Les décennies passent, mais les constats faits dans le célèbre ouvrage « Les Héritiers » de Pierre Bourdieu, écrit en 1964, restent comme jamais d’actualité. En 2019, bien qu’ils composent plus de 21% de la population française, les enfants d’ouvriers représentent moins de 6% des étudiants, révèle une étude d’Unly.
40% des étudiants sont enfants de CSP+
En France, une personne active sur deux occupe un emploi d’ouvrier ou d’employé, le reste de la population se partage les professions intermédiaires et les postes de cadre. Pourtant, l’effectif des étudiants et élèves du supérieur ne reflète pas du tout cette structure de la société, rappelle Unly dans une étude. En France, 40% des étudiants sont des enfants de cadres ou professions intellectuelles supérieures… alors même qu’ils ne représentent que 17,5% de la population générale. À l’inverse, les enfants d’ouvriers représentent moins de 6% des étudiants, alors même qu’ils composent plus de 21% de la population française.
L’étude montre aussi que les étudiants issus des CSP les plus modestes sont surtout présents dans les formations paramédicales et sociales et de technicien supérieur. En revanche, ils sont largement sous-représentés dans les classes préparatoires, les écoles nationales supérieures (ENS), les écoles de commerce d’art, d’architecture ou d’informatique.
1 étudiant sur 2 a des parents diplômés du supérieur
Chiffre marquant : 2,6% des enfants d’employés et ouvriers déclarent détenir un diplôme d’enseignement supérieur, contre 12,6% des enfants de cadres et de professions intermédiaires. Par ailleurs, les inégalités de représentation des CSP modestes et aisées se creusent à mesure que la durée de formation s’allonge. Au niveau bac+5, les enfants d’ouvriers et d’agriculteurs représentent moins de 4% des effectifs, alors même que 51% des effectifs ont des parents ayant effectué des études supérieures (bac+3 ou plus).
Cette étude est basée sur un sondage par questionnaire électronique réalisé par Unly du 14 juin au 26 août 2019 auprès de 1.556 étudiants selon la méthode des quotas. Pour effectuer le comptage du nombre d’étudiants en France, les auteurs de l’étude ont utilisé les statistiques mises à disposition par l’INSEE en 2019.