Euphorie et dichotomie boursière – Acte 2

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Par Nicolas Chéron Modifié le 6 mai 2019 à 12h07
Tendance Croissance Sp500 Marche Action Bourse

Le 4 octobre dernier nous avions publié une note « Euphorie et Dichotomie boursière » au sujet du Nasdaq100 et des valeurs technologiques qui évoluaient dans des proportions historiques, du titre Apple qui, à force de s’apprécier, pesait près de 5% du SP500, et des risques de dérapage grandissant pour les derniers entrants en cas de hausse de la volatilité. Trois mois plus tard, le Nasdaq avait reculé de 20%, Apple de près de 40% et les derniers entrants essuyaient les plâtres de cette forte dépression.

Cette baisse ne fut pas le déclencheur d’un marché baissier plus puissant mais l’opportunité pour les plus confiants de se placer sur repli, et de profiter d’une remontée tout aussi impressionnante vers les plus hauts de 2018, voire même de nouveaux records historiques en ce qui concerne le Nasdaq100. Encore fallait-il croire à la hausse, ce qui n’était pas évident au vu de la dégradation progressive des fondamentaux. Résultat, sept mois plus tard les indices américains sont de retour sur leurs plus hauts historiques, aidés par :

  • Une centaine de news par mois sur l’hypothétique deal entre la Chine et les USA
  • Des rachats d’actions par les entreprises (Buyback) dans des proportions records
  • Un volteface des banques centrales (BCE et FED) de nouveau en soutien
  • Une reprise macroéconomique en dents de scie qui laisse dubitatif sur sa pertinence
  • L’espoir de l’évaporation des risques récessifs pointés du doigt fin 2018

Autant dire que les marchés évoluent actuellement portés par des espoirs et non une reprise tangible. Ils sont abreuvés aux liquidités et ainsi maintenus en apesanteur par les autorités. Les opérateurs, qui ont tendance à agir de façon binaire, sont passés d’un pessimisme exacerbé à un optimisme presque frénétique, voire à de l’euphorie.

Selon certains analystes américains que nous rejoignons et notamment Larry Fink, PDG de Blackrock, une des sociétés de gestion les plus importantes au monde, nous pourrions être dans une situation de « melt up ». Un « melt up » est un terme anglais inventé par les traders mettant en exergue une situation où les prix vont accélérer à la hausse, animés par le sentiment des opérateurs, une large participation, des volumes et de la volatilité.

Dans ce cas particulier, les marchés vont se désynchroniser des fondamentaux et les traders vont courir après la performance en rentrant à n’importe quel prix sous prétexte de ne pas vouloir manquer la hausse. Une situation de « melt up » ne permet pas aux opérateurs d’entrer sur des replis : la hausse se fait en quasi - ligne droite, ce qui est bien le cas depuis 4 mois, et elle peut se terminer par de l’euphorie, sorte de panique à l’achat. Est-ce que cette euphorie a eu lieu, est-elle en cours, va-t-elle prendre forme ? Difficile à dire, mais force est de constater que nous sommes de retour dans une situation de surachat extrême, avec des cours loin des supports et de nouveau dans des zones de valorisations élevées, ce qu’a d’ailleurs confirmé le président de la FED Jerome Powell, tout en insistant sur le fait que cela n’était pour le moment pas préjudiciable. Jusqu’au jour où...

Afin d’illustrer nos propos, voici ci-dessous le fameux Nasdaq100 en données mensuelles depuis 2008. Nous pouvons constater que les prix s’inscrivent dans une tendance haussière puissante. Fluctuants dans un canal haussier, ces derniers en sont sortis après l’élection de Donald Trump pour rejoindre la stratosphère. Par manque d’oxygène ils sont par la suite venus tester avec succès la borne haute de canal haussier avant de retrouver leurs records.

Nous voilà donc de nouveau proches d’une situation de surachat, avec des valorisations élevées, dans l’espoir que la macroéconomie et les résultats d’entreprises s’améliorent, justifiant de ce retour juste sous les 8000 points. Point de détail à destination de ceux qui pensent que les résultats d’entreprises sont excellents ce trimestre : les bénéfices des entreprises américaines sont en réalité en baisse ce trimestre, pour la première fois depuis 2016.

Indice Nasdaq100 en données mensuelles depuis 2008

Source : ProRealTime au 2 mai 2019

Autre exemple et pas des moindres, première ou seconde capitalisation mondiale selon les jours, Microsoft. En données trimestrielles, le titre s’inscrit dans la dynamique haussière la plus puissante de son histoire. Comme entre 1996 et 2000, il connait une phase de hausse, puis d’accélération et enfin une euphorie finale. Pardonnez-nous du peu mais nous vous laisserons juger de la situation, à savoir si vous pensez que cette hausse est euphorique ou non, soutenable ou pas.

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Action Microsoft en données trimestrielles depuis 1992

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Source : ProRealTime au 2 mai 2019

Nous concernant, de nombreux voyants se sont allumés au rouge, nous préférons donc prévenir que guérir en avertissant nos lecteurs des risques de retour de bâton après un tel rallye. Les opérateurs pensant que les indices pourraient ne plus jamais baisser se ruent sur des valorisations élevées. La hausse peut encore durer tant que cela sera le cas, mais attention au réveil le jour où la volatilité pointera de nouveau le bout de son nez. Certes les indices sont solides, certes les replis ont jusqu’ici été payés, mais vous l’aurez constaté, des titres peuvent perdre 20 à 30% très rapidement avant de remonter. Or parfois ils ne remonteront pas. A vous donc de voir si vous souhaitez encourir ce risque ou bien attendre d’éventuels replis.

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Nicolas Chéron est responsable de la recherche Marchés pour Binck.fr

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