Fin du monde et mort de la FED

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Par Charles Sannat Publié le 21 décembre 2012 à 20h01

Si vous êtes passés à côté, c’est que vraiment vous êtes autistes (ce qui n’est pas une insulte, ni du mépris à l’égard des gens qui souffrent de cette maladie, c’est juste une expression) : demain, lorsque vous lirez ces lignes, si vous réussissez à les lire, ce sera la fin du monde. Enfin au moins à Bugarach, le seul village au monde censé survivre à l’Apocalypse.

Le journal Libération, dont les ventes sont en chute libre, multiplie les articles à ce sujet et a même consacré un dossier « spécial fin du monde »… Faut bien faire remonter le compteur des ventes. Ce qui est bien avec la fin du monde, c’est que tout le monde se sent concerné (ce qui semble logique) alors que l’économie, tout le monde s’en fout ou presque… Bref, à Bugarach, l’État va creuser le déficit et la dette vu ce que va coûter le déploiement de forces pour maintenir l’ordre là-bas.

Les autorités redoutent une invasion de doux illuminés pour certains très probablement forts sympathiques, mais sans pouvoir exclure quelques fous furieux, le cauchemar des forces de l’ordre étant le suicide collectif. Cela ferait désordre à 3 jours du réveillon de Noël qui génère tant d’argent, de recettes et de bénéfices. Vous imaginez-vous, un terrible fait divers à Bugarach et la France a l’appétit coupé… dramatique pour notre industrie agroalimentaire.

Logiquement, les moyens mis en œuvre sont importants : PC mobile en relation en temps réel avec le PC de crise de la préfecture, hélicoptères, peloton de secours en haute montagne (il y a une grosse colline magique à cet endroit, et de ce que j’ai compris, c’est pour ça qu’il faut y aller), groupe de secours de spéléologie (il y a aussi plein de galeries sous terre sous la grosse colline), gendarmes mobiles et même gendarmes à cheval…

Cela pourrait-être suffisant pour déclencher une réaction en chaîne menant à une fin du monde économique, mais je crois que vous pourrez être sereins demain, car de toute façon les contribuables paieront les pertes justement pour éviter d’ouvrir la boîte de Pandore. Demain, vous apprendrez donc que vous allez encore devoir cotiser à hauteur de 5 ou 6 milliards d’euros via vos impôts afin de maintenir Dexia à flot le plus longtemps possible.

Demain, c'est la fin de la FED. Oui, la FED a été créée en 1913, le 23 décembre, pour 99 ans. Or 1913 + 99 ans = 2012. Jusque-là vous avez suivi. Mais là où ça se complique c’est que le 23 décembre 2012, nous serons un dimanche. Le dernier jour travaillé pour autoriser la poursuite du mandat de la FED tombe donc le 21 décembre 2012… le même jour que l’assemblée de Dexia. Si rien n’est fait demain, la FED ne pourra que s’autodétruire. Et là, ce sera la fin du monde, vu tous les sous que Ben Bernanke imprime tous les jours dans sa cave à l’insu de son plein gré.

Mais je crois que vous pourrez être sereins pour demain. Personne n’a l’intention de laisser le système s’effondrer, donc évidemment, le 23 décembre, la FED continuera à inonder le monde entier de billets verts tout frais et tout chauds.

Pour le moment, républicains et démocrates ne sont d’accord sur rien concernant leur célèbre mur budgétaire. Je maintiens tout de même qu’essayer de se mettre d’accord sur environ 160 milliards de dollars d’économies budgétaires lorsque le déficit annuel atteint ou dépasse les 1 100 à 1 200 milliards de dollars n’est pas très significatif.

Alors je crois que pour demain vous pourrez être sereins, ils finiront bien, après le psychodrame d’usage (un peu comme en Europe) et lorsqu’ils auront joué la comédie suffisamment longtemps pour amuser la galerie, par se mettre d’accord a minima… un peu comme en Europe. Après tout, personne ne veut passer pour le fou furieux qui aura appuyé sur le bouton « fin du monde » quoi qu’en pensaient les Mayas il y a 2 000 ans.

En 2013, l’État français devra lever 196 milliards d’euros ! Comme ça, cela peut paraître une somme importante, mais je tiens à vous rassurer tout de suite. Ce ne sera pas la fin du monde, et vous pouvez être sereins. Vous savez pourquoi ? Parce que l’État va encore augmenter le plafond de vos Livret A (en baissant un peu le taux comme ça votre Livret A ne vous rapportera pas plus, mais vous y aurez mis plus de sous ce qui est justement le but de la manœuvre).

Il va donc falloir en gros que vous épargnez 150 milliards d’euros supplémentaires l’année prochaine sur vos livrets afin que les sommes collectées et reversées ensuite à la Caisse des Dépôts et Consignation puissent acheter à un prix cassé (c’est-à-dire à des taux très bas) la nouvelle dette de l’État français, dont vous serez propriétaires à travers vos livrets A…

L’un de nos lecteurs me demandait aujourd’hui ce qui se passerait du coup sur nos livrets A en terme de liquidité s’il y avait un problème avec la dette française. La réponse est assez simple : au-delà de la liquidité, vous perdrez vos sous, puisque l’État a décidé de faire fonctionner vos livrets… comme un contrat d’assurance vie fonds euros.

Pour la liquidité, on peut sans doute compter sur la BCE qui finira bien par imprimer les billets nécessaires même si elle n’est censée en avoir le droit. Encore une fois, personne ne veut siffler la fin de la partie, pas même les Allemands pour le moment.

Enfin, s’il y en a un qui va réussir à sauver son patrimoine et ses revenus du massacre fiscal en cours, c’est notre opticien national Alain Afflelou. Il n’est d’ailleurs pas aussi fou que son slogan publicitaire ne veut le faire croire puisqu’il a bien pris soin de communiquer sur le fait qu’il ne s’agissait en aucun cas d’un exil fiscal… C’est juste qu’il va développer le marché de « Tchin Tchin » en Scandinavie à partir du Royaume-Uni… Logique, vu que ses partenaires sont à Londres… Normal. D’ailleurs, c’est à leur demande expresse… Évidemment voyons. Et comme le gouvernement ne va pas vouloir en remettre une couche sur le « ils se barrent tous », on va vite enterrer son départ.

Remarquez, je le comprends moi Alain, il n’a pas envie de finir cloué au pilori que ce soit pour de bonnes ou de mauvaises raisons !! Alors autant qu’il soit prudent effectivement. Encore une fois, il faut être discret et ceux qui veulent partir ont intérêt à le faire discrètement et sur la pointe des pieds, en trouvant des alibis pour justifier leur départ pour des raisons purement économiques…. Comme de bien entendu.

Allez, je vous laisse, j’ai oublié de jouer à la cagnotte d’Euro Millions, il y a un paquet de sous à gagner pour fêter la fin du monde. Enfin, si jamais je gagne le gros lot et que je ne peux pas en profiter parce que ce serait vraiment la fin du monde, je crois que je le vivrais mal, très mal… Mais bon, normalement, statistiquement, je ne devrais pas gagner et vous non plus et toc !

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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