Pandémie de corruption dans le football ?

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Par Laurent Meriaux Modifié le 10 octobre 2014 à 9h07

Dire que le football est un sport universel est un peu cliché, mais c'est bel et bien une réalité. Sur tous les continents, le ballon rond fait rêver des milliards d'êtres humains et la passion qui entoure ce sport aux règles simples n'est pas sans danger. Derrière les exploits des champions se cache une corruption maladive qui touche tous les pays et tous les niveaux de la pyramide footballistique.

La FIFA dans l'oeil du cyclone

Lorsque l'on associe football et corruption, la FIFA a une fâcheuse tendance à venir directement à l'esprit. L'attribution de la Coupe du monde fait toujours polémique et les éléments qui nous parviennent des mondiaux brésilien (2014) et qatari (2022) ne plaident pas en faveur d'une réputation sans tache pour l'instance dirigeante du football mondial. Les langues se délient peu à peu et les enquêtent se succèdent pour révéler des comportements qui pourraient être qualifiés de mafieux.

En deux décennies, la FIFA a vu ses revenus multipliés par vingt avec des revenus prévus à 3,7 milliards d'euros pour la période 2015-2018. Le football est un sport lucratif pour son principal promoteur, lequel est assis sur un magot estimé à 1,4 milliard de dollars. La FIFA gère très bien son argent et sait le dépenser comme il faut. Ainsi, l'organisation a décidé d'octroyer une prime exceptionnelle aux Fédérations de 550 000 euros au total et de 5,2 millions d'euros aux Confédérations. Officiellement, un moyen pour aider au développement du football à travers le monde. Les mauvaises langues y verront un outil efficace pour s'assurer les bonnes grâces des Fédérations lors du vote pour la présidence de la FIFA en mai 2015 où Sepp Blatter est le seul candidat crédible à sa propre succession.

Des pratiques qui ne disent pas leur nom dans un milieu où l'argent est maître. L'attribution ubuesque de la Coupe du monde au Qatar en 2022 a mis un coup de projecteur sur le système de fonctionnement trouble de la FIFA. Les jeux d'influence sont nombreux et peu importe qu'il fasse 40 °C à l'ombre pour un match de foot, peu importe que le Qatar ne soit pas un pays de football. Tant qu'il y a de l'argent sur (et sous) la table la machine foot peut tourner à plein régime. Il est peu probable que l'organisation de 2022 soit retirée au Qatar (au grand dam des Etats-Unis), et les Brésiliens garderont longtemps en travers de la gorge le coût faramineux de leur Coupe du monde 2014. 2,5 milliards d'euros pour construire ou rénover 12 stades dans un pays qui connaît des inégalités criantes, il n'est pas étonnant que la colère se soit fait entendre.

Foot des magouilles et de la corruption

La FIFA n'est pas exempte de tout reproche pour utiliser une litote. Le problème est que le football génère tellement d'argent que chacun de ses aspects attire des personnes malhonnêtes. Que ce soit la construction de stades, la vente de billets, les transferts mirobolants, et même le résultat des matchs. Tout est sujet à des pratiques douteuses qui font du football le sport le plus corrompu de la planète.

Chaque semaine, une nouvelle affaire de corruption ou de match arrangé vient faire les gros titres de la presse sportive. Le développement rapide des paris en ligne est une des principales explications dès lors que l'on essaie d'expliquer ce phénomène. L'Asie se distingue par une frénésie de paris. Des combats de coq au football, tout est prétexte à paris sur ce continent. Le ballon rond s'est transformé en une grande blanchisseuse avec Singapour pour plaque tournante comme l'explique Laurent Vidal, directeur de la chaire de l'éthique et sécurité à l'Université Paris-Panthéon-Sorbonne. En Chine, les supporters ne se déplacent même plus dans les stades, car ils savent que tout a été arrangé dans les vestiaires. Le président de la ligue de football chinoise a été condamné à dix ans et demi pour fait de corruption, rien n'est appelé à changer. Les sommes sont beaucoup trop importantes pour que les autorités prennent le risque de mettre un grand coup de pied dans la fourmilière.

L'Asie est l'expression la plus criante de la corruption, mais l'Europe n'est pas épargnée. Les championnats belges, allemands, turcs, etc. sont confrontés à des matchs truqués au total, rien qu'entre 2008 et 2011 de forts soupçons pèsent sur 460 rencontres dont 110 sont déjà avérés. La palme au niveau européen revient à la Grèce dont les instances footballistiques se croient tout permis. Depuis plusieurs années, l'Olympiakos truste les trophées nationaux et rares sont ceux qui croient encore que c'est uniquement dû au talent des joueurs qui portent les couleurs du club dirigé par Evangelos Marinakis. Le syndicat mondial des joueurs de football professionnels a réalisé une enquête qui en dit long sur l'état du football. 11,9 % des joueurs auraient déjà été contactés pour fausser une rencontre. En Grèce, le chiffre de 30,3 % est avancé. Il y a comme un malaise, mais les instances ferment les yeux ou réagissent avec bien peu d'empressement. Trop d'argent et de compromissions avec certaines autorités politiques empêchent de faire un grand ménage de printemps.

Les droits télé ne cessent d'exploser en Europe. Des centaines de matches sont diffusés chaque semaine, mais à force de tirer sur la corde, un désintérêt général peut monter et aboutir à une désaffection du public. Quel intérêt à supporter une équipe quand les dés sont pipés ? Aveuglées par l'argent, les instances du foot ne voient pas qu'elles signent leur propre fin en ne s'attaquant pas aux maux de leur sport. A ce titre, il est dommage que l'élection de la FIFA en 2015 soit jouée d'avance. Gageons que la présidence suivante – celle de Michel Platini ? – insufflera un nouveau et salvateur souffle.

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Laurent Meriaux est cadre dans le business development. Depuis maintenant plus de dix ans, il accompagne les sociétés de haute technologie dans leur développement à l'international.

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