Le chômage ne baisse pas vraiment… malgré ce que dit l’INSEE

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Par Charles Sannat Publié le 17 février 2020 à 10h55
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@shutter - © Economie Matin
10%Onze départements ne France ont un taux de chômage de plus de 10%.

Bon mes amis, j’ai fait une promesse à ma femme. Enfin, non, pour être plus précis ma femme a exigé de moi que je lui promette de ne pas vous parler du coronavirus pendant au moins une journée, car elle en a assez que je compte et recompte les boîtes de raviolis à la disposition de la famille en cas de disette et autre calamité calamiteuse.

Je vais donc vous parler du chômage… oui, je ne vous dis pas que c’est un sujet folichon, mais c’est quand même important, car si nous ne mourrons pas tous dans d’horribles souffrances pandémiques, notre boulot et celui de nos proches restera un sujet important. C’est vrai qu’en Chine, il y a 700 millions de Chinois qui ne travaillent plus et restent cloîtrés chez eux ce qui correspond tout de même à 10 % de la population mondiale en quarantaine, rien que cela, mais je ne vous en parlerai pas, parce que je l’ai promis à ma femme, et qu’à la maison, je ne sais pas pour vous, mais le vrai patron, c’est la patronne !!

Pôle Emploi et l’INSEE ne font pas le même métier.

Pôle Emploi compte les chômeurs inscrits dans ses services avec une grande précision puisque les gens sont inscrits et remplissent un dossier qu’ils soient indemnisés ou non, ce qui donne une excellente idée du nombre de gens dans notre pays qui ont un problème lié à l’emploi. Tandis que les derniers chiffres donnés par l’INSEE, concernant la baisse du chômage annoncée avec tambours et trompettes, sont une simple « enquête », un « sondage » évolué, mais un sondage tout de même.

« L’Insee établit un taux de chômage là où Pôle emploi compte les demandeurs d’emploi, c’est-à-dire toutes les personnes inscrites sur ses listes (qu’elles touchent ou non des indemnités). Pour établir ses données, Pôle emploi se base donc sur des inscriptions administratives.

Pour l’Insee c’est différent. Pour établir ce taux de chômage, l’institut mène une enquête trimestrielle auprès d’un panel de personnes. Près de 100 000 personnes de 15 ans ou plus sont soumises à un questionnaire. Il s’agit donc d’un échantillon. La méthode de l’enquête est définie par le Bureau international du travail (BIT), un organisme international. La plupart des pays se basent sur ces normes pour comparer leurs taux ».

Dans un cas, on compte les chômeurs comme on pourrait compter les moutons. Dans l’autre, même si le sondage est fait sur 100 000 personnes – ce qui est un sacré échantillon- cela reste une étude sur un échantillon avec une question répondant aux critères du chômage au sens du BIT… BIT pour Bureau International du Travail et la définition au sens du BIT n’est pas la même que du côté des amis de Pôle Emploi.

C’est de là que proviennent toutes ces différences de chiffres et d’interprétations, car… En regardant bien, côté Pôle Emploi, s’il y a une amélioration réelle, ce n’est pas du tout la même amélioration massive du chômage que celle constatée par l’INSEE.

Regardez le graphique ci-dessous, il est issu du site… de Pôle Emploi, rien de plus officiel donc.

Manifestement, il n’y a pas franchement moins d’inscrits chez Pôle Emploi. Nous ne sommes pas au plus haut, on baisse légèrement, mais le nombre de chômeurs inscrits reste tout simplement sur les plus hauts niveaux.

La seule chose que l’on puisse objectivement affirmer, c’est qu’à défaut d’une véritable amélioration significative, la situation de l’emploi ne se dégrade plus dans notre pays…

Ceux qui ne me croient pas pour ces chiffres peuvent aller les voir de leurs yeux vus sur le site de Pôle Emploi ici

En fait si cela ne va pas plus mal, il est possible que cette courbe reparte méchamment à la hausse dans les prochaines semaines, car je ne sais pas si vous êtes au courant, (ma femme étant en train de vaquer avec la marmaille pour me laisser vous écrire en paix cette chronique du dimanche soir) il y a une méchante épidémie de virus en Chine. La « supply chain », ou la chaîne logistique déversant ses derniers containers de chinoiseries ou de lots de pièces détachées va arriver au bout de ce qu’il y avait dans les tuyaux vendredi prochain, cette semaine quoi. Les premières pénuries d’une Chine à l’arrêt vont apparaître.

Les usines vont progressivement s’arrêter partout dans le monde et si l’épidémie s’étend, ne serait-ce qu’en Asie, alors nous éteindrons la lumière dans 80 % de nos établissements et entreprises avec des mesures de chômage partiel massives…

Mais, vous savez, en cas de pandémie, les discussions sur les différences de mode de calcul entre l’INSEE et Pôle Emploi, que je trouve passionnant en temps de paix, risquent de nous sembler nettement moins importantes en temps de guerre mondiale pandémique.

Je crois que je vous ai tout de même parlé un peu du coronavirus, mais le sujet c’était le chômage. Ouf ! Je sais qu’illustrer un édito sur le chômage avec des boîtes de conserves, cela ne semble pas lié de prime abord. Mais si vous y réfléchissez bien, c’est peut-être un message subliminal que je tente de vous passer, ma femme n’ayant exigé de moi aucune restriction sur l’image d’illustration. Disons qu’en cas de chômage, enfin imaginons que vous soyez au chômage pendant 40 jours, et que pendant 40 jours vous ne puissiez pas gagner de sous, vu que vous n’aurez pas de travail, et bien il vaudrait peut-être mieux considérer l’opportunité d’avoir un garde-manger qui ressemblerait à la photo illustrant cet article. Parce que chômeur peut-être, mais le ventre plein c’est déjà un peu mieux.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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