Uber dollars et péronisme

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Par Bill Bonner Publié le 11 juin 2020 à 6h24
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2000 MILLIARDS $Les Etats-Unis ont lancé un plan à 2.000 milliards de dollars contre le coronavirus.

Juan Perón/Donald Trump, même combat ? Ou comment les Etats-Unis pourraient devenir le pays du tango… et de l’inflation.

De nos jours, l’économie argentine est en ruines. L’inflation atteint les 50%. Lorsque nous sommes arrivé, en mars, nous pouvions obtenir 90 pesos pour un dollar sur le marché noir. Actuellement, ce taux peut aller jusqu’à 140 – la valeur du peso a été divisée par deux en trois mois seulement.

Buenos Aires est confiné à cause du coronavirus… mais on peut commander ses repas. On peut aussi commander des dollars : quelques tapotis sur votre téléphone et les traders en devises du marché noir vous livrent à domicile. Ils appellent ça des « Uber Dollars », ou quelque chose comme ça.

Evidemment, les Argentins ne peuvent pas payer leur dette étrangère libellée en dollar. Il y a une semaine, ils ont fait défaut pour la neuvième fois de l’Histoire… et la troisième fois depuis ce début de siècle.

Comment l’Argentine s’est-elle retrouvée dans un tel pétrin ?

Le péronisme, ça rapporte gros

L’ancien président argentin Juan Perón a été envoyé en Italie avant la Deuxième guerre mondiale pour observer les tactiques militaires en paysage alpin. Il semblerait que la politique l’ait plus intéressé – surtout celles appliquées par Mussolini et Hitler.

Lorsqu’il est rentré en Argentine en 1941, si la sécurité avait fouillé ses bagages, ils auraient trouvé des éléments appartenant aux deux formes de politiques. Plus tard, on appellerait cela le « péronisme ».

Les idées, comme les virus, se répandent dans la population… infectant presque tout le monde, surtout dans les zones urbaines denses.

Simplifions : en 1941, l’Argentine était riche. Les élites – les propriétaires terriens – gagnaient la majeure partie de l’argent, en exportant du bœuf et des céréales vers le reste du monde.

Mais c’était à Buenos Aires que se trouvaient le plus de voix – des millions d’immigrants récents réceptifs aux idées que Perón avait rapportées d’Italie. Bon nombre d’électeurs ont rapidement succombé au « péronisme ». Aujourd’hui encore, les Argentins n’y ont pas développé d’immunité de masse.

La formule est relativement simple : voler aux riches… donner aux pauvres… être élu. Les syndicats étaient importants à Buenos Aires. Perón est devenu leur champion. En tant que ministre du Travail, Perón réglait les grèves en accordant une augmentation aux travailleurs.

Suite à quoi, élu président en 1946 (il a battu Robustiano Patrón Costas, dont nous avons parlé ici et et dont le piano à queue trône désormais dans notre salon), il a continué à distribuer de l’argent.

Les salaires horaires réels ont grimpé de 27% en 1947 et de 24% supplémentaires en 1948. Salaires minimums, retraites gérées par le gouvernement (on pouvait commencer à toucher une pension dès 55 ans), congés payés, licenciements limités… c’était la belle vie pour le travailleur argentin.

Non seulement ça, mais le gouvernement a pris les commandes des exportations agricoles… et de secteurs clés comme les chemins de fer. Les prix étaient contrôlés, pour amadouer les électeurs urbains.

Le futur des Etats-Unis

Et puis… l’investissement s’est asséché. Les chemins de fer, par exemple (construits par des sociétés anglaises), n’étaient pas correctement entretenus ; ils perdaient de l’argent et ont été en grande partie abandonnés.

Plus le gouvernement se mêlait de l’économie, plus la situation empirait… et plus les recettes fiscales baissaient.

Comment Perón payait-il toutes ses largesses, alors ? Et comment quasiment tous les gouvernements argentins depuis cette époque suivent-ils le même programme ?

Ah, cher lecteur, vous le savez bien. Réfléchissez un peu, vous avez la réponse… si, si…

En imprimant de l’argent, bien entendu ! Des promesses, des promesses, des promesses… du déficit, du déficit, du déficit… on emprunte, on emprunte, on emprunte… on imprime, on imprime, on imprime…

… Ensuite, on accuse les riches lorsqu’il est l’heure de payer la note… on imprime plus d’argent… et on fait faillite tous les 10 ans environ.

Qu’est-ce que ça a donné au final, pour les masses laborieuses ?

En 1920, l’Argentine était à la septième place des pays les plus riches au monde – avec des revenus supérieurs à ceux de la France, de l’Italie ou de l’Espagne. Un siècle plus tard, elle est au 38ème rang en termes de revenus médians, juste sous la Biélorussie.

Tel est le passé de l’Argentine.

Et le futur pour les Etats-Unis ? Le tango ? Le Malbec ? Et la pauvreté !

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Fondateur et président d'Agora Inc., une maison d'édition publiant des lettres d'information financières pour les investisseurs particuliers.

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