Déficit : La France se refuse toujours à organiser la sortie de crise

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Par Jean-Marc Sylvestre Modifié le 28 juin 2013 à 13h32

Tout se passe aujourd'hui comme si ce pays avait délibérément choisi d'aller dans le mur. Et en plus, ceux qui conduisent cette galère klaxonnent de plus en plus fort. Les déficits budgétaires vont encore s'accroître de 20 milliards d'euros, non programmés et pour cause, le rendement fiscal commence à baisser pour cause de taux jugés confiscatoires. Faute d'activité, le chômage continue d'augmenter.

Face à cette situation qui se dégrade jour après jour, la gouvernance française, François Hollande et Jean-Marc Ayrault, continuent d'affirmer que les courbes du chômage finiront par se retourner avant la fin de l'année et que tout ce qui nous arrive est de la faute de l'Europe. Dans le rôle principal de pourfendeur des radicalités de Bruxelles, Arnaud Montebourg. Faute de stratégie de sortie, on est devenu très fort pour appliquer la politique du bouc-émissaire. Ca ne pourra pas marcher encore longtemps.

Ce qui est incompréhensible, c'est que la France se refuse toujours à mobiliser les outils pour sortir de la crise.

L'économie n'est pas une science exacte mais on sait deux ou trois choses que l'on se refuse à voir. On sait par exemple que la croissance ne tombe pas du ciel, elle se crée, s'invente ... On sait que les moyens de financements ne sont pas illimités, et que les investisseurs ne viennent que s'ils y trouvent de l'intérêt. Bref, on sait très bien que toute politique de relance de la demande est vouée à l'échec. Keynes est mort. Sauf dans les pays émergents.

Dans ces conditions, on connait les outils pour sortir de la crise.D'abord, tout ce qui touche à l'amélioration de la compétitivité des entreprises (baisse des charges, réduction des frais généraux, baisse des coûts de l'énergie et hausse de la qualité produit). Ensuite, tout ce qui pourra doper l'innovation sous toutes ses formes (techniques, service, marketing) et booster l'esprit d'entreprise. Enfin, tout ce qui pourra réduire l'emprise de l'Etat ou des collectivités locales pour libérer des marges au profit de l'économie marchande. Ca passe évidemment par la réduction des dépenses publiques sans dégradation du service ou du modèle social. Il faudrait pour être complet, ajouter un plein accord européen, assumé, et loyalement défendu, de façon à élargir le champ politique à Bruxelles.

En dépit des contraintes et des risques, pourquoi la gouvernance française ne se résout-elle pas à mobiliser les moyens aussi évidents pour sortir de la crise ? Vraisemblablement pour trois raisons :

La première, ce sont des raisons idéologiques. La majorité socialiste est imprégnée des idées keynésiennes. Elle attend de la relance budgétaire sur la demande. Elle espère un retour mécanique de la croissance. Cette équation ne fonctionne pas dans un monde globalisé. Ajoutons à cela qu'une partie de la majorité, le front de gauche et les écologistes sont plus enclins à prôner la non-croissance que la reprise. D'ou la sanctuarisation du principe de précaution qui nous interdit de faire la moindre expérimentation technique ou scientifique (les gaz de schistes par exemple)

La deuxième, est une raison très politicienne, très électoraliste qui pousse la gouvernance à faire du surf sur les peurs de l'opinion publique. L'opinion a peur de la mondialisation, donc on tiendra un discours protectionniste. L'opinion a peur du progrès technique, donc on n'encouragera pas la recherche. L'opinion a peur de la concurrence, donc on aménagera à prix d'or des protections de toutes sortes.

Ajoutons à cela qu'on se refuse souvent à mobiliser les outils adéquats, sous le seul prétexte qu'ils avaient été initiés par la majorité précédente. Le Crédit d'impôt compétitivité par exemple est horriblement compliqué dans son fonctionnement, la moitié des entreprises ne savent pas ce que c'est. Mais ce crédit d'impôt a été inventé parce que la gouvernance se refusait à reprendre la TVA sociale anti-délocalisation qui avait été initiée par Nicolas Sarkozy.

La troisième, ce sont évidemment des raisons sociologiques, dans la mesure où le marché politique de la gauche passe plus souvent par les corps de fonctionnaires que par les cadres d'entreprises. Par les intérêts très franco-français plutôt que partagés au niveau international. Les outils anti-crises aujourd'hui vont à l'encontre des intérêts politiques. Les dirigeants politiques sont convaincus que d'aller à l'encontre de ces intérêts les condamneraient... Sauf que les opinions publiques ont besoin de résultats.

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Après une licence en sciences économiques, puis un doctorat obtenu à l'Université Paris-Dauphine, il est assistant professeur à l'Université de Caen. Puis il entre en 1973 au magazine L’Expansion, au Management, à La Vie française, au Nouvel Économiste (rédacteur en chef adjoint) puis au Quotidien de Paris (rédacteur en chef du service économie). Il a exercé sur La Cinq en tant que chroniqueur économique, sur France 3 et sur TF1, où il devient chef du service « économique et social ». Il entre à LCI en juin 1994 où il anime, depuis cette date, l’émission hebdomadaire Décideur. Entre septembre 1997 et juillet 2010, il anime aussi sur cette même chaîne Le Club de l’économie. En juillet 2008, il est nommé directeur adjoint de l'information de TF1 et de LCI et sera chargé de l'information économique et sociale. Jean-Marc Sylvestre est, jusqu'en juin 2008, également chroniqueur économique à France Inter où il débat notamment le vendredi avec Bernard Maris, alter-mondialiste, membre d'Attac et des Verts. Il a, depuis, attaqué France Inter aux Prud'hommes pour demander la requalification de ses multiples CDD en CDI. À l'été 2010, Jean-Marc Sylvestre quitte TF1 et LCI pour rejoindre la chaîne d'information en continu i>Télé. À partir d'octobre 2010, il présente le dimanche Les Clés de l'Éco, un magazine sur l'économie en partenariat avec le quotidien Les Échos et deux éditos dans la matinale.  

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