De nombreuses villes de toutes tailles sont en train de se transformer pour se doter d’une capacité de production agricole bio, sous de multiples formes, depuis les jardins partagés jusqu’aux vergers et potagers publics ou municipaux.
À Sens, nous proposons le déploiement d’une véritable ceinture verte de maraîchage bio, solution particulièrement adaptée à la taille de notre ville (27.000 habitants), qui dispose encore de terres agricoles et rurales et de nombreuses friches commerciales et industrielles, malgré des décennies d’une politique issue des années 70, et misant tout sur l’étalement urbain et ses zones d’activités périphériques. Au-delà des bienfaits immédiats et évidents de cette mesure, qui permettra l’accroissement d’une production alimentaire locale et de qualité, pour répondre aux besoins croissants dans ce domaine, il s’agit d’une transformation profonde de la ville, dont les bienfaits se feront ressentir sur de nombreux plans.
Autonomie alimentaire, activité économique, insertion des jeunes et réduction de la pollution
Au niveau de l’environnement d’abord : préservation de la biodiversité, autonomie alimentaire et résilience face aux crises et catastrophes, naturelles ou non : épidémies, inondations, canicules, sécheresse, accidents industriels… Cette ceinture verte permettra une forte diminution des pollutions (moins de transport, préservation de la qualité de l’eau) et une meilleure alimentation, avec un impact très fort en faveur sur la santé des habitants.
Economiquement, c’est le développement d’une activité non délocalisable, avec des débouchés pour les jeunes et les personnes en reconversion, dans un secteur où la demande augmente de manière exponentielle, surtout avec la proximité de la capitale. Un secteur qui attire de plus en plus de gens désireux de retrouver un métier en contact avec la nature et l’humain.
Du point de vue de l’attractivité, pour finir, c’est un vrai plus pour notre cadre de vie, notre qualité de vie, et c’est cela aujourd’hui, plus que l’abondance d’hypermarchés, qui déterminera les urbains à revenir vers une vie plus agréable et saine, et les habitants à rester sur notre territoire. C’est une ville plus verte, avec des paysages agréables, plus active, plus saine, plus solidaire.
Atténuer le risque de pénurie alimentaire
Cette proposition de Ceinture Verte s’articule avec les autres mesures qui sont nécessaires pour le développement harmonieux de notre territoire malgré les crises qu’il aura probablement à traverser en ces temps de réchauffement climatique avéré et d’épuisement du modèle traditionnel de surproduction et de surconsommation, avec comme seule boussole la croissance économique.
Elle permettra de construire un partenariat de financement avec le Grand Paris, tout proche, pour sécuriser la qualité de l’eau, dont 55 millions de m3 sont envoyés à la capitale chaque année. Elle permettra de déployer une politique éducative intégrant l’apprentissage d’une alimentation saine et la découverte des métiers de la terre par nos enfants.
« Gouverner, c’est prévoir », dit-on. Cela n’a jamais été aussi vrai, et pour préparer notre bassin de vie, il va falloir d’urgence mettre au point des plans bien plus sérieux de prévention et de réaction aux risques majeurs, parmi lesquels il faut absolument intégrer le risque de pénurie alimentaire : tous les magasins ont au grand maximum 3 jours de stocks en réserve, et dépendent intégralement d’un système logistique complexe d’approvisionnement, bien plus fragile qu’on ne le croit.
Une activité maraîchère au plus près des centres-villes
Toutes ces raisons font qu’il est évident à nos yeux qu’il faut revoir la politique urbaine dans notre pays, notamment dans les villes moyennes, et mettre en action d’urgence et partout des mesures fortes qui redonnent au plus proche des centres-villes la place à une activité maraîchère foisonnante, comme il en existait autrefois.
C’est cela qui nous permettra de sortir de l’impasse tragique où nous nous sommes embourbés et de donner au niveau local l’impulsion d’une transformation du modèle économique en France, qui ne peut être pilotée d’en haut, faute d’indépendance à l’égard des lobbies et de réelle volonté d’abandonner les modèles destructeurs qui dominent depuis plus de 50 ans.