Espagne : les femmes gagnent le match de l’emploi face aux hommes

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Par Charles Sannat Publié le 2 octobre 2012 à 10h21

Je suis consterné. En fait, aujourd’hui, je vais plutôt m’adresser à mes chères contrariées ! Messieurs, vous pouvez tout de même écouter, cela devrait vous intéresser.

Mesdames, vous avez une chance folle, que dis-je, une chance énorme. Vous êtes à l’abri de la crise et du chômage. Quel bonheur tout de même ! Comment donc ? Eh oui mesdames, plus aucune inégalité homme-femme ! Ou plutôt si, vous avez gagné la guerre. Vous avez terrassé les hommes – au niveau de l’emploi s’entend.

Comment ça, me direz-vous ? Eh oui, c’est simple, un article de Rue 89 nous apprend qu’en Espagne, par voie d’affichage public, la "Première académie de la prostitution" recrute. Je sais, vous n’aviez peut-être pas rêvé de cela lorsque vous étiez la petite princesse de votre papa, mais que voulez-vous, il faut bien payer les banquiers. Il faut bien essayer de faire croire que nous allons rembourser nos dettes d’Etat, alors, que voulez-vous, la notation de Moody’s et l’onction de Standard & Poor’s valent bien quelques passes.

Non, non, non, je ne veux pas vous entendre, c’est le plus vieux métier du monde voyons, ne faites pas mine de le découvrir maintenant, et puis, que voulez-vous, c’est normal qu’en Europe, en 2012, on propose à nos filles de devenir prostituées, un métier d’avenir, avec travail dès la "fin de la formation assuré".

Tout est normal. C’est une évolution saine. Nous avons beaucoup de chance. Après vous être prostituées, vous n’aurez plus qu’à vous "shooter" à l’Ayrault pour oublier l’augmentation des impôts. Aberrant. Consternant. Pathétique. Et nous acceptons cette évolution. Je suis proprement halluciné. Pour le reste, tout est à peu près à l’avenant.



Pour les marchés, la crise est finie, ou presque. Vendredi, ils perdent 2,5 % car, vous comprenez, les "investisseurs" sont inquiets pour l’Espagne (et sans doute pour les filles espagnoles obligées de se prostituer pour subvenir à leurs besoins) qui ne demande toujours pas l’aide de l’Europe.

Hier, lundi, euphorie sur les mêmes marchés car l’Europe a dit qu’elle était prête à donner son aide à l’Espagne si cette dernière la demandait. Donc les investisseurs rachètent en masse et la bourse monte de 2,5 % ou presque… Il est vrai qu’il est extrêmement rassurant de savoir que l’Espagne a besoin d’une aide de plusieurs dizaines de milliards d’euros pour ne pas être en faillite. C’est une excellente nouvelle. Donc il est logique que les "investisseurs", dans leur sagesse la plus absolue, soient heureux et épanouis. Nous vivons dans un monde de crétins.

Les engagements pour les MES, FESF et autres bidules sont comptabilisés hors dette ! Un camarade contrarien, Hervé B., me signalait dans un mail aujourd’hui que les engagements de cotisations des pays européens aux différents fonds de secours n’étaient pas comptabilisés dans la dette officielle. C’est vrai. C’est exact, et on en parle très peu.

Je rappelle que ces mécanismes que les investisseurs souhaitent voir activés le plus rapidement possible sont, par définition, totalement ineptes et stupides. Il s’agit d’un système dans lequel l’ensemble des pays membres de l’euro "mettent au pot" en fonction du poids économique qu’ils représentent dans l’économie de l’Euroland. Ainsi, dans cette logique, l’Italie est le 3ème contributeur et l’Espagne le 4ème. Suivant cette logique géniale, l’Espagne doit donc verser dans le MES 83 milliards d’euros qu’elle n’a pas et qu’elle doit donc emprunter sur les marchés à un taux de plus en plus élevé (environ 6 %).

Puis, le MES et l’Europe vont venir en aide à l’Espagne en lui reprêtant à 3 ou 4 % les sommes qu’elle a déjà empruntées par ailleurs sur les marchés et qu’elle paie déjà 6 %… Nous vivons dans un monde de crétins. Et comme nous n’en sommes plus collectivement à une imbécillité près, comme le faisait remarquer notre camarade contrarien Hervé B., pour plus de simplicité dans les comptes, l’Europe a décidé que l’on ne comptait pas ces sommes dans nos dettes…



Mais ce sont des dettes bon sang ! Bienvenu dans le monde d’Ubu… Un article du journal Le Monde, que l’on ne peut tout de même pas qualifier de droitier, nous démontre qu’en réalité les impôts vont très fortement augmenter l’année prochaine, de 12 à 24 % et pour les plus riches d’entres nous, donc c’est juste, donc c’est bien.

Les plus riches, c’est une notion, disons-le clairement, subjective. On est toujours le riche de quelqu’un. Bref, le gouvernement a donc considéré qu’étaient riches les foyers imposés dans la tranche des 30 et 40 %, en clair l’ensemble des classes moyennes, enfin ce qu’il en reste. Comme elles sont les plus nombreuses, c’est elles qui se feront massacrer… mais en chantant.

D’ailleurs, le gouvernement vous a dit à la télé qu’il ne serait pas le gouvernement de la rigueur. Il ne sera pas non plus celui de l’austérité et encore moins celui du matraquage fiscal. Alors de quoi avez-vous peur ? Quand on aime, on n’est pas à 24 % près d’augmentation d’impôts !

Justement, à propos de télé, J’ai découvert par hasard les travaux extraordinaires d’un type. Son nom ? Michel Desmurget. En gros, ce garçon nous explique comment nous en sommes arrivés là. Comment la télé lobotomise les masses, toutes les masses et comment elle nous rend intégralement stupide. C’est simple, facile et brillant.

Je vous conseille de voir la vidéo de la conférence qu’il a donnée face à un public très réceptif… mais pour le moins peu nombreux. Il démontre scientifiquement comment la télé nous rend abruti. TOUS (pas que le voisin), et comment elle détruit les mécanismes de construction de nos enfants. Ceux qui voudront aller plus loin pourront acheter son livre auquel nous consacrons un article plus bas.

Lorsque je vous dis que c’est un monde de crétins… je le crois, et je peux dire que, désormais, je suis un vieux con.

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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