Goldman Sachs et la théorie du complot

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Par Gilles Sengès Modifié le 3 décembre 2012 à 5h54

La nomination surprise, la semaine dernière, du Canadien Mark Carney à la tête de la Banque d'Angleterre (BoE) ne va pas manquer de nourrir la théorie du complot qui entoure Goldman Sachs. Celui qui dirige actuellement la Banque du Canada est, en effet, un ancien cadre de la banque d'affaires américaine pour laquelle il a travaillé treize ans durant, notamment au département du risque souverain.

Sans mettre en doute les qualités et l'indépendance de l'heureux élu, Mark Carney vient nourrir la liste des anciens dirigeants de Goldman Sachs qui se trouvent, aujourd'hui, à des postes de responsabilité sur le "vieux continent". Avec en premier lieu, l'Italien Mario Draghi qui avant de succéder à Jean-Claude Trichet à la tête de la Banque centrale européenne (BCE), il y a un an, a travaillé pour la banque américaine entre 2002 et 2005 au titre de vice-président pour l'Europe.

Or, Goldman Sachs qui a aussi employé, par le passé, Mario Monti, l'actuel président du conseil italien, au titre de consultant, et Petros Christodoulou, aujourd'hui patron de l'agence de la dette grecque, a été mis sur la sellette pour avoir aidé la Grèce a enjoliver ses comptes publics au moment de son entrée dans la zone euro... Ce que l'Europe paie actuellement au prix fort que l'on sait.

Les connexions de Goldman Sachs sont tout aussi impressionnantes aux États-Unis où ses anciens dirigeants occupent régulièrement les postes de Secrétaire au Trésor. Cela a été notamment le cas de Robert Rubin entre 1995 et 1999 dans l'administration Clinton et de Henri Paulson, entre 2006 et 2008, aux cotés de George W Bush. À l'origine du vaste plan de sauvetage de l'économie américaine, en 2008, à la suite de la crise des subprimes, Paulson ne s'était pas porté au secours de Lehman Brothers, une banque d'affaires concurrente de Goldman Sachs... Ce qui n'avait pas manqué de faire couler beaucoup d'encre aux États-Unis où l'on ne badine pas avec les conflits d'intérêt.

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Ancien rédacteur en chef des Échos, Gilles Sengès a été correspondant en Grande-Bretagne, aux États-Unis et en Espagne.

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