Conjoncture : Désendettez-vous et épargnez, et vite !

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Par Charles Sannat Publié le 20 février 2013 à 10h22

Hier Frédéric Oudéa le pédégé de la Société Générale était à Londres. C’est passionnant la vie d’un banquier français au Royaume de sa très « gracieuse » majesté. Alors quand je vois dans le journal local que l’on parle d’un français, en plus patron de l’une de nos plus grandes banques, évidemment j’arrête tout séance tenante pour m’atteler à une traduction difficile.

Oudéa ne mange pas de cheval…

Je m’attendais donc qu’Oudéa parle de finance, de salles des marchés, de traders, bigre nous sommes à Londres tout de même la ville de la City ! Et bien pas du tout. Sachez donc mes braves, et accessoirement pour certains d’entres vous clients de la Générale, qu’Oudéa a parlé cuisine. Enfin, pas de grande cuisine. De lasagnes bolo évidemment puisque c’est beaucoup plus important que tout le reste. Donc notre Oudéa national a été comme le dit la presse anglaise sur « la défensive pendant le déjeuner », où une meute de Rosbeefs en colère voulait dévorer tout cru ce représentant des mangeurs de Horse (cheval pour les francophones).

Souhaitant survivre (les banquiers sont très forts pour survivre à presque tous les types d’environnements rencontrés), le pédégé de la Société Générale a donc déclaré que, je cite : « C’est seulement une petit minorité de gens qui mange du cheval en France, et personnellement ce n’est pas mon cas ». Voilà. C’était sans doute l’information la moins importante du jour, et je pense que les clients apprécieront le travail remarquable du patron de la banque française, mais je tenais à la partager quand même avec vous pour détendre l’atmosphère. Oui détendez-vous bien, parce que la suite ça plombe un peu, le moral comme le portefeuille.

Une mère de 3 enfants s’immole dans une banque espagnole et l’incendie au passage…

C’est un article d’El Mundo (le Monde espagnol) qui nous l’apprend, une femme de 47 ans et maman de 3 enfants (cela rajoute à l’aspect dramatique et à l’émotion cathodique) s’est immolée dans son agence de la Caixa (la banque) et a mis également le feu à l’établissement bancaire. Il faut dire qu’elle venait d’être expulsée puisqu’elle n’arrivait plus à rembourser le crédit immobilier et qu’il semble, que revendre son appartement ou sa maison en Espagne en faisant une plus-value et en soldant son crédit avec les gains, n’est plus forcément très facile.

Se retrouver SDF avec trois enfants, effectivement c’est désespérant. Ce genre d’acte ne peut que devenir de plus en plus courant et nous montre à tous, à la fois la dureté d’une « grande dépression » économique, mais également la limite des politiques d’austérité et des sauvetages répétés des banques.

L’endettement va devenir très dangereux

Cela doit donc attirer notre attention sur un point spécifique. L’endettement. J’entends très souvent les gens m’expliquer que s’il y a de l’inflation, c’est une bonne idée de s’endetter à taux fixes sur une longue période. C’est un raisonnement hérité des 30 glorieuses, période lors de laquelle les salaires étaient indexés sur l’inflation, période de plein emploi et de plein essor économique. Facile effectivement de s’enrichir à bon compte.

Le problème c’est qu’aujourd’hui nous sommes plutôt entrés dans la période des 30 miséreuses. L’inflation est bien réelle, mais les salaires ne suivent plus. Automatisation, informatisation, délocalisation et 5 millions de chômeurs plus tard, il est évident que les salaires ne peuvent pas progresser en tout cas en « moyenne » (il y aura toujours des exceptions).

S’endetter aujourd’hui avec un salaire de 1000 euros pour une mensualité de 33 % soit 333€/mois est possible. Le problème c’est qu’en Grèce le salaire est passé en moins de 5 ans de 1000€ justement à 480€/mois. Si votre mensualité reste identique à 333€ par mois cela va très vite coincer et votre remboursement de crédit va représenter 80% de vos revenus. L’histoire n’est plus du tout la même dans ce cas là. Vous ne serez pas le seul dans cette situation. Tout le monde y sera. C’est ce qu’il se passe avec cette pauvre femme qui vient de s’immoler. Son bien immobilier n’a plus de valeur puisqu’il n’y a plus d’acheteur. Résultat des revenus qui s’effondrent avec le chômage mais des crédits qui restent… constants. C’est la faillite personnelle assurée.

Des stress test ménagers !

C’est ma femme qui m’en a donné l’idée, elle est forte ma femme il faut dire, « dis-moi mon chéri, plutôt que de gueuler contre les stress tests bancaires bidons, si on se faisait un stress test à nous, mais un vrai, un truc où on prend une vraie catastrophe financière dans la figure ? » Voilà une idée qu’elle est bonne et que vous feriez mieux de vous appliquer à vous-même.

