La fin des vendeurs à domicile est-elle proche ?

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Par Christian Millet Modifié le 31 janvier 2013 à 5h57

Le concept de vente directe à domicile a fait son apparition aux Etats-Unis dans les années 1950, où il a connu depuis une forte expansion. En France, ce procédé de vente a pris de l'ampleur depuis une vingtaine d'années et la profession se structure : fédération professionnelle, statut du vendeur à domicile indépendant depuis 1993, norme NF Afnor service vente directe depuis 2003, accords cadre de partenariat en mai 2010 avec le ministère de l’Emploi, la Direction nationale de Pôle emploi puis avec ses Directions régionales depuis septembre 2010, et le ministère de l’Éducation nationale en novembre 2011 avec la mise en œuvre d’un appui technique prospectif puis d’un contrat d’étude prospectif avec la Direction générale de l’emploi et de la formation professionnelle.

La vente directe à domicile est la troisième voie de la distribution commerciale, même si le secteur demeure sous-dimensionné par rapport à d'autres pays. Neuf millions de personnes vivent totalement ou partiellement de la vente directe en Europe. Actuellement, en France, l’ensemble des entreprises qui commercialisent leurs produits ou services en vente directe représente quelques 480 000 vendeurs (dont 380 000 indépendants), 50 000 emplois directs dans la gestion, la production, la distribution, le markéting et la logistique, et un chiffre d’affaires global de 4 milliards d’euros.

Le 12 mai 2010, était signé avec le Ministère de l’économie, de l’industrie et de l’emploi, L’AGEFOS-PME (Association de Gestion de Formation des Salariés de PME) organisme collecteur de la taxe à la formation et la Fédération de la Vente Directe (FVD), un accord visant la création de 100 000 emplois en 3 ans. Cet accord historique, se voulait être un véritable tremplin pour l’emploi et pour la création d’entreprises.

Les engagements des signataires étaient, pour rappel, les suivants : la Fédération de la Vente Directe s’engageait à privilégier dans son recrutement des populations victimes principales du chômage : jeunes de 18 à 25 ans, personnes de plus de 50 ans, personnes non diplômées, femmes, mobiliser les entreprises membres et ses partenaires historiques pour la création d’emplois et favoriser largement les créations d’entreprises dans le secteur, faire bénéficier les forces de vente de ses entreprises adhérentes d’une formation continue adaptée, solide et approfondie.

De son côté, Le Ministère de l’économie, de l’industrie et de l’emploi s’engageait à soutenir la Fédération de la Vente Directe en vue de la signature d’un accord national et régional avec le Pôle-Emploi, encourager le travail de concertation entre la FVD, l’éducation Nationale, les organismes de formation afin d’ouvrir les institutions de formation au secteur de la Vente Directe, valoriser les métiers de la vente dans leur globalité, conforter la création d’entreprises dans le secteur de la Vente Directe et valoriser les différents statuts de travailleur salarié et/ou indépendant auprès du public et des institutions.

La déclinaison opérationnelle du 1er accord se matérialise le 21 septembre 2010, par la signature d’un accord cadre national entre la FVD et Pôle Emploi par l’entremise du Ministère. Avait été également évoqué l’objectif de favoriser le retour à l’emploi, de soutenir l’activité des entreprises du secteur de la vente directe, y compris celle de Vendeur à domicile indépendant (VDI). Près de trois ans après la signature de ces accords quelle est la suite donnée par le Ministère de Monsieur Sapin ? On s’interroge encore, ne trouvant même plus trace d’un quelconque accord sur le site officiel du ministère qui regorge pourtant d’informations souvent peu utiles, peu utilisables et donc jamais utilisées.

Dans notre infinie candeur, nous pensions qu’un accord signé par un Ministre (et surtout si cet accord était pertinent) se devait d’être suivi par l’ensemble des partenaires et surtout par le ministère signataire, peu importe que le ministre ait changé et que ses orientations politiques soient différentes... Mais non. Le métier véhicule, souvent, des a priori négatifs et un déficit d’image car très longtemps, des sociétés de marketing direct, vente à domicile pilotées pas d’ambitieux gourous, se sont appuyées sur une forme d’arnacho –capitalisme dans le seul but de s’enrichir tant sur le dos du consommateur final que sur celui du vendeur (celui-ci n’ayant aucun statut encadré).

L’objectif essentiel fixé par l’entreprise mandatrice consistait plus à inciter le vendeur à consommer ses propres produits et à recruter de nouveaux distributeurs leur promettant par ce biais, des revenus mirobolants en appui de constructions pyramidales de réseaux et des discours confinant à la dérive sectaire.

La législation française a statué sur un encadrement juridique et rigoureux du statut de VDI : loi n° 93-121 du 27 janvier 1993 (Loi Madelin), et en cascade, code de la Sécurité Sociale Art.L311-2 et suivants et L312-5, code du Commerce Art L135-1 et suivants, code des Impôts Art 1457-3.

