Agences de l’Etat : la goutte d’eau en trop pour le contribuable

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Par Simone Wapler Modifié le 19 septembre 2012 à 4h18

"Un rapport choc sur le gaspillage de l’État", s’émeut Le Parisien en Une lundi. Des agences inutiles nous coûteraient 50 milliards d'euros. Je dis nous car je suppose, cher lecteur, que vous êtes comme moi contribuable.

50 milliards d'euros ! Que représentent 50 milliards ? La collecte de l’impôt sur le revenu : 59,7 milliards d'euros. La collecte de l’impôt sur les sociétés : 44,9 milliards d'euros. La charge de la dette : 48,8 milliards d'euros.

La Cour des comptes jette un pavé dans la marre à l’heure à laquelle la France ébahie découvre l’éléphant que tout le monde feignait de ne pas voir dans les couloirs des élections présidentielle puis législatives, je veux parler du pacte budgétaire. Vous savez c’est ce truc qu’il faut signer qui dit que nous sommes censés réduire les déficits structurels (le train de vie public au jour le jour), nous engager dans la règle d’or (ne pas dépenser plus que ce qui est collecté), ne pas bâtir des prévisions budgétaires sous l’emprise d’euphorisants, et plein d’autres choses que nous n’avons jamais réussi à faire depuis trente-huit ans.

Le problème c’est que c’est arithmétiquement impossible. L’État capte 56,6 % du PIB et le secteur privé n’a plus la main que sur 43,4 %. Le secteur public n’est pas créateur de richesse. Le secteur public a besoin de ponctionner le secteur privé pour subsister. Il est d’ailleurs parfaitement normal que le secteur public ne soit pas créateur de richesse car si vous (cher lecteur concitoyen) pensez que l’armée, la police, la justice doivent être des opérations lucratives, nous sommes mal partis.

Le rôle de l’État c’est d’abord d’assumer efficacement ses fonctions régaliennes, pas de "créer de la richesse" ou de "créer de la croissance".
La pensée dominante de notre époque nous conduit à croire que l’État sait mieux que nous ce qui est bien pour nous. Le corollaire est donc qu’il est aussi mieux placé que nous pour dépenser notre argent.

Personne ne remet ouvertement en cause cette idée alors même que les États providence sont en échec et en proie au surendettement. Les producteurs de richesses du secteur privé ont perdu la main, ils sont en minorité, expropriés. Qui va avoir le courage de fermer ces agences parasites ? Personne car nous vivons dans un monde où l’importance politique se mesure à la quantité d’argent distribué pas à la quantité d’argent économisé.

Qui va licencier 442 830 employés ayant un statut d’opérateur d’État et les 1 500 agents de l’État qui les ont à l’œil ? Ceux qui prévoient un effectif stable du nombre des fonctionnaires ? Plus facile de taper dans la poche des contribuables et des entreprises ou continuer à creuser le trou de la dette publique.

Puisque les taux sont si bas, profitons-en ! Ne nous leurrons pas, notre pays est bien en route vers la faillite. Comme tous les autres rapport de la Cour des comptes, la poussière retombera sur ce dossier. Mais ce n’est pas parce que les affaires publiques sont désastreusement gérées que vos finances privées doivent l’être aussi. Il n’est pas trop tard pour vous préparer, à titre personnel, à affronter une situation très similaire à celle qu’endurent les Espagnols.

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.

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