Internet : parti de loin, l’Azerbaïdjan rattrape son retard

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Par Damien Nevers Modifié le 29 novembre 2022 à 10h09

Petit pays d'à peine 10 millions d'habitants, l'Azerbaïdjan voit grand. C'est le cas dans le secteur pétrolier, qui constitue plus de 50 % de son PIB, mais ça l'est aussi dans celui des télécommunications. Seconde activité du pays après les hydrocarbures, l'industrie IT azerbaïdjanaise a fait un bond considérable ces dernières années.

En 2013, comme chaque automne, le salon Bakutel s'est tenu à Bakou, capitale d'Azerbaïdjan. La vedette de la dernière édition ? Le "robot Titan", un androïde farceur bourré de dispositifs sans fil, capable de chanter du James Brown ou de lancer des répliques de Terminator. Pourtant, ce qui fait le succès de cette grand messe du secteur IT, ce n'est pas sa propension à amuser les enfants, mais sa capacité à impressionner les plus grands.

L'évènement est ainsi l'occasion, pour un certain nombre d'acteurs IT de dévoiler leurs dernières innovations. Principal opérateur mobile du pays avec 57,6 % du marché, Azercell Telecom LLC a profité de cette vitrine pour faire son "show". Au menu, une application permettant de piloter intégralement sa maison à distance, qu'il s'agisse d'ouvrir ou de fermer portes, volets et fenêtres, ou encore de mettre en marche sa machine à café. Premier intérêt de l'invention : le renforcement de la sécurité des biens des utilisateurs, puisqu'on peut ainsi contrôler son logement grâce à son smartphone depuis l'étranger.

Mais l'Azerbaïdjan n'a pas l'apanage de l'innovation, et d'autres entreprises profitent régulièrement du salon Bakutel pour présenter leurs trouvailles. Dans un registre médical, l'entreprise israélienne Skaya Technologies Ltd a ainsi dévoilé une application offrant à ses utilisateurs la possibilité de se faire passer eux-mêmes un électrocardiogramme, puis de stocker leurs résultats sur un serveur dont ils peuvent partager l'accès avec leur médecin. Citons aussi le tableau de classe interactif présenté par le japonais Hitachi, permettant aux élèves de suivre à distance, en temps réel, les leçons données par leurs professeurs.

On pourrait empiler les exemples à l'infini. Il y a incontestablement un petit côté m'as-tu-vu dans cette débauche de gadgets façon division Q de la série James Bond. Pourtant, au-delà du clinquant, le message que veut faire passer l'Azerbaïdjan est fondé. Après avoir longtemps trainé, le pays possède désormais une industrie IT performante. Un vaste plan de développement des technologies de l'information et de la communication a été engagé au milieu des années 2000, dont les effets ne se sont pas faits attendre.

Dès 2009, on comptait plus de 500 entreprises oeuvrant dans le secteur, alors qu'aucune n'existait en 2003. Mais ce n'est qu'un début. A l'horizon 2025, le pays a la ferme intention d'avoir porté les technologies de l'information à un niveau supérieur à celui que représente actuellement l'énergie dans le produit intérieur brut, soit à plus de... 55 % de ce même PIB. Une prouesse rendue possible grâce au développement des infrastructures, de l'Internet haut débit, de la télévision numérique, des contenus et services, de l'e-éducation, de l'e-santé, de l'e-banking, de l'e-commerce, mais aussi des smart grids.

Ces réseaux électriques intelligents, c'est à dire capables de récolter et de transmettre bilatéralement des données entre consommateurs et fournisseurs, sont connus du grand public en France grâce à Linky, compteur communicant dont l'installation prochaine dans 35 millions de foyers préfigure un renouveau de notre rapport à l'énergie. Le même type de technologie a d'ores et déjà commencé à être greffé sur le réseau de Bakou, capitale d'Azerbaïdjan.

La France, d'ailleurs, n'est pas pour rien dans l'envolée numérique de ce pays du Caucase, de loin celui de cette région avec lequel ses liens économiques sont le plus étroits. Fin 2012, elle se voit ainsi attribuer, via Arianespace, le contrat du lancement du premier satellite du pays.

Les efforts de l'Azerbaïdjan sont déjà récompensés. D'à peu près aucun en 2003, le nombre d'internautes était de plus de 4,6 millions en 2011, soit un taux de pénétration supérieur à 50 %. A la même date, le nombre d'abonnés à Internet haut débit était d'un million, quand le nombre d'abonnés de téléphonie mobile était de plus de 10 millions, soit un taux de pénétration de 108,75 %. Des chiffres qui placent le pays dans le haut du panier mondial concernant l'accès aux nouvelles technologies.

Rien d'étonnant donc à ce que le Forum sur la gouvernance de l'Internet, grand messe orchestrée par les Nations unies à l'usage des secteurs privé et public, ait eu lieu à Bakou en 2012. La presse occidentale a beaucoup jasé sur la légitimité du pays à organiser un tel évènement, sachant qu'il n'est pour l'instant pas un parangon de liberté sur le Net. Pourtant, il y a quelque chose de sain à ce qu'un pays nouvellement converti aux vertus de la vie 2.0 serve d'hôte à une réflexion sur l'émergence du Web 3.0, c'est à dire sur un Internet plus libre, auquel chacun contribue de façon active.

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Entrepreneur dans le numérique après de nombreuses expériences comme Chef de projet dans les secteurs du BTP et des Télécoms. 

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