous citant bien sûr comme son auteur ?

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