Mousquetaires-Intermarché : 30 magasins ex-Casino sur la sellette, 680 emplois menacés

Le 3 avril 2025, le groupement Les Mousquetaires-Intermarché a annoncé qu’il « envisage la fermeture » de trente magasins anciennement exploités par Casino. Ces enseignes, reprises dans le cadre d’un vaste plan de restructuration initié depuis octobre 2023, concernent environ 680 emplois. Une annonce choc qui intervient moins de deux ans après l’opération de rachat.

Stephanie Haerts
By Stéphanie Haerts Last modified on 8 avril 2025 13h46
Mousquetaires-Intermarché : 30 magasins ex-Casino sur la sellette, 680 emplois menacés
Mousquetaires-Intermarché : 30 magasins ex-Casino sur la sellette, 680 emplois menacés - © Economie Matin

Des ambitions d'expansion mises en échec

Derrière les chiffres de la reprise, 294 magasins rachetés à Casino, se cache un échec discret. Si le groupe Mousquetaires-Intermarché clamait en mars 2025 que l'opération représentait « 15 ans de développement de surface commerciale » avec une perspective de « 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel supplémentaire », la réalité a brutalement rattrapé les ambitions.

Dans un communiqué diffusé le 3 avril 2025, le groupe se justifie : « Toute exploitation commerciale est à ce jour impossible pour 30 magasins regroupant près de 680 salariés. » Et d’ajouter dans des propos partagés par Le Figaro : « L’équilibre financier reste inatteignable pour un nombre limité de magasins », malgré « la pleine mobilisation du groupement depuis des mois ».

Des loyers irréalistes et la clientèle envolée

À qui la faute ? À Casino ? Aux bailleurs ? Aux charges ? Les raisons évoquées par Les Mousquetaires-Intermarché sont sans appel, dans des propos partagés par France Info : « un manque d’investissements trop important ces dernières années, des taux de charges trop élevés par rapport à la réalité économique du marché et une politique commerciale inadaptée ayant eu pour conséquence de fidéliser les clients vers d’autres enseignes concurrentes ».

Dans un secteur où les marges sont minces et les loyers pesants, Intermarché pointe aussi le doigt sur des bailleurs inflexibles : « pour certains de ces magasins, les loyers restent décorrélés des prix du marché malgré les nombreuses négociations menées », déplore le groupe.

Les salariés Mousquetaires-Intermarché en ligne de mire

Un chiffre froid, impersonnel, derrière lequel se cachent des vies chamboulées. Ces femmes et ces hommes, employés dans des magasins de Millau, Metz, Meaux ou encore Perpignan, ont appris brutalement que leur avenir professionnel était suspendu à des calculs de rentabilité. Les représentants du personnel ont été convoqués pour un Comité social et économique (CSE) exceptionnel.

Le groupe se veut rassurant : « un accompagnement individuel sera proposé à chaque salarié et différentes possibilités dont des offres d’emplois au sein du groupement seront proposées aux salariés concernés », peut-on lire sur France Info. Mais quelle est la valeur réelle de ces promesses dans un marché du travail déjà saturé, et pour des postes souvent géographiquement éloignés ? Les syndicats, pour l’instant, observent. Mais la colère monte.

Une faillite silencieuse

L’opération de reprise menée en 2023 avait été saluée comme une bouée de sauvetage. Intermarché se présentait alors en chevalier blanc, reprenant des enseignes en difficulté, préservant plus de 10 000 emplois. Moins de deux ans plus tard, la chute est d’autant plus brutale. Ce revers stratégique dévoile les failles structurelles du modèle : un manque d’étude préalable ? Une sous-estimation de la vétusté des magasins ? Une croyance exagérée dans la reconquête client ? Derrière cette série de fermetures, c’est un échec de méthode que certains analystes commencent à pointer du doigt.

Le contexte n’aide pas : baisse de la consommation, inflation persistante, transition numérique douloureuse. Dans une analyse publiée dans Le Monde le 4 avril 2025, Isabelle Chaperon résume l’enjeu : « Dans un contexte de consommation en berne et de concurrence acharnée de l’e-commerce, la tendance est implacable : la prime au leader prévaut. » Même les grands distributeurs sont contraints de réviser leurs ambitions à la baisse. Le redéploiement annoncé d’enseignes Netto et les fusions logistiques n’ont pas suffi à sauver les points de vente les plus fragiles.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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