Pourquoi la France va à la catastrophe : pouvoir d’achat en berne, prix en baisse et low cost

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Par Daniel Moinier Publié le 26 septembre 2014 à 3h54

Il ne se passe pas un jour où les annonces se succèdent concernant la bataille des prix et les difficultés à joindre les deux bouts pour diverses corporations et couches de la population.

Ces jours derniers, c’est au tour des agriculteurs ou plutôt les légumiers Nord-finistériens de passer à l’action. Leur désespoir est tel qu’après avoir déversé des tonnes d’artichauts à Plouescat, St Pol de Léon, Lanmeur, Morlaix, ils ont monté d’un cran en allant jusqu’à incendier le Centre des impôts et la Mutualité Sociale Agricole de Morlaix. Leurs difficultés s’accumulent, entre une production très abondante, l’embargo russe et un pouvoir d’achat en berne. Leur revenu déjà très bas, vient encore de baisser pour certains jusqu’à 25%. Ils travaillent de plus en plus ; 70, 80 heures par semaine pour un revenu de plus en plus faible, près du Smic, si ce n’est moins. Pour les agriculteurs, c’est un bas prix du lait, des céréales qui ne leurs permet pas de vivre décemment, compte tenu de leurs investissements.

Après les attaques répétées contre les prix et marges des hypermarchés, contre les rémunérations des professions réglementées, Air France qui s’est lancé dans le Low cost en créant, puis faisant grandir sa filiale Transavia avec la colère des pilotes, les attaques constantes contre les prix des médicaments et la création des génériques,… la liste est sans fin. Depuis de nombreuses années tout est tiré vers le bas.

Jusqu’où pourra aller la France sur ce chemin : A la catastrophe ?

Si on revient simplement aux prix des médicaments, il faut rappeler que le niveau de prix en France est déjà très inférieur à beaucoup de pays européens : 50% avec l’Allemagne, 40% avec l’Italie, 20% avec l’Espagne. Si l’on permet à la grande distribution de vendre des médicaments, c’est encore pousser les prix vers le bas. Il est rare que ne se passe un jour sans que les politiques ne s’en mêlent. Chacun est prêt à trouver toutes les idées, les dispositions possibles pour faire diminuer les prix.

Cela peut leur sembler logique lorsque le pouvoir d’achat des administrés n’a pas arrêté de diminuer. Mais les politiques marchent sur la tête. Ils n’ont rien compris au marché. Ils se rendent bien compte que le nombre de pauvres n’arrêtent pas d’augmenter, mais leur seule solution ; augmenter le pouvoir d’achat par la baisse des prix. D’autre part en bloquant les salaires des fonctionnaires, des retraités, ils s’autocensurent en diminuant leur pouvoir d’achat. Ce qui réduit la consommation et les commandes des entreprises. Même si le CICE a été mis en place pour celles-ci, ce ne peut être qu’une simple bouffée d’air puisque réalisé par emprunt et ponctuellement.

Le tableau ci-dessous illustre bien notre faible niveau de pouvoir d’achat. La 5ème « puissance » du Monde ne se positionne qu’à la 10ème place en Europe. Nous sommes pourtant la 2ème puissance européenne derrière l’Allemagne.

Niveau de pouvoir d'achat en Europe

par rapport à une base 100 moyenne Europe

Place

PAYS

NIVEAU

1

Luxembourg

263

2

Autriche

130

3

Irlande

129

4

Pays-Bas

128

5

Suède

126

6

Danemark

126

7

Allemagne

123

8

Belgique

120

9

Finlande

115

10

France

109

A Fin 2013

Même les sociétés s’y sont mises, les comparateurs de prix fonctionnent à fond, des prix, toujours des prix par tous les moyens. Ce qui tire nos entreprises vers le bas, avec des marges inférieures de plus de 10 % que la moyenne européenne. Comment voulez vous qu’elles embauchent, investissent et ne meurent pas !

Pendant ce temps, l’intensité de la pauvreté ne cesse d’augmenter

Depuis 2008, le nombre de personnes sous le seuil de pauvreté, correspondant à 60% du niveau médian, soit 964 euros, a augmenté de près de 10% en 10 ans, atteignant les 8,6 millions, soit environ 14% de la population de 2012, avec 50% de moins de 30 ans. Mais c’est près d’un tiers d’entre eux qui expriment un net sentiment de difficulté d’existence.

Si l’on prend les personnes en situation de très grande pauvreté, soit 40% du niveau de vie médian, le chiffre atteignait les 2 millions en 2009. Leur nombre ne cesse de s'accroître, tout simplement parce qu'il y en a qui tombent dans la pauvreté et qu'il y en a très peu qui en sortent. Le niveau des impayés ne cesse d’augmenter dans cette population, il vient de passer le seuil des 60%.

Et ce ne sont même pas les produits Low cost qui ont réussi à diminuer cette pauvreté. Plus ils ont été abondants, plus celle-ci n’a eu de cesse d’augmenter. Pourtant très décriés, sans eux, elle aurait atteint des records insupportables. Ce n’est pas pour autant que j’en fais la promotion. Au contraire, ils nous ont envahis par notre impossibilité de créer suffisamment de richesse pouvant nous permettre d’acheter du franco-français. La fameuse french touch lancée par Arnaud Montebourg notre ancien Ministre de l’économie, ne pourra réellement se développer qu’avec une forte augmentation du pouvoir d’achat.

Quelle est donc la solution pour se sortir de ce cercle vicieux et catastrophique : baisse des prix, baisse du pouvoir d’achat et pour couronner le tout, une inflation presque négative ? Cette dernière pourrait sembler opportune, mais ce n’est même pas le cas. Avec des salaires nominaux rigides et des prix en baisse, la déflation accroît les coûts réels de la main d’œuvre et réduit par la même la compétitivité.

La France est comme une entreprise en dette qui peut difficilement et rapidement diminuer ses coûts et qui a perdu toute sa marge. La seule solution : Augmenter très rapidement son chiffre d’affaires en trouvant des commandes supplémentaires. Il manque en France 25% de PIB pour que les comptes soient en équilibre, soit 25% d’heures travaillées, payées. Solution immédiate : Augmenter le temps de travail par la loi. C’est sous moins de trois mois, la relance assurée.

La maxime de circonstance : TRAVAILLER PLUS POUR DEPENSER MIEUX.

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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