Banque publique d’investissement : Où sont les entrepreneurs ?

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Par Laure de La Raudière Modifié le 5 mars 2013 à 6h02

Le Président Nicolas Sarkozy avait créé en octobre 2008 le Fond stratégique d’investissement afin d’aider les entreprises françaises à trouver des investisseurs stables pour financer leurs projets de développement. C’est un organisme qui a fait ses preuves alors même que nous traversions une succession de crises économiques et financières d’une extrême violence.

A son arrivée au pouvoir, le Président François Hollande, dans son souci méticuleux de mettre sa patte sur tout ce qu’a pu entreprendre avec succès son prédécesseur, a décidé de créer la Banque publique d’investissement (BPI) afin de mettre en commun les moyens des régions, de la Caisse de Dépôts et Consignation (CDC) et l’Etat pour soutenir les entreprises.

De manière extrêmement sérieuse, le site du Ministère de l’économie et des finances, nous annonce qu’elle « est conçue comme l'outil d'une nouvelle politique de financement de l'économie, au service de l'économie réelle ». Un vocabulaire choisi, qui ne veut pas dire grand-chose, mais certainement tout droit sorti du dictionnaire du redressement productif !

Le but affiché est également de renforcer l’innovation et l’exportation avec un accès au guichet qui sera implanté dans chaque région. Pourquoi pas ! Cela me semble même une bonne idée, pourvu que la mise en œuvre et la gouvernance soit réellement au service des entreprises. Et là, au vu des mesures prises depuis le début du mandat de Monsieur Hollande, on peut avoir de sérieux doutes.

Outre les réserves émis par mes collègues Jean-Louis Borloo et Bernard Accoyer sur de possibles conflits d’intérêts et chantages politiques en raison du rôle joué par les présidents de régions dans ce dispositif, je m’étonne pour ma part de la composition du conseil d’administration de la BPI.

En effet, à y regarder de plus près, je m’interroge quant aux capacités des membres du conseil d’administration pour analyser le fonctionnement d’une petite entreprise et ses besoins : sur les 13 personnes qui la composent, beaucoup d’énarques, pour un seul entrepreneur, Amélie Faure, qui appartient au collège des personnalités qualifiées...

Comment des gens, aussi brillants soient-ils, qui ont réalisés toute leur carrière professionnelle dans des administrations ou des entreprises publiques, sans connaître les difficultés que rencontre n’importe quel entrepreneur privé pour trouver des financements, exporter, contrer les difficultés administratives trop pesantes ; pourront-ils avoir l’expertise nécessaires pour répondre aux besoins de nos chefs d’entreprise ? Fallait-il recaser autant d’amis énarques, pour qu’il n’y ait plus aucune place pour des entrepreneurs, chefs d’Entreprise de Taille Intermédiaire, connaissant réellement le problème de la création et du développement d’entreprises en France ? C’est une mal très français, qui mine l’efficacité de nos organisations institutionnelles. C’est dommage : les entreprises françaises et leurs salariés méritent mieux.

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Normalienne et ingénieur en chef des Télécommunications, Laure de la Raudière est une femme politique française et actuelle députée UMP de la 3e circonscription d'Eure-et-Loir. Madame de la Raudière a consacré dans un premier temps sa carrière professionnelle à l’entreprise : d’abord au sein de France Télécom jusqu’en 2001, puis dans le secteur privé à partir de 2002. En 2006, elle s’est associée avec une femme exerçant la même activité, au sein de la société NAVIGACOM. C’est aujourd’hui une PME d’une quinzaine de salariés, faisant appel à 5 ou 6 prestataires en sous-traitance. Elle réalise un chiffre d’Affaires de 2,5 millions d’euros. En 2012, Laure de la Raudière fut réélue député dans sa circonscription.  

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