Comment la dette noire va engloutir votre pouvoir d’achat

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Par Simone Wapler Modifié le 1 avril 2018 à 14h21
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4 070 milliardsLa dette noire française atteint aujourd'hui 4 070 milliards d'euros

La dette hors bilan grossit encore plus vite que la dette officielle au sens de Maastricht. L’Etat ne pourra tenir ses promesses ce qui délabrera le pouvoir d’achat.

La dette noire représente 4 070 milliards d’euros. Elle est surtout d’ordre social. Le seul engagement de retraite des fonctionnaires représente 2 150 milliards d’euros de « hors bilan ». Il s’agit bien de dépenses engagées par l’Etat qui ne sont pas provisionnées. Comme les budgets sont en permanence déficitaires, ces pensions ne seront jamais couvertes d’année en année par une « cagnotte ».

Autre dette sociale, celle qu’est chargée d’amortir la Cades, la Caisse d’amortissement de la dette sociale. Cette structure a été créée en 1996 pour reprendre la dette de la Sécurité sociale, à l’époque 260,5 milliards d’euros. Au 31 décembre 2017, il lui en reste encore 137,5 milliards d’euros sur les bras. La Cades puise dans les rentrées de CSG et CRDS et refinance sa dette sur les marchés, avec la caution de l’Etat, évidemment. Encore une fois, toute cette usine à gaz explose en cas de remontée des taux longs (ou alors c’est la CSG-CRDS qui explosera à la hausse).

Il y a encore un autre gros poste dû à l’assurance-chômage fournie par l’Unedic, cet organisme public qui assure ce risque. L’Unedic est chroniquement déficitaire et ne pourrait devenir équilibré qu’avec une baisse très sensible du chômage. Mais l’Etat accepte de renflouer ce tonneau des Danaïdes. La dette de l’Unedic se monte à 40 milliards d’euros, les banques prêtent uniquement en raison de la caution de l’Etat. A ces dettes sociales s’ajoutent celles des entreprises publiques et parapubliques.

La Parasitocratie joue au bonneteau avec la dette

EDF, coté en bourse, est détenu à 83,1% par l’Etat. Le fournisseur d’électricité porte une dette de 75 milliards d’euros et Emmanuel Macron, alors candidat à la présidentielle, indiquait que « le groupe ne tient que par le soutien de l’Etat ». La dette d’Areva a été reprise par l’EDF. La dette de la SNCF a récemment été mise sous les feux de l’actualité. Elle est de 54,5 milliards d’euros (hors les engagements de retraite déjà comptés et qui pèsent 139 milliards d’euros).

Dexia, la « banque des collectivités » spécialiste des emprunts toxiques, porte quant à elle 33 milliards d’euros de dettes garanties jusqu’en 2022 par la France, la Belgique et le Luxembourg. L’Etat français – qui s’accroche à la survie de cette banque zombie – en garantit les deux tiers.

« Le grand rendez-vous, en la matière, sera l’entrée en vigueur de toutes les normes Bâle III en 2019, qui risque de compliquer la vie de Dexia, et de perturber son plan de marche. Au point que certains jugent par avance que des dérogations seront nécessaires si l’on veut que la ‘résolution’ se poursuive au rythme voulu ».

L’avenir de Dexia ne semble pas être un long fleuve tranquille. Avec tout cela – soit 2 490 milliards d’euros – nous sommes encore loin du compte. Il manque encore 1 580 milliards d’euros à l’appel !

« Le tableau des engagements hors bilan ne reproduit que les sommes supérieures à un milliard (!). Il n’est donc pas exhaustif et fidèle » Jean-Yves Archer

Difficile et stérile de faire un tour exhaustif des structures cache-dette. Souvenons-nous qu’une des armes favorites de la Parasitocratie est la complexité. Dans ce domaine, nous sommes servis. Les montages alambiqués sont faits par des énarques, souvent inspecteurs des finances, ce que dénonce la Cour des comptes. Mais on sait que les rapports de cette institution se couvrent de poussière dès que le bruit médiatique retombe.

Une croissance de la dette noire de 24% en 16 mois

Toute cette dette ne fait jamais l’objet de discussions parlementaires, à tel point que le Sénat s’en est ému. Les régions et les fameux partenariats public-privé (l’appellation élégante désignant le capitalisme de copinage) vivent également à crédit. Ce qui est inquiétant est la croissance de cette dette noire, encore plus vigoureuse que celle de la dette officielle au sens de Maastricht. En 10 ans, la taille de ce hors bilan a été multipliée par 3,5 selon les estimations de Pierre-Yves Archer faites en 2016.

Mais il faut compter désormais avec 3 280 milliards d’euros en juin 2016 et 4 070 milliards d’euros en septembre 2017, soit 24% d’augmentation en 16 mois ! Les étatistes et autres défenseurs de la dépense publique objectent – paradoxalement – que ce ne sont que des engagements, l’Etat peut très bien les renier. Ainsi peut-on lire ce commentaire sur un article d’Alantico :

« L’Etat peut très bien, s’il le voulait, par exemple, remettre en cause les conditions d’indexation des pensions de la fonction publique ou réduire les avantages de retraite des futurs retraités de la fonction publique. Il n’y a pas d’obligation éternelle pour un Etat souverain, surtout pour ses nationaux, et en plus s’il ne s’agit pas de dette financière émise ou garantie par lui mais d’engagements indirects de nature sociale dont les conditions de mise en oeuvre peuvent être modifiées à tout moment par la loi. De nombreux exemples du passé le démontrent. »

Bien sûr… C’est exactement ce qu’on appelle une faillite de l’Etat ! Evidemment, cette dette serait aussi effacée dans le cadre d’un jubilé. Avec les mêmes conséquences pour le pouvoir d’achat des retraités dépendants – non pas des autres actifs comme le secteur privé – mais de l’Etat.

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.

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