Alors que les incivilités et les responsabilités ne cessent de croître, un nombre significatif de maires affichent pourtant leur intention de se représenter aux Élections municipales de 2026. Selon une enquête conduite par le Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF) et l’Association des maires de France (AMF), nombre d’élus semblent déterminés à repartir malgré la pression accrue du mandat municipal et la montée des actes d’incivilité.
Municipales 2026 : pourquoi de nombreux maires veulent rempiler malgré les incivilités croissantes

À l’approche des Municipales 2026, le contexte est marqué par une conjonction de défis : la hausse des incivilités, la complexification des responsabilités municipales, et une pression croissante sur les maires.
Un taux élevé de réengagement malgré la montée des incivilités
69 % des maires interrogés déclarent « avoir déjà été victimes d’incivilités (impolitesse, agressivité) », selon l’enquête 2023 de l’AMF‑CEVIPOF. Ce taux marque une hausse de 16 points par rapport à 2020. Parallèlement, 39 % affirment avoir été insultés ou injuriés (+10 points) et 27 % menacés ou attaqués via les réseaux sociaux (+7 points). Malgré ce contexte de tension, une enquête plus récente montre que 57,8 % des maires se déclarent prêts à se représenter aux Municipales 2026, soit un pourcentage supérieur à celui de 2019 (49 %).
Cette contradiction apparent peut s’expliquer par plusieurs dynamiques : d’une part, l’attachement au rôle – « être utile à leur communauté » est resté une motivation forte selon les chercheurs de Sciences Po. D’autre part, l’engagement municipal conserve une légitimité socialement élevée, malgré l’usure ressentie.
L’élévation des responsabilités comme moteur paradoxal
Le mandat de maire a progressivement élargi sa palette d’obligations : gestion des crises sanitaires, énergétiques, gestion budgétaire, coordination territoriale. L’enquête 2023 indique que les maires déclarent en moyenne 32 heures de travail par semaine. Pour une commune de moins de 500 habitants, le taux horaire perçu de l’indemnité est de 10,9 €/heure, et de 20,4 €/heure pour une commune de plus de 50 000 habitants.
Si ces chiffres montrent un mandat éprouvant, ils soulignent aussi que les maires restent souvent au « cœur de l’action territoriale », ce qui alimente un sentiment d’utilité. De plus, l’élection de 2026 se profile comme une opportunité de prolonger ou d’achever des projets engagés. C’est cette logique de « continuité » qui peut expliquer la volonté de se représenter malgré les incivilités.
Le rôle des incivilités dans la décision de se représenter
Il serait faux de dire que les incivilités découragent massivement les maires : elles sont plutôt perçues comme un élément aggravant plutôt que comme cause principale de départ. L’enquête de 2023 précise que la montée des violences est citée par 10,8 % des maires comme raison de démission. Le sentiment d’insécurité concerne 15 % des maires, légèrement supérieur au niveau de la population générale (11 %).
En revanche, l’engagement manifeste des maires à vouloir continuer s’explique aussi par la reconnaissance dont ils bénéficient : dans les communes, l’élu municipal reste l’élu de proximité le plus présent, ce qui renforce la valeur symbolique du mandat. Dès lors, affronter les incivilités peut être compris comme un « coût » assumé dans l’exercice d’une responsabilité publique. En outre, l’enquête de printemps 2025 montre que l’intention de se représenter est plus forte dans les communes de taille intermédiaire ou grande.