Michel Sapin : « Un Etat totalement en faillite » ; Michel Rocard : « Dire la vérité aux Français (…) et travailler plus longtemps »

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Par Laure De Charette Modifié le 28 janvier 2013 à 2h34

C'est le week-end des phrases choc. François Hollande serait à la tête d’un « Etat totalement en faillite », d’après le ministre du Travail, Michel Sapin, hier sur Radio J. Cela rappelle une autre phrase du même genre, prononcée par François Fillon, alors Premier ministre, au début du quinquennat de Nicolas Sarkozy, avant de se faire taper sur les doigts pour avoir dit une vérité qui dérange. Michel Sapin a beau avoir précisé en fin de journée qu’il ironisait justement sur la formule fillonniste et qu’il ne considérait pas la France comme étant à deux doigts de la banqueroute, il semblait tout de même convaincu, à la radio, que les caisses étaient bel et bien vides. « C'est la raison pour laquelle, disait-il, il a fallu mettre en place des programmes de réduction des déficits et aucune sirène ne doit nous détourner de cet objectif de la diminution des déficits, c'est fondamental pour le financement de notre économie et la création d'emplois ».

L’autre formule choc du week-end est venue cette fois d’un vieux briscard de la politique. Brisant le tabou de la retraite a 60 ans, pourtant rétablie par le nouveau gouvernement socialiste dès son arrivée au pouvoir, l’ancien premier ministre... socialiste, Michel Rocard, a lui aussi jeté un énorme pavé dans la mare : « La France est le seul pays développé qui a fixé un âge de droit au départ à la retraite », a-t-il déclaré hier dans le Journal du Dimanche, avant de préconiser un passage à 65 ans pour l'âge légal de la retraite. « Le vrai calcul se fonde sur la durée de cotisations, pas sur un droit lié à un âge borné et inutile. En conséquence, on peut aller jusqu'à 65 ans. C'est vivement souhaitable, à tous points de vue ». Oups, de quoi donner des sueurs froides à ses amis socialistes… En réalité, cela fait vingt ans que Michel Rocard, qui fut le premier ministre de François Mitterrand, alerte sur le coût vertigineux du système de retraites français.

Encore un peu et on serait en droit de se demander si les ténors de la gauche ne se sont pas donné le mot ce week-end pour exprimer tout haut ce que l'équipe au pouvoir (mais pas seulement) pense tout bas : les caisses de l’Etat étant (presque) vides, est-il encore possible de permettre aux salariés de prendre leur retraite aussi tôt… ?!

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.

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