Agriculture : la France, ou l’hymne à la dépendance

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Par Thomas Bachelerie Publié le 11 mai 2016 à 5h00
France Agriculture Europe Dependance Marches
515 000La France compte 515 000 exploitations agricoles.

A l’heure où les débats sur la crise agricole atteignent leur apogée, où le salon de l’agriculture réveille la fragilité de notre système national et européen, et où ces mêmes enjeux arrivent en tête des arguments politiques à faire valoir pour 2017 – l’épée de Damoclès est pourtant sur le point de frapper au cœur de notre système agricole.

Sommes-nous toujours capitaines du bateau ?

La puissance, tabou français. Oubliée dans un grenier depuis des siècles. Où gagner un marché international revient à être un capitaliste sans foi ni loi, et où pourtant protéger son territoire revient à être un frein au libre-échange capitaliste. Un serpent à deux têtes qui se mord la queue. Là où nos politiques ont des œillères sur nos alliés prédateurs qui nous entourent, les success story françaises sont alors convoitées, puis subtilisées habilement par ceux qui ont gardé dans leur répertoire la notion d’intérêt stratégique et de puissance.

Les exemples se répètent et se ressemblent, tant sur les secteurs industriels, culturels, agricoles, etc. Un rapport de l’IDEE (Initiative de Défense de l’Economie Européenne), sur l’Europe en situation de dépendance, le développe brillamment. Y sont cités les exemples de la dépendance au gaz russe, le rachat d’Alstom, et autres évènements rappelant avec résignation que notre dernière manœuvre stratégique étatique internationale couronnée de succès remonte à bien longtemps.

L’Agriculture indépendante, plus pour longtemps ?

Du fait de la PAC, l’Union Européenne représente aujourd’hui le seul marche? déficitaire des Etats-Unis en matière agricole et alimentaire (-7Md€ en 2013). Ce dernier rempart tient grâce à des droits de douanes deux fois plus élevés en Europe, ainsi que des barrières non tarifaires bien plus contraignantes. Outre-Atlantique, la machine tourne à plein régime : surproduction, OGM, élevage intensif, nivellement par le bas pour les normes alimentaires, etc. On y retrouve l’exemple de l’Angleterre après la guerre de Waterloo, où la surproduction industrielle les obligeait à promouvoir le libéralisme et la suppression des droits de douane outre-manche afin d’éviter la crise.

Et pour cause, TTIP, UE-Mercosur, CETA, autant d’accords de libre-échange prônant la libéralisation des échanges pour la fin de la crise agricole. Ils sont aujourd’hui mis en avant comme un consensus win-win, faciles à exhiber sur un programme politique et aussi efficaces qu’un nuage de fumée. La réalité derrière une apparente guérison de notre système ? La perte de notre indépendance alimentaire, du contrôle de notre territoire, et donc de notre capacité d’autosuffisance alimentaire. On observe néanmoins aujourd’hui un élan de lucidité européen. Plusieurs organisations pointent du doigt le risque de perte de pouvoir de l’UE face aux multinationales ou encore l’inondation de produits alimentaires de mauvaise qualité dans nos commerces. Après les défaites sur l’industrie, l’énergie et la défense, il est encore temps pour l’Europe de faire triompher son système agricole.

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Thomas Bachelerie est Diplômé de la Toulouse Business School et actuellement en troisième cycle de spécialisation en Stratégie & Intelligence Économique. S'intéresse particulièrement aux problématiques liées à l'énergie, au spatial et aux technologies digitales.

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