Emprunter à taux négatif, une fausse bonne nouvelle ?

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Par Jean-Paul Betbèze Modifié le 20 juillet 2012 à 13h58

-0,027 % à un an pour la France, - 0,0194 % pour l’Allemagne à trois ans : les taux à court/moyen de ces deux pays deviennent négatifs.

Plus on s’endette, moins on rembourse ! Que se passe-t-il donc dans le monde de la finance ? Les temps deviennent charitables ? Peut-on en profiter, et comment ? Pour comprendre, il faut se répéter qu’emprunter à taux nominal négatif est une anomalie, car ceci veut dire qu’il y a en face des prêteurs disposés à perdre de l’argent en renonçant à leur liquidité.

Pourquoi ?

Parce qu’ils adorent tel pays, l’Allemagne sur trois ans et la France sur un an, ou plutôt parce qu’ils en craignent d’autres ? La réponse est bien sûr qu’ils en aiment certains d’autant qu’ils en craignent d’autres.

Et ces « autres » sont nos voisins, Espagnols et Italiens. Ils souffrent d’une inquiétude des marchés qui est d’autant plus inexplicable qu’ils font les efforts de réduction des déficits publics et de réformes nécessaires, efforts que demandent d’ailleurs les marchés financiers.

Seraient-ils alors inconsistants, inconstants, ou inquiets de voir appliqués les remèdes qu’ils demandent ? C’est bien ce qui se passe.

Il faut partout des ajustements sur la dépense publique et des réformes pour soutenir la croissance privé, mais il faut faire partout attention au dosage. Autrement c’est la récession qui arrive, en Grèce depuis des années, en Espagne et Italie désormais. Au point que les marchés s’inquiètent et se disent que le risque monte dans les pays qui font des efforts… et qu’il faut alors sortir les capitaux, au point de rendre leur mission plus difficile encore.

Et ces capitaux vont en Allemagne, parangon de vertu bien connu, puis en France, qui a encore de la croissance et qui s’ajuste, mais moins vite et moins fort. Pas assez vite et pas assez fort… Tout ceci est plus mécanique que logique, car n’aide personne. Bien sûr profitons- en, mais pour hâter ici les réformes et les ajustements.

Surtout, faisons en sorte que l’inquiétude s’arrête chez nos voisins, en les soutenant directement et en demandant à la Banque centrale européenne de financer leurs banques, pour qu’elles y soutiennent le redémarrage de l’activité. Ces taux d’inquiétude sont une incitation très forte à agir, très vite et partout.

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Jean-Paul Betbèze est PDG de Betbèze Conseil, membre de la Commission Economique de la Nation et du Bureau du Conseil national de l'information statistique (France), du Cercle des économistes et Président du Comité scientifique de la Fondation Robert Schumann. Professeur d'Université (Agrégé des Facultés, Professeur à Paris Panthéon-Assas), il a été auparavant chef économiste de banque (Chef économiste du Crédit Lyonnais puis Chef économiste & Directeur des Etudes Economiques, Membre du Comité Exécutif de Crédit Agricole SA) et membre pendant six ans du Conseil d'Analyse économique auprès du Premier ministre. Il est l'auteur des ouvrages suivants:· "Si ça nous arrivait demain..." aux éditions Plon, Collection Tribune Libre· "2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France" aux Editions PUF, 2012.. "Quelles réformes pour sauver l'Etat ?" avec Benoît Coeuré aux Editions PUF, 2011.. "Les 100 mots de l'Europe" avec Jean-Dominique Giuliani aux Editions PUF, 2O11. "Les 100 mots de la Chine" avec André Chieng aux Editions PUF, 2010. Son site : www.betbezeconseil.com

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