Toutefois, certaines structures se sont employées, hélas elles continueront, à contourner et à travestir le système en s’appuyant sur la législation d’autres pays, notamment Européens, beaucoup moins regardants, et continent sur notre territoire à exercer leurs recrutements en toute impunité. Au-delà du comportement d’une minorité dont les comportements nuisent à l’image de la profession, des accords-cadres ont été signés le 12 Mai 2010 par le Ministre chargé de l’emploi, la Fédération de Vente à Domicile, le pôle emploi et l’AGEFOS ; accords visant à valoriser la profession, favoriser la création d’entreprises de vente à domicile en mettant en avant les qualités de ce système de distribution. Celui-ci est reconnu comme étant aujourd’hui la 3ème voie après la vente en magasin et la vente à distance, mais entrant en concurrence directe avec la grande distribution traditionnelle, qui par là même voit d’un très mauvais œil la fragilité de son pré carré et ne manque certainement pas de contribuer dans l’ombre à un travail de sape quant à l’image de la profession, de ses méthodes de distribution et des entreprises qui y font appel.

Force est de constater que les rumeurs sont fortes (calomniez !, calomniez ! il en restera toujours quelque chose) mais nous ferons référence à Descartes qui sagement nous disait : « il ne faut jamais rien prendre pour vrai avant de ne l’avoir éprouvé soi-même ».

La profession représente aujourd’hui 480 000 hommes et femmes (source INSEE) qui exercent un vrai métier générant des revenus équitablement calculés en fonction de leur activité. Le statut VDI permet en effet à des personnes en situation précaire par rapport à à l’emploi, d’exercer une activité rémunératrice et de maintenir des liens sociaux (avec leur proche environnement en particulier et la Société en général) ; de se voir valorisés par une reconnaissance sociale et économique et retrouver parfois l’estime de soi. De même ce statut permet à des retraités d’augmenter substantiellement les maigres pensions qui leur sont allouées et à l’identique d’assurer le maintien du lien social. Les personnes en congé parental ayant choisi d’élever leurs enfants, peuvent également exercer librement cette activité (Circulaire CNAF n° 2001-50 du 28 décembre 2001).

Ainsi le statut de VDI permet-il une relation gagnant-gagnant entre l’entreprise et celles et ceux qui souhaitent réellement travailler mieux pour vraiment gagner mieux leur vie. Ces différents points, devraient permettre de lever un bon nombre de freins liés à une appréciation parfois hâtive du statut de VDI. Perception tellement hâtive, voire pervertie, qu’un site internet bien connu qui diffuse tous types d’annonces (du fauteuil avachi au manteau en peau de loutre synthétique en passant par le pull jacquard tricoté par grand ’maman) mais aussi des offres d’emplois, fait figurer dans ses Règles générales de diffusions liées aux offres d’emplois les mentions suivantes (sic) :

Ne sont pas acceptées sur le site les offres d'emploi de type : casting, mannequinat, massage, relaxation, Escort girls/boys, réunion Tupperware, vente pyramidale, complément de revenus, recherche VDI (Vendeur Distributeur Indépendant).

Comme quoi ce site préfère vendre des animaux que de proposer du travail à ceux qui en ont besoin…La perversion va ainsi jusqu’à faire l’amalgame VDI / Escort Girl (!!!!) et citer une marque bien connue…. Très donneur de leçons, le même site et dans ses mêmes règles générales de diffusion rappelle par ailleurs toutes les interdictions en terme de discrimination… (Sauf celle-là).

Bien sûr, d’autres réseaux sociaux lui ont emboité le bas en proscrivant de leurs annonces toute référence à un statut VDI. Et pourtant, le statut d’indépendant est la solution de notre emploi pour aujourd‘hui et surtout pour demain. Aussi, la Fédération CERFE (Club pour l’Egalité et le Rassemblement Face à l’Emploi), forte de ses implantations en province, développe et intensifie son action par un travail de proximité en mettant en place des actions concrètes afin de faire connaitre aux yeux du grand public les nombreuses solutions qui s’offrent à lui en matière d’Emploi Indépendant.

Nous reviendrons en détails plus longuement dans les jours prochains sur les objectifs et missions de ce mouvement.

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Christian Millet a exercé pendant 10 ans des fonctions de Direction au sein d’un Groupe Hôtelier puis a occupé pendant 16 ans un poste de Directeur Marketing et Formation dans un Cabinet Toulousain spécialisé dans la formation aux métiers de la relation client.  Il intervient régulièrement en qualité de praticien d’entreprise auprès d’Ecoles de Commerce. Il est aujourd’hui Fondateur-Associé de la Société Gastronomia (Vente à Domicile de Produits Gastronomiques et Vins du Sud-Ouest) et Président de l’Association CERFE Midi-Pyrénées.

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