Quand les arrières pensées politiques sont trop visibles, les bonnes nouvelles sont masquées

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Par Nicolas Boudot Publié le 6 novembre 2015 à 9h47
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16%Seuls 16% des Français sont pour l'idée de laisser les gestionnaires des autoroutes émettre des PV.

Q1 : Les gestes du gouvernement en matière de fiscalité (suspension des impôts locaux des retraités, atténuation prévue de l'impôt sur le foncier non bâti, report d'un an de la réforme controversée des dotations aux collectivités territoriales…) sont selon vous le signe… ?

• De renoncements du gouvernement à l'approche des élections régionales : 81 %

De la reprise économique qui laisse plus de marge de manoeuvre : 18 %

• NSP : 1 %

81% des Français interrogés considèrent que les gestes du gouvernement en matière de fiscalité sont le signe d’un renoncement à l’approche des régionales.

« Ne payez pas vos impôts ! » tel fut le message singulier envoyé par le Secrétaire d’Etat au Budget pour rétropédaler sur la suppression de la demi part fiscale des veuves (qui faisaient entrer dans l’assiette de l’IR un grand nombre de femmes seules). Cette phrase fait écho d’une part à la promesse du président de la République de ne pas augmenter les impôts d’ici à la fin du quinquennat et d’autre part, elle symbolise à elle seule la cascade de renoncements du gouvernement en matière fiscale en l’espace de quelques jours.

Les Français interrogés ont une lecture politique de ces renoncements : ils considèrent à une très large majorité (81%) que le gouvernement ne souhaite pas créer de polémique à quelques jours d’élections dont les résultats attendus ne devraient pas être en faveur du pouvoir exécutif.

Au-delà de l’analyse purement politique des arrières-pensées électoralistes du gouvernement expliquant ces reculades, ces résultats donnent une idée précise du hiatus qui existe entre les Français et le pouvoir exécutif sur la question fiscale depuis le début du quinquennat.

En communication, ces résultats démontrent deux idées :

que la fiscalité sera, quoi qu’il advienne par la suite, considérée comme un marqueur négatif du quinquennat de François Hollande;

• que ces renoncements occultent les bonnes nouvelles économiques que tente de vanter le pouvoir exécutif.

Entre la volonté affichée de « faire payer les riches » qui fut le leitmotiv de la politique fiscale en 2012, jusqu’aux renoncements de ces derniers jours, en passant par le « ras-le-bol fiscal » exprimé par le ministre de l’Economie de l’époque en août 2013, le gouvernement n’a jamais trouvé le bon tempo de communication sur les questions de fiscalité.

Ces renoncements sont autant de moyens de ne pas remettre les questions fiscales au centre d’un débat public devenu explosif. Il n’en demeure pas moins que les cafouillages et les tentatives maladroites d’en faire porter la responsabilité à la majorité précédente, sont considérés au mieux comme un renoncement de nature politique à l’approche des régionales, au pire comme de l’amateurisme. Ils ont pour conséquence de placer de manière définitive la fiscalité comme un marqueur négatif du quinquennat à mettre au débit de François Hollande, malgré ses tentatives répétées de mea culpa sur ces questions.

En tout état de cause, ils ne permettent pas au Gouvernement de développer sa stratégie de communication sur l’embellie de la situation économique et sociale, que les résultats récents sur l’emploi, les ventes de produits industriels made in France et le maintien à la baisse des prix du baril de pétrole lui auraient permis de tenir.

Q2 : Selon vous, faut-il déléguer aux sociétés d'autoroutes la gestion des contrôles routiers ?

OUI : 16 %

• NON : 83 %

• NSP : 1 %

83% des Français interrogés considèrent qu’il ne faut pas déléguer la gestion des contrôles routiers aux sociétés d’autoroutes.

Cette proposition de déléguer aux sociétés d’autoroutes la gestion des contrôles routiers a été émise par l’ancien Président de la République et actuel chef de l'opposition, Nicolas Sarkozy, à l’occasion d’une interview au journal Le Parisien.

En communication, il convient d’analyser cette proposition du point de vue de son auteur dans un premier temps en mesurant le but recherché, avant d’étudier les résultats et la réception par l’opinion publique dans un second temps.

Nicolas Sarkozy poursuit, alors que la campagne des élections régionales vient de commencer, une stratégie de communication basée sur ses propres points forts, ceux qui lui ont permis naguère de gagner l’élection présidentielle et d’être l’un des ministres de l’Intérieur les plus populaires de la Vème République : les questions de sécurité. A ce titre, il a délivré un certain nombre de propositions dans le journal Le Parisien, dont la délégation aux sociétés d’autoroutes de la gestion des contrôles des infractions routières aujourd’hui entièrement assurées par les services de police et de gendarmerie.

Cette proposition lui permet de se replacer sur ses sujets de prédilection d’une part et d’apparaître de nouveau comme l’un des spécialistes de la sécurité en France, mais aussi de tenter de retrouver le rythme et les méthodes de communication qui ont fait sa force par le passé : des annonces inédites lancées dans le débat public comme des ballons sondes afin de saturer l’espace public de débats qui lui permettent d’occuper le centre du terrain médiatique.

Dans ce cas d’espèce, le but recherché a été atteint. Nicolas Sarkozy a retrouvé les thèmes qui ont fait son succès et sa réputation et l’ont replacé dans l’opinion publique comme un spécialiste crédible des sujets de sécurité. Toutefois, au regard des résultats du sondage, il ne s’agit là que d’un demi succès.

En effet, l’opinion publique ne le suit pas sur cette proposition : 83% des Français interrogés sont contre cette proposition qui vise à libérer du temps de travail pour les forces de l’ordre.

Ce résultat peut s’expliquer en communication par trois raisons :

• D’abord, les modalités pratiques de cette proposition nouvelle et disruptive ont été peu détaillées, ce qui la rend peu compréhensible par l’opinion (et il est difficile d’adhérer à une proposition que l’on ne comprend pas).

Ensuite, les syndicats de police se sont prononcés contre et l’on peut imaginer que les sociétés d’autoroutes, dont la réputation a été régulièrement entachée par les tarifs de péages pratiqués, ne voient pas nécessairement d’un bon œil d’être chargées des contrôles routiers… et donc de l’émission d’amendes et de retraits de points. Cette position tranchée de la part de leaders d’opinion peut expliquer ce résultat.

• Enfin, il est aussi possible que l’opinion publique considère que cette délégation d’un service public pourrait être mieux assurée par les sociétés d’autoroutes que par les contrôles aléatoires actuellement opérés par la police et la gendarmerie… Cette perspective ne peut naturellement pas réjouir l’opinion publique.

Sondage exclusif TILDER/LCI/OpinionWay pour La « Question de l’Éco » du 5 novembre 2015

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Directeur de Tilder

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