Que se passe-t-il si vous perdez 50 % des revenus du ménage à savoir un salaire entier. Saurez-vous faire face, ou plutôt pourrez-vous faire face ? Si la réponse est non désendettez-vous tant que vous le pouvez. Mais je ne vais quand même pas revendre mon appartement et me retrouver locataire. Quelle déchéance tout de même. De nos jours être propriétaire c’est aussi un statut social. Celui qui a « réussi dans la vie » est propriétaire. Les autres ? Des nuls, des loosers…

Soit, mais si vous êtes endettés à 50 % sur 30 ans pour un clapier en banlieue vous feriez mieux de vous poser la question avant que le clapier en question ne trouve même plus preneur, parce que si en plus vous perdez votre job… Oui mais il y a les ASSEDIC, enfin Paul emploi. Certes, mais Didier le Nigaud le grand mamamouchi de la Cour des Comptes est en train de vous expliquer que les ASSEDIC vu que chez Paul Emploi on va être vraiment très nombreux, il va falloir les… réduire.

Et si votre retraite baissait de 50 % ? Vous faites quoi ? Impossible, nous les retraités on est intouchables blablabla… pouvoir électoral blablabla, trop nombreux… ben justement. Les retraités sont trop nombreux. Et quand le gâteau est le même mais qu’il y a plus de convives soit il y en a qui ne mangent pas, soit on diminue les portions… c’est ce que vous explique Didier qui n’est pas si nigaud qu’il en a l’air. Alors les pensions il va falloir les réduire.

Désendettez-vous !

L’une de mes plus grandes convictions c’est que le piège de la dette va se refermer sur nous tous. Les Etats certes, mais aussi les ménages. Si vous avez de l’épargne qui ne rapporte rien, et de la dette soi-disant pas chére mais qui vous coûte tout de même plus cher que ce que vos placements vous rapportent, il faut se poser la question.

Epargnez !

Si vous avez une capacité d’épargne profitez-en ! Si vous n’en avez pas ou peu, passez toutes vos dépenses à la paille de fer. Si, si, sauf sur les tous petits salaires, en général pour les autres on peut trouver des marges de manœuvre. Epargnez, et mon meilleur conseil sera en pièce d’or, surtout quand les cours sont à la baisse. Si vous avez de l’épargne financière assurez-là par cet or. A vous de voir où vous placez le curseur dans la répartition.

Mais l’idée principale, c’est qu’en période de déflation la dette stable devient insupportable quand les revenus baissent, et ils baissent les revenus ! Nous y sommes. C’est à cela qu’il faut vous préparer et vite. Pendant ce temps-là le gouvernement planche sur sa nouvelle prévision de « crôassance » économique.

Alors la croissance 2013 sera de…. ??

Et là franchement j’ai du mal à garder mon calme et à ne pas hurler devant mon écran pour le malheur auditif de mon épouse. Mais bon sang, qu’il me demande à moi le taux de « crôassance » de notre pays pour 2013 !!! Entre -0.8 et -1 %… si tout se passe bien, parce que sinon on peut faire nettement pire, et sans effort ! C’est un article de l’Expansion qui revient aujourd’hui sur ce sujet, en essayant d’expliquer pourquoi… on ne peut pas trop faire de prévision pour le moment.

Ce n’est pas que l’on ne sache pas en faire des prévisions. Il y a plein de têtes bien faites et de forts en maths dans notre pays pour faire quelques calculs. Non, le problème c’est que si on annonce trop tôt que l’on doit réviser nos prévisions fortement à la baisse, et bien cela veut dire que l’on ne tiendra pas les 3 % de déficit (du PIB je précise).

Oui je précise du PIB car un de nos camarades me disait qu’il ne fallait pas confondre 3 % de déficit sur le PIB (c’est-à-dire 3 % de 2000 milliards d’euros = 60 milliards) avec 3 % de déficit sur notre budget qui ne représente (notre budget) « que » 380 milliards d’euros. Vous l’aurez compris 60 milliards c’est-à dire 3 % de déficit sur PIB font 20 % de déficit sur le budget…. Ce n’est pas pareil.

Donc, le problème sera nos dettes, que l’on n’arrivera évidemment pas à maîtriser… et là la Commission Européenne ne sera pas du tout contente. Et nos « zamis » allemands vont voir tout rouge, et quand les « zallemands » se fâchent… Bref, il faut donc se hâter doucement dans nos nouvelles prévisions en espérant que tous les autres élèves de la classe européenne vont faire la même chose et idéalement avant nous.

La seule grande idée du gouvernement socialiste actuel (et rien ne dit que la droite s’y serait prise fondamentalement de façon différente) c’est d’attendre que les autres élèves annoncent les premiers leurs mauvaises notes pour pouvoir relativiser la nôtre. Ce n’est pas de la grande politique.

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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