Pourquoi Google lâche Boston Dynamics ?

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Par Michel Delapierre Modifié le 25 mars 2016 à 16h45
Google Cnil Qg

Nous ne connaissons pas son nom, mais nous sommes sûrs qu’il doit se faire du souci. Le responsable de la communication de Boston Dynamics a sans doute déjà fait ses cartons.

À ses futurs employeurs, il lui sera difficile de présenter son bilan sous un jour favorable : les dernières vidéos diffusées par l’entreprise de robotique sont désastreuses pour l’image de la société, et des robots en général.

Un buzz suicidaire à 15 millions de vues

On y retrouve Spot, un quadrupède aux allures de Pitbull grinçant grimé en robocop mais surtout Atlas, un robot humanoïde dont les efforts pour marcher dans la neige seraient presque touchants. Lui aussi grince comme un R2 en plein désert, mais il est habile de ses doigts et range minutieusement les caisses qu’on lui confie. Mais, surtout, jamais manutentionnaire n’a été aussi patient : taquin, un humain « comme nous » peut indéfiniment contrarier son travail, Atlas reste calme, l’humiliation et la routine n’ont pas prise sur lui.

Sans doute un bel effort technologique, mais un désastre en communication. La vidéo devenue virale a consterné les réseaux sociaux, comme, si d’un coup, la prochaine possible réalité (des robots omniprésents, esclaves sans conscience et sans âmes) venait frapper de plein fouet l’esprit de ceux qui devront s’en accommoder. Progression du chômage, compétition permanente contre des machines, débats éthiques sans fin…

Google ne badine pas avec son image

Après ses vidéos, Google, qui s’était porté acquéreur de Boston Dynamics il y a deux ans pour 500 millions de dollars est résolu à vendre la société, jusque-là intégrée dans son département X, son super laboratoire en recherche et développement. Bien sûr, la nouvelle est présentée comme une rationalisation des investissements, mais Google cherche bien à ne plus s’associer à des progrès aussi « visibles » en matière de robotique. Toyota, référence dans l’optimisation de la production, serait sur les rangs. Atlas va continuer à se perfectionner, mais plus sous les couleurs Google.

Car ses récents succès dans l’intelligence artificielle, notamment au jeu de go, mettent Google devant une responsabilité inédite : parvenir à rendre ses créatures artificielles sinon sympathiques au moins acceptables. À force, les humains risquent d’être lassés qu’on leur rappelle constamment leur infériorité. Pour l’instant, pour les robots, il reste de nombreux efforts d’intégration à réaliser : avoir un aspect un peu moins stigmatisant, parler encore mieux que Siri, nous ressembler sans doute, mais pas trop.

Les recherches en IA et en robotique ne vont pas ralentir. Mais elles seront plus discrètes et moins démonstratives. Google, et d'autres sont devenus les explorateurs de futurs disruptifs que les plus imaginatifs trouveront terrifiants. Nous convaincre de l’utilité et de l’innocuité des robots intelligents ne sera pas simple, mais tout retard dans cette acceptation contrariera le business. Google devrait peut-être investir dans la recherche en philo, car nous ne savons toujours pas si les androïdes rêvent de moutons électriques, et la question se pose déjà.